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La Planification Familiale, essentielle au Développement de l’Afrique de l’Ouest

Dr Chris Elias
Dr Chris Elias
Dr Babatunde Osotimehin

Il y a deux mois, les dirigeants de la planète se sont réunis à l’Organisation des Nations Unies et y ont adopté une série d’objectifs ambitieux qui ont lepotentiel de faire avancer la santé et les progrès humains plus rapidement que jamais auparavant. Il nous faut maintenant nous atteler à la tâche ardue de traduire ces objectifs de développement durable en actions. Les droits et le bien-être des femmes et des jeunes filles, qui seront l’une des forces motrices de cet élan mondial, doivent être notre priorité.

S’assurer que chaque femme dispose des informations et des services lui permettant de décider quand avoir des enfants, et combien, est une première étape cruciale. Nous avons pu observer par nous-mêmes les progrès énormes réalisés pour les femmes, les familles et les collectivités, lorsqu’il existe un accès équitable à la planification familiale volontaire et à la contraception, et les effets dévastateurs lorsque ce n’est pas le cas.

Les bienfaits de la planification familiale s’étendent bien au-delà de la sphère individuelle. L’accès à une gamme complète d’options contraceptives réduira considérablement les mortalités maternelle et infantile et améliorera la santé globale des familles. Permettre aux jeunes femmes de décider si, et quand, elles veulent fonder une famille leur offre plusieurs possibilités : rester à l’école, rejoindre la population active ou poursuivre d’autres rêves. Ce cercle vertueux qui commence par l’autonomisation d’une seule femme peut extirper des communautés entières de la pauvreté. Il existe des preuves incontestables que l’augmentation du nombre de femmes en bonne santé, instruites et actives, stimulera le bien-être économique des pays francophones d’Afrique de l’Ouest. Ce changement ne se produira que si les pays couplent leurs politiques sociales et économiques avec des programmes de planification familiale volontaire.

Au cours de la dernière année, l’accès aux contraceptifs modernes a permis d’éviter 3950 décès maternels en Afrique de l’Ouest francophone.

Pour apporter ces bienfaits à toutes les communautés et pour soutenir les efforts déjà en cours qui vont dans ce sens, la communauté internationale s’est engagée, en 2012, au Sommet de Londres sur la planification familiale, à ce que 120 millions de femmes et de jeunes filles supplémentaires vivant dans les pays les plus pauvres du monde aient accès à la planification familiale volontaire d’ici 2020. Family Planning 2020, ou FP2020, est un partenariat mondial qui a été lancé lors du Sommet de Londres pour faire progresser cette dynamique.

Plus tôt dans le mois, les partenaires de FP2020 ont lancé un rapport sur les progrès réalisés à l’égard de l’objectif de 2020. Le rapport montre que, dans le monde entier, les programmes de planification familiale enregistrent des millions de femmes supplémentaires. Depuis 2012, le nombre de femmes qui utilisent des moyens modernes de contraception a augmenté de 24,4 millions. Au cours de la dernière année, l’accès aux contraceptifs modernes a permis d’éviter 3 950 décès maternels en Afrique de l’Ouest francophone.

Objectifs ambitieux

Même s’il faut se féliciter d’un tel succès, l’heure n’est pas à la complaisance. Les données montrent que nous sommes en retard et que nous avons encore des millions de femmes à atteindre. Trois années se sont écoulées depuis que nous avons défini ces objectifs ambitieux à Londres. Il ne reste que cinq années avant l’échéance de 2020. Nous devons donc agir avec une plus grande urgence pour accélérer les progrès.

Heureusement, nous savons ce qui fonctionne. Nous avons une foule de données de haute qualité et probantes sur les mesures qui sont efficaces, notamment : investir dans la jeunesse, en particulier les adolescentes, étendre l’accès aussi bien dans les zones urbaines que rurales et améliorer la qualité des services que les femmes ont à leur disposition. Ces solutions fournissent une base solide qui oriente nos efforts. Afin d’atteindre plus de femmes et de jeunes filles, nous pouvons nous tourner vers des programmes novateurs comme ceux mis en œuvre en Afrique de l’Ouest francophone.

Il y a quinze ans, seulement huit pour cent des femmes mariées au Sénégal utilisaient une forme de contraception moderne. Aujourd’hui, ce chiffre dépasse 20 pour cent.

Cette année, le Partenariat de Ouagadougou, un groupe de neuf pays d’Afrique de l’Ouest francophone, a battu un record important en enregistrant 1,18 million d’utilisatrices additionnelles de contraceptifs depuis 2011. Ces pays – Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Togo – ont dépassé de 180 000 utilisatrices leur objectif collectif. Ce progrès a été réalisé parce que les chefs de gouvernement et les champions locaux renforcent leur engagement envers la planification familiale volontaire. Il y a quinze ans, seulement huit pour cent des femmes mariées au Sénégal utilisaient une forme de contraception moderne. Aujourd’hui, ce chiffre dépasse 20 pour cent. Et cette hausse impressionnante s’est surtout produite au cours des dernières années.

Des efforts considérables sont en cours dans certains pays du Partenariat pour rendre la planification familiale plus acceptée et plus accessible. Au Niger, un programme appuyé par l’UNFPA, connu sous le nom d’École des maris, qui informe les hommes sur la planification familiale et sur l’importance d’encourager leurs épouses à utiliser ces services, a été renforcé, avec plus de 1 200 écoles réparties dans tout le pays. S’assurer que les jeunes disposent de toutes les informations dont ils ont besoin, pour décider quand fonder une famille, est aussi, de plus en plus, une priorité. En Côte d’Ivoire, par exemple, le Programme national de santé scolaire et universitaire fournit gratuitement des contraceptifs aux étudiants. Ces types de programmes performants, définis localement, sont essentiels à l’expansion de la planification familiale.

Investir dans l’avenir

Le lancement du rapport de progrès de FP2020 fournit une opportunité pour les intervenants, partenaires et chefs de gouvernement pour célébrer des progrès accomplis, identifier les domaines où nous sommes en retard et renouveler collectivement notre attachement à l’objectif du FP2020. Ce rapport n’est toutefois qu’un début de la conversation. Les pays du Partenariat de Ouagadougou doivent continuer à partager leurs réussites et tirer des enseignements de l’expérience de chacun. Nous devons également chercher de nouvelles solutions, en utilisant les données disponibles pour guider la prise de décision. Pour cela, il faudra identifier des sources de financement novatrices et s’appuyer sur des programmes nationaux efficaces afin de ne laisser pour compte aucune femme ou jeune fille.

Il est maintenant temps de refaire un bilan, de poser les vraies questions et de tracer la voie de l’avenir. L’enjeu est de taille. Si nous ne parvenons pas à concrétiser nos objectifs de planification familiale, nous mettrons en péril les programmes plus généraux de développement. Les objectifs mondiaux, adoptés à l’Organisation des Nations Unies en septembre, représentent une vision d’un monde meilleur. Assurer l’accès à la planification familiale volontaire, pour que chaque femme ou jeune fille ait les moyens d’investir dans son avenir, est la meilleure façon de tenir cette promesse.

Les Dr. Babatunde OSOTIMEHIN (Directeur Exécutif de UNFPA) et Dr Chris ELIAS, (Président des programmes internationaux de développement à la Fondation Bill & Melinda Gates), ont co-écrit cette tribune. Ils sont tous deux coprésidents du groupe de référence du Family Planning 2020.

Source: Jeune Afrique

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