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Journée mondiale de la contraception : « STOP grossesses non désirées »

Aujourd’hui 26 septembre 2018, la communauté internationale célèbre la Journée mondiale de la contraception. Cette journée, instituée en 2007, a pour but d’informer et de sensibiliser les populations sur l’importance de la contraception, en vue de réduire le nombre de grossesses non désirées.

En effet, des études ont révélé une situation alarmante : plus  de 80 millions de grossesses non désirées dont un quart se termineraient par des avortements de fortune dans des conditions d’hygiène et de sécurité précaires, entrainant ainsi pas moins de 70 000 décès à travers le monde. Au Burkina Faso, les chiffres ne sont guère reluisants. Une étude réalisée par l’Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP) de l’Université de Ouagadougou et l’Institut Guttmacher estime que chaque année au Burkina Faso, un tiers des grossesses ne sont pas désirées— soit elles n’interviennent pas au moment souhaité, soit elles ne sont pas souhaitées du tout— et un tiers de ces grossesses non désirées se terminent par un avortement.

Pour l’année 2012, la même étude a relevé qu’environ 105 000 avortements ont été pratiqués au Burkina Faso; estimant le taux d’avortement national de 25 pour 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans. En 2017, une étude réalisée par la Société des Gynécologies et Obstétriciens en collaboration avec la mission Burkina de Médecins du Monde sur les grossesses adolescentes de 13 à 17 ans dans 5 formations sanitaires montre elle une situation pas reluisante des grossesses précoces et ou non désirées.

Selon l’étude, sur 23 764 admissions pour grossesses en 2017 dans les maternités étudiées, 797 (3,4%) adolescentes de moins de 18 ans (mineurs) ont été répertoriées. En tenant compte uniquement des primipares, le pourcentage des moins de 18 ans était de 10,5% (797/7 591). Parmi ces adolescentes 27,9% étaient des élèves ; 58,2% avaient déjà une vie maritale.

4% des mineures étaient au moins à leur deuxième grossesse. La grossesse chez les adolescentes s’est soldée par un avortement dans 12,9% (103 / 797) des cas et un accouchement par césarienne dans 19,2% (153 / 797) des cas. Pour mettre fin à l’hécatombe, la contraception s’impose comme l’une des solutions. Elle désigne l’ensemble des moyens utilisés permettant à une femme en phase de procréation de ne pas tomber enceinte lors d’un rapport sexuel. Du préservatif (masculin ou féminin) à la pilule, en passant par l’anneau, injectable, l’implant sous-cutané, stérilet, etc., un vaste choix de moyens contraceptifs, à la fois efficace et peu contraignants s’offre aux populations. S’adressant aux adultes vivant en couple, mais aussi et surtout aux jeunes, la contraception s’intègre dans une stratégie d’espacement des naissances ou de planification familiale, à un niveau individuel ou collectif. Elle se veut aussi une alternative aux avortements provoqués.

Ainsi, elle peut contribuer à la baisse de la mortalité maternelle de 1/3, à la réduction de la mortalité infanto-juvénile, au bien-être de la famille, etc. En dépit de leurs bienfaits, les méthodes contraceptives ne sont pas suffisamment utilisées au Burkina Faso. En 2015, le Taux de Prévalence Contraceptive moderne (TPCm) a été estimé à 22,5% (Enquête sur le Module Démographie et Santé (EMDS) et les besoins non satisfaits en planification familiale  à 19 ,4 % (EMDS).

Il y a certes une progression du TPCm comparativement aux tendances en 2010 (15% selon l’EDS IV), mais des millions de femmes et de filles n’arrivent pas à jouir pleinement de leur droit à la contraception. La situation s’explique par des pesanteurs socio-culturelles, les idées reçues sur les effets secondaires de la contraception, l’inaccessibilité géographique et économique aux produits contraceptifs. Il est donc temps de travailler à lever ces barrières à l’adoption de la contraception dans notre pays. Tous les acteurs sont ainsi interpellés à retrousser les manches.

Tout en saluant les efforts immenses déjà accomplis par l’Etat et ses démembrements pour subventionner fortement les produits contraceptifs, nous l’encourageons à concrétiser son intention d’aller à la gratuité complète de la PF y compris des méthodes de contraception. Car l’expérience a montré que les séances de gratuité d’offre de services de contraception offertes occasionnellement par des ONG et associations rencontrent de francs succès auprès des populations.

Nous saluons également l’expérimentation en cours, dans certaines localités du pays, de la distribution à base communautaire des produits contraceptifs, du fait de l’Etat et de nombreuses ONG et associations sur le terrain. Nous appelons de tous nos vœux le passage à l’échelle, convaincus qu’une telle approche, si elle est généralisée, va permettre de surmonter l’obstacle géographique. Quant aux populations, il est important qu’elles cultivent le réflexe de toujours aller à la bonne source de l’information en matière de contraception.

Chers concitoyens, les professionnels de santé demeurent les meilleurs interlocuteurs  sur le sujet. Ce sont eux qui sont à même de guider adéquatement et d’aider à trouver la contraception qui convient à chaque individu. Ils sont là pour vous informer, vous orienter et vous délivrer des prescriptions adaptées. Il est aussi important d’oser aborder la contraception des adolescents et jeunes, qui, malheureusement, demeure un sujet tabou dans bon nombre de nos familles.

L’objectif n’est pas de pousser les enfants à l’acte sexuel. Si les adolescents et jeunes n’ont pas de rapports sexuels, ils n’auront pas besoin de contraception. Mais lorsqu’ils sont sexuellement actifs, et de manière assez précoce, comme c’est le cas d’un grand nombre d’adolescents et de jeunes de nos jours, le préservatif, par exemple, peut s’avérer très utile pour éviter une grossesse non désirée mais aussi les protéger contre les infections sexuellement transmissibles et le VIH Sida.

C’est le lieu, par ailleurs, de féliciter le gigantesque travail de mobilisation sociale des acteurs non étatiques  qui a permis de faire bouger les lignes vers un accès universel à la contraception au Burkina Faso. Mais au vu des défis, avouons qu’il reste encore du chemin avant l’aboutissement de cette noble ambition. Ce n’est pas le moment de s’essouffler.

Ensemble pour garantir aux jeunes et aux adultes, en couple ou pas, une saine sexualité et l’opportunité d’avoir les enfants par choix et non par contrainte.

Ceci est un message du groupe de plaidoyer « STOP grossesses non désirées », en abrégé « STOP GND ». Il s’agit d’un groupe informel de travail mis en place le 25 août 2015, en vue  d’une synergie d’action pour le lobbying, le travail média, la mobilisation citoyenne et la veille sur la promotion et la protection des droits en matière de santé sexuelle et de la reproduction. Il comprend, entre autres :

-Les jeunes ambassadeurs pour la santé de la reproduction et la planification familiale (JA-SR/PF)

-Le Mouvement d’Action des Jeunes

-L’association des femmes juristes du Burkina Faso (AFJ/BF)

-L’Association des journalistes et communicateurs en Population et Développement (AJC-PD)

-La Société des Gynécologues Obstétriciens du Burkina (SOGOB)

-L’Association burkinabè des Sages-femmes

-L’association SOS Jeunesse et Défis

-L’Association Mère Térésa de la Charité

-Afrika Tomorrow

-Le Réseau des Parlementaires Femmes et Développement du Burkina Faso (RéPaFeD/BF)

-L’Organisation pour de nouvelles  initiatives en Développement et santé

-Entre Jeunes du Faso

-La Ouagalaise

-L’Association des Etudiantes pour la Promotion des Droits de la Jeune fille

-L’ONG Médecins du Monde France (MdM/F)

B24 Opinion

Publié le 26-09-2018 dans Burkina24

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