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Des hommes de médias outillés sur la planification familiale, le mariage d’enfants et les violences basées sur le genre

Il s’est tenu à Koudougou, du 14 au 16 septembre 2021, un atelier de renforcement de capacités au profit des journalistes et communicateurs venus d’horizons divers. Outiller ces acteurs de changement de comportement à mieux communiquer sur la promotion de l’accès aux services de santé sexuelle de reproduction, la lutte contre les violences basées sur le genre, notamment les mutilations génitales féminines et le mariage d’enfants dans le contexte de la COVID-19, c’était l’objectif de cette session de formation, troisième du genre, organisée par l’UNFPA.

Le Burkina, à l’instar d’autres pays du monde, est frappé par la COVID-19. Cette crise a d’énormes répercussions sur les systèmes de santé et particulièrement sur l’offre des soins de santé sexuelle et reproductive. L’UNFPA estime que 12 millions de femmes ont connu une interruption de leur contraception, provoquant 1,4 millions de grossesses non-planifiées. De plus, les estimations avaient prévu que les confinements et les perturbations économiques liés à cette maladie feraient augmenter les violences basées sur le genre ainsi que la prévalence des pratiques néfastes comme le mariage d’enfants et les mutilations génitales féminines.

C’est ainsi qu’il y a nécessité de renforcer les capacités des acteurs du monde des médias pour réduire l’impact de la COVID-19. Ils sont au total 24 journalistes et communicateurs venus des régions du Centre, du Centre-Ouest et de la Boucle du Mouhoun à avoir pris part à cette formation. Selon Lassina Zerbo, associé de programme à l’UNFPA, la présente rencontre fait partie de trois séries de formation organisées à l’intention de ce groupe cible.

« La première session s’est tenue à Kaya, la deuxième à Bobo-Dioulasso. Aujourd’hui, nous sommes à Koudougou », a souligné M. Zerbo. Il soutiendra également qu’il s’agit, au cours des travaux, de renforcer les capacités des journalistes afin qu’en tant que relais dans la communauté, ils puissent diffuser les informations justes sur les thématiques qui sont mises en œuvre par l’UNFPA en collaboration avec ses partenaires sur le terrain dont le ministère de la Santé et celui en charge de la Femme. Et ce sont des modules sur les concepts de la santé de la reproduction, la planification familiale, l’impact de la COVID-19 sur l’offre des services en SR y compris la PF et les VBG, les MGF et les ME, qui ont été dispensés au cours de cette session de 72 heures.

Ces thématiques contribuent à la réalisation des trois résultats transformateurs du plan stratégique 2018-2021 de l’UNFPA que sont « zéro décès maternel évitable », « zéro besoin non-satisfait en matière de PF », « zéro violence basée sur le genre et pratique néfaste ». Le prix Mariam-Lamizana pour la promotion de l’élimination des MGF, et les interventions de l’UNFPA sur la SSR dans la région du Centre-Ouest ont été également abordés.

« Les formes de violences les plus difficiles à appréhender s’exercent au domicile »

A cet effet, les participants ont bénéficié des connaissances de Lassina Zerbo de l’UNFPA, Judith Compaoré/Sawadogo, attachée de santé à la Direction de la santé et de la famille, Jean-Bernard Baouar de la Direction de la promotion du genre du ministère de l’Action humanitaire, et du directeur régional de la santé, Dr Moussa Sana. Faisant l’état des lieux des VBG au Burkina, M. Baouar a indiqué qu’en 2020, 5 324 cas de VBG (dont 4 253 femmes et 1 071 hommes) ont été enregistrés (mariage forcé, violences physiques, exploitation sexuelle, violences morales, abandon de domicile conjugal).

Cette pratique a des conséquences désastreuses sur la vie de la victime ; parmi lesquelles la dépression, la tendance au suicide, le manque d’appétit, la marginalisation, les traumatismes psychologiques et physiques, les douleurs musculaires. Les VBG peuvent jouer sur l’appareil reproducteur et entraîner une faible estime de soi. Pour éviter le pire, un numéro vert de dénonciation des cas de VBG a été mis en place par le ministère en charge de la Femme. C’est le 80 00 12 87.

« Lorsqu’un cas de VBG est signalé, il y a une prise en charge au niveau psycho-social, sanitaire et juridique. Le département de la femme a mis en place un fonds d’assistance judiciaire pour accompagner les survivants des VBG », a rappelé M. Baouar dans sa communication. Du 2 mars au 30 juin 2021, les dénonciations, à travers ce numéro vert, faisaient état de 468 cas de VBG dont 388 femmes et 80 hommes.

Après avoir dressé un bilan satisfaisant des trois dernières éditions, M. Zerbo est revenu sur les critères d’éligibilité de la quatrième édition du « Prix Mariam-Lamizana » pour la promotion de l’élimination des MGF. Peuvent faire acte de candidature à ce prix, tout journaliste professionnel travaillant dans ou pour la presse écrite (quotidienne ou périodique), la radio ou la télévision au Burkina ou un(e) pigiste/correspondant avec preuve de publication d’articles et/ou reportages dans un média local ou international ; tout bloggeur, acteur des médias y compris le digital membre d’une association reconnue officiellement, avec preuve de publication d’articles et/ou reportages dans un média local. Tout candidat doit résider au Burkina Faso.

IJACOD a apporté sa contribution dans l’organisation de cette formation à travers la mobilisation des journalistes. « Nous avons accepté de travailler avec l’UNFPA dans la facilitation des journalistes parce que cette formation entre en droite ligne des ODD. Cet idéal est poursuivi par IJACOD », a dit le représentant du secrétaire exécutif de IJACOD, Ali Saouadogo, pour se justifier. Remerciant l’UNFPA pour cette formation au profit des Hommes de médias et pour avoir associé IJACOD, M. Saouadogo dit espérer que c’est le début d’un partenariat entre les deux structures. La satisfaction est le maître-mot employé par Afsétou Sawadogo, journaliste aux Editions Sidwaya, pour expliquer la plus-value de cette formation.

« Cette formation nous a été bénéfique car les modules développés nous ont permis d’approfondir certaines notions que nous ne maîtrisons pas très bien. Pour mieux sensibiliser la population, nous, Hommes de médias, devrions d’abord comprendre le sujet pour mieux faire passer le message. Nous pourrons dorénavant mieux orienter nos sujets de production vers les thématiques abordées », a-t-elle confié à l’issue de cette rencontre.

Aïssata Laure G. Sidibé
Publié le 19-09-2021 dans Lefaso

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