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Entretien avec Mathieu Rioux, Chef de la coopération canadienne pour le programme d’aide au Burkina Faso et au Bénin

Lors du passage de la caravane des bailleurs au Bénin, Mathieu Rioux, Chef de la coopération pour le Canada pour le programme d’aide au Burkina Faso et au Bénin a bien voulu répondre à nos questions. Le Canada a rejoint le Partenariat de Ouagadougou le 8 Mars 2017 et participe activement à la caravane des bailleurs 2017 avec une présence effective au Burkina Faso et au Bénin.

Voulez-vous bien nous dire quelques mots sur l’annonce de l’adhésion du Canada au Partenariat de Ouagadougou ?

La priorité de l’aide publique au développement du Canada, c’est l’autonomisation des femmes. La Ministre du Développement Internationale et de la Francophonie, l’Honorable Marie-Claude Bibeau l’a dit à plusieurs reprises. Et puis le 08 Mars, cette annonce qui a été faite d’investir 650 millions de dollars pour la santé sexuelle et reproductive ainsi que les droits sexuels des femmes précise clairement une façon de contribuer à l’autonomisation des femmes.

La raison pour laquelle on s’est joint au Partenariat de Ouagadougou, c’est qu’on pense vraiment que c’est un signe fort de notre engagement sur cette question en Afrique de l’Ouest Francophone. C’est aussi une belle opportunité pour nous d’aligner nos programmations avec les autres donateurs qui sont déjà présents dans le domaine, qui se connaissent et qui ont une certaine expertise, puis aussi bien entendu, de travailler étroitement en collaboration avec nos partenaires gouvernementaux. Donc le Canada voit le Partenariat de Ouagadougou comme une façon cohérente et intelligente d’investir de nouvelles ressources en matière de planification familiale et de santé de la reproduction. C’est le signal qu’on veut envoyer à nos pays partenaires en Afrique de l’Ouest francophone que le Canada est ici, on est sérieux et c’est un enjeu qui nous tient à cœur.

Le Canada voit le Partenariat de Ouagadougou comme une façon cohérente et intelligente d’investir de nouvelles ressources en matière de planification familiale et de santé de la reproduction. C’est le signal qu’on veut envoyer à nos pays partenaires en Afrique de l’Ouest francophone que le Canada est ici, on est sérieux et c’est un enjeu qui nous tient à cœur.

De gauche à droite, Fatimata Sy, Mathieu Rioux, Marie Ba et Rodrigue Ngouana

Pouvez-vous nous dire quelle forme prendra l’intervention du Canada au sein du Partenariat de Ouagadougou ?

On va s’y prendre à différents niveaux, encore une fois en harmonisant notre intervention avec celles des autres bailleurs du Partenariat de Ouagadougou et nous alignant sur les priorités des gouvernements avec lesquels on travaille. Mais clairement on veut améliorer l’accès aux services qui favorisent la santé de la reproduction, les droits et la santé sexuels, surtout des adolescents. Donc l’accès aux services sera un grand axe important.

Deuxièmement, on veut travailler à faire le plaidoyer pour certaines questions épineuses, telles les mariages forcés, les mariages précoces, les grossesses en milieu scolaire. On veut que la question de la santé de la reproduction comme un droit humain, soit adressée. Et puis le Premier Ministre Justin Trudeau par exemple, a proclamé ouvertement être un féministe. Donc on veut développer une approche féministe qui vraiment adresse ces questions. Pour ma part, je travaille au Burkina Faso et au Bénin et je pense qu’il y a un désir quand même d’adresser ces questions essentielles pour arriver à l’autonomisation des femmes et des filles.

Puis troisièmement, on veut appuyer la société civile de différentes manières, par différents mécanismes pour qu’elle même soit en mesure de se prendre en charge, pour que les groupements de femmes par exemple puissent lutter pour leurs droits à différents niveaux, que ce soit au niveau législatif, en termes de leadership politique, ou dans les communautés. On veut donc appuyer la société civile pour qu’elle fasse le plaidoyer à ce niveau là aussi.

Visite de terrain au Bénin

Quelles sont vos impressions sur la caravane des bailleurs ? Qu’est-ce que vous avez appris ?

Je pense que la caravane a été un grand succès, et pour moi, il y a deux choses qui expliquent ce succès. La première, et la plus importante, et de loin, le Partenariat de Ouagadougou est né de l’engagement des pays membres, des neufs pays membres. C’est eux qui ont décidé des enjeux et des questions qu’ils veulent adresser. Sans ça on manquerait le bateau.

Deuxièmement, en se réunissant comme bailleurs, notre voix est plus forte, notre voix est plus crédible. Donc on réussit à susciter de l’intérêt par notre présence, en arrivant à Ouagadougou, en arrivant à Cotonou. C’est clair que de par le nombre de réunions constructives et intéressantes qu’on a eu au niveau politique, au niveau de la société civile, la visite des sites dans les communautés, les gens connaissent la question qui guide le Partenariat de Ouagadougou, à savoir la planification familiale. La conversation a déjà eu lieu, les gens sont prêts à nous recevoir, ont des choses à dire, font déjà des efforts. Nous on arrive, un groupe de bailleurs ensemble, on est prêt à s’harmoniser, à travailler ensemble pour appuyer les gouvernements nationaux qui eux même ont pris un engagement d’ajouter 2,2 millions d’utilisatrices additionnelles de méthodes de contraception moderne d’ici 2020. Donc pour moi, c’est un effort louable. C’est comme ça qu’on fait les choses. On se met ensemble pour appuyer l’engagement des pays partenaires.

Votre mot de fin ?
Le Partenariat de Ouagadougou touche deux enjeux incontournables en matière de développement : l’autonomisation des femmes et la croissance démographique galopante. L’autonomisation des femmes ça veut dire que la moitié de la population, 52% de la population peut participer au développement économique et social de leur pays, à leur juste valeur. Maîtriser la croissance démographique, ça veut dire que les gains que l’on fera au développement seront réellement investis dans la population parce qu’on pourra rattraper un peu en investissant dans l’éducation. La croissance de la population ne sera pas plus grande que la croissance des investissements dans ce secteur. Investir dans le bien-être des enfants plutôt que d’être dépassé par le nombre des naissances.

Ces deux enjeux sont incontournables. La croissance démographique maîtrisée et désirée par les femmes qui font elles-mêmes le choix d’avoir des enfants et ne sont pas entraînées dans une dynamique qui les dépasse.

Pour moi, le Canada, les Pays-Bas, les Etats-Unis, la France, les fondations, les partenaires dans les pays ont fait le bon choix en se joignant au Partenariat de Ouagadougou et j’espère que d’autres vont suivre l’exemple parce que c’est la chose à faire.

Propos recueillis par EtriLabs

Staff Writer

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