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Planification Familiale : Le gouvernement passe encore à côté de ses engagements.

L’objectif d’inscrire au budget national 250 millions de francs CFA pour l’achat des produits contraceptifs au Bénin d’ici 2018, selon les engagements pris par l’Etat béninois il y a quatre ans à Addis Abeba, ne sera pas une réalité l’année prochaine.

Pendant ce temps, au Burkina-Faso le budget 2018 prévoit une dotation de 1 milliard 300 millions de francs CFA pour la Planification Familiale (PF). Une triste nouvelle pour les acteurs associatifs, et qui plombe d’ailleurs les objectifs de prévalence contraceptive retenus au dernier sommet de Londres sur la Pf par le Bénin.

Les acteurs commis pour la promotion et le repositionnement de la Planification Familiale (PF) au Bénin, devront attendre encore longtemps, du moins au moins au-delà de 2018, pour espérer la concrétisation des 250 millions de francs CFA pour l’achat des produits contraceptifs sur le budget national. Le montant qui sera destiné à ces produits, d’après le projet de budget général de l’Etat exercice 2018, est en encore loin de cette réalité : environ 150 millions apprend-t-on.

C’est dire qu’une fois encore, le gouvernement béninois a sacrifié le respect de son engagement de novembre 2013 lors de la conférence d’Addis-Abeba, d’augmenter progressivement et d’ici 2018, le montant alloué à l’achat des produits contraceptifs à 250 millions de francs CFA. Pourtant, en 2015 il y avait un espoir puisque ce budget est allé jusqu’à 200 millions, avant de chuter en 2017 autour de 100 millions de francs CFA. Et pour cause ! Il y avait un projet appelé « projet intégré de santé familiale », qui a été supprimé alors que 100 millions y étaient alloués pour la Pf. En effet, jusque là, il n’y a pas de ligne budgétisée fixe et sécurisée pour l’achat de ces produits au Bénin.

« Là où les fonds étaient logés ne répondait pas. C’était sur des projets… Et quand il y a des coupures, les gens coupent au niveau des différents projets », confirme Dr Gaston Ahounou, Chef du Service PF et Santé des Adolescents et Jeunes de la Dsme/Ministère de la santé.

Selon ses propos, l’une des priorités en termes de financement de la Pf au Bénin était « de tout faire pour sécuriser la ligne d’achat des produits en les mettant sur la ligne médicament du ministère de la santé, et prévoir pour le budget de 2018 les 250 millions, pour que notre engagement de 2013 soit respecté ». Malheureusement, rien de tout ceci n’a été pris en compte par le gouvernement du président Patrice Talon pour 2018. Et ce, en dépit des plaidoyers et autres actions menées par les acteurs concernés et la société civile, en direction du ministère de la santé, de même que du ministère du plan et du développement.

En lieu et place, le gouvernement ne fait que multiplier les engagements au niveau régional et international. En juillet dernier, le Bénin a encore signé la déclaration d’engagements régionaux des pays du Partenariat de Ouagadougou (PO) au sommet de Londres pour la Planification familiale, qui porte entre autres sur la sécurisation et l’augmentation d’au moins 10% par an de la part contributive du gouvernement dans le budget alloué à l’achat des produits contraceptifs. De vains discours jusque là…

Une situation qui compromet dangereusement les chances de capture du dividende démographique au Bénin

Le non respect de ce seul engagement relatif au financement rend presque impossible la réalisation d’autres points indispensables pour la promotion et le repositionnement de la PF au Bénin. Sans financement, la disponibilité et l’accessibilité des produits contraceptifs sur toute l’étendue du territoire national ne pourra être une réalité, de même que l’accès gratuit aux méthodes modernes de contraception dans les formations sanitaires publiques pour la couche des adolescents et jeunes.

Notons que la réalisation, ne serait-ce que, de ces deux points, aurait accéléré la couverture contraceptive chez les adolescents et jeunes estimée pour 20% en 2020. Cela contribuerait aussi à atténuer les barrières socioculturelles freinant l’accès à la Pf pour les adolescents et jeunes. Tout ceci aurait comme effet direct entre autres, la réduction des grossesses précoces et non-désirées, les avortements clandestins et la mortalité maternelle chez les adolescents et jeunes.

Cela favoriserait également l’augmentation du taux de rétention des adolescents et jeunes en milieu scolaire, etc. Des aspects sur lesquels la société civile a pourtant tout le temps attiré l’attention des gouvernants qui apparemment ne prennent pas encore la mesure des impacts néfastes à la fois sur la population et le développement.

La planification familiale étant l’un des principaux intrants pour réaliser le dividende démographique, le Bénin compromet ainsi ses chances de le capturer. Il est donc impérieux que le gouvernement revoit ses engagements puisque dans son Programme d’Action 2016-2021, il a affiché clairement son ambition de prendre en compte les enjeux liés à la réalisation du dividende démographique.

Publié le 28 Dec 2017 sur La Nouvelle Tribune

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