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Projet d’autonomisation des femmes et de dividende démographique du Sahel: Investir dans les femmes et les filles pour réduire la pauvreté

Le Projet d’autonomisation des femmes et de dividende démographique du Sahel (SWEDD) est un projet régional, multisectoriel, conçu à l’initiative de sept pays de la sous-région dont le Bénin. Il est financé par la Banque mondiale à hauteur de 90 millions de dollars US pour le Bénin et se concentre sur les zones et territoires de grande fragilité. Son lancement officiel a eu lieu, ce jeudi 27 juin à Cotonou, inaugurant ainsi une ère d’espoir pour les cibles, notamment les jeunes filles et les jeunes femmes.

Le Projet d’autonomisation des femmes et de dividende démographique du Sahel (SWEDD) cible prioritairement les jeunes filles, les adolescentes et les femmes qui se trouvent au cœur de la transition démographique, nécessaire pour construire une croissance durable et renverser la tendance négative de la pauvreté en Afrique. Il représente pour la Banque mondiale qui en assure le financement, un moyen très important dans sa stratégie de réduction de l’extrême pauvreté sur le continent africain, rappelle la représentante résidente de la Banque mondiale pour le Bénin, Katrina Sharkey. Il sera exécuté dans les 77 communes du Bénin et agira sur les fléaux comme la prévalence élevée du mariage des enfants, les grossesses précoces, la déscolarisation des filles…

Grâce au SWEDD, plus de trente mille adolescentes scolarisées de milieux déshérités bénéficieront de fonds pour leur prise en charge en vue de leur maintien à l’école. Elles recevront également des kits scolaires en début d’année. 4500 mères des plus méritantes dans le lot recevront des fonds pour renforcer leurs activités génératrices de revenus. Les 120 meilleures adolescentes et filles du Bénin auront droit à des bourses d’accompagnement pour celles qui seront inscrites dans les filières de l’enseignement technique et les séries C et D de l’enseignement secondaire général.

Pour les adolescentes et filles non scolarisées, le projet prévoit de prendre en charge trente mille parmi elles pour une formation dans les filières porteuses en activités génératrices de revenus, en lien avec les potentialités de chaque département. Ensuite, elles recevront des fonds d’achat d’équipements et de matériels pour le démarrage de leurs activités. Le SWEDD a aussi prévu que 1200 adolescentes et filles non scolarisées suivent des formations traditionnellement réservées aux hommes à savoir la maçonnerie, le staffage, la vitrerie, la mécanique, la soudure, la conduite de véhicules, la fabrication des lampes solaires… Elles  seront réparties dans des groupements de vingt personnes et recevront les moyens pour l’achat de matériels et d’équipements.

Multiples impacts

Dans les pays retenus par le projet, les filles et les femmes sont en proie à d’énormes difficultés. En milieu rural surtout, beaucoup de jeunes filles continuent d’être mariées avant l’âge adulte. Les taux de fécondité des adolescentes dans les zones rurales du Bénin sont environ le double de ceux des zones urbaines. Les grossesses précoces rendent les adolescentes deux fois plus susceptibles de mourir pendant l’accouchement, par rapport aux mères de plus de 19 ans. Dans le même temps, un décès maternel sur cinq touche une jeune mère de moins de 18 ans et celles qui survivent à cette première naissance sans fistule ni autre handicap permanent auront plus d’enfants et gagneront moins que les femmes mariées plus tard. A cela s’ajoute le risque de malnutrition chronique ou de retard de croissance. Ces données, Katrina Sharkey les a exposées pour illustrer combien important est ce projet. « Si nous voulons une Afrique sans pauvreté, nous devons agir en urgence. Investir dans les femmes et les filles est essentiel pour réduire la pauvreté. Améliorer la vie d’une femme, c’est toucher toute une famille et toute une nation », plaide-t-elle. « Offrir aux femmes des chances égales de réaliser leur potentiel est une formidable opportunité. Un progrès économique et social profond commence par la protection et l’autonomisation de cette frange de la population », enchaine la représentante résidente de la Banque mondiale.

« Le SWEDD représente une opportunité unique pour le Bénin. C’est aussi une expérience unique de co-création et de partage d’expériences avec six autres pays de la sous-région», soutient, quant à elle, Barbara Laurenceau au nom de l’UNFPA, l’un des partenaires majeurs du projet. L’appui et le soutien multiforme de son institution ne feront en aucun cas défaut, assure-t-elle.
Au nom du chef de l’Etat, le ministre d’Etat, Abdoulaye Bio Tchané rappelle l’importance du projet. « A l’horizon 2050, la population africaine subsaharienne qui est aujourd’hui de 920 millions va littéralement doubler», indique le ministre d’Etat qui mentionne le Sahel comme une région à fort taux d’accroissement démographique.

Défis majeurs

Cinq défis majeurs doivent impérativement être relevés dans la région. Il faut entre autres, selon lui, construire le capital humain avec l’éducation et la santé, améliorer la gouvernance et créer des emplois. Le Bénin s’insère très bien à travers ces chiffres avec une population relativement jeune, mais confrontée à de nombreuses difficultés. Le SWEDD est donc une réponse appropriée pour améliorer le niveau d’autonomisation des filles et des femmes, lance le ministre qui voit aussi à travers ce projet, une marche assurée vers les Objectifs de développement durable.

A terme, grâce au SWEDD et à sa cagnotte estimée à cinquante milliards de francs Cfa, le Bénin, par son adhésion, pourra réduire davantage la mortalité, la morbidité et la malnutrition, augmenter l’éducation féminine, mitiger les normes et pratiques néfastes qui limitent les options et les choix des femmes, lutter contre le mariage des enfants et élargir les programmes de planification familiale. Au total, 50% au moins de la population béninoise des villes et des campagnes sera impactée par le projet avec la formation de 1540 jeunes leaders membres de 154 associations et la mise en place d’un dispositif d’information et de distribution de contraceptifs, sans oublier la formation de 5000 sages-femmes qui recevront un complément de formation sur les services de la santé de reproduction. Plusieurs membres du gouvernement ont pris part à la cérémonie officielle de lancement du projet.

Josué F. Mehouenou

Publié le 28-06-2019 dans nation benin

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