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Augmenter la prévalence contraceptive en Mauritanie : l’inextricable résistance des femmes mendiantes

12 décembre 2022

La COVID a entraîné une hausse du taux d’extrême pauvreté en Mauritanie, qui devrait atteindre 6,3 % en 2022 d’après les estimations. En fait, les enfants sont les plus grandes victimes de cette pauvreté. Et les mendiants en profitent. Trainer plus d’enfants pour apitoyer les passants. Une stratégie adoptée par les femmes mendiantes à Nouakchott. Chaque jour, elles prennent d’assaut les rues et avenues de la capitale mauritanienne, trainant mains tendues et enfants. Ce qui compromet l’engagement du pays à atteindre 25 % d’utilisatrices de méthodes de contraception d’ici 2030. Pour le moment, la Mauritanie est loin de cet objectif, car la prévalence contraceptive est de 14 % (EDSM-2020) contre 17% en 2015 (MICS 2015).

Femmes traînant des poussettes et bébés exposés au soleil. Des bébés qui disparaissent sous des ballots. Des hommes, surtout Syriens, portant des enfants sur les bras ou sur l’épaule, la main tendue entre deux files de voitures. D’autres qui traînent les pieds à côté des feux de signalisation, fillettes et garçonnets entre les jambes.

Quel tournis, ce nombre d’enfants trimballés par des adultes qui font la manche devant les bureaux, les commerces, les stations de carburant, les gares routières, les hôpitaux, les marchés… !

Aissata Sall, 37 ans, mariée, est originaire de la Vallée, aux bordures du Fleuve Sénégal. « J’ai des jumeaux, leur nourriture et le loyer d’une baraque au PK 12 me pèsent ! Je suis obligée de solliciter l’aide de mes frères et sœurs ». Elle évite de dire « mendier » par gêne. Elle tient à la main deux petits garçons et porte un bébé au dos. Chaque jour, elle traîne ces petits, dès l’aube, changeant quatre fois de transport, pour venir à « sa » station, face à l’ambassade américaine, à Tevragh-Zeina, quartier des nantis. Plusieurs mendiants ont choisi cet endroit comme lieu de « travail ». Après son veuvage, Aïssata s’est remariée, avec un mendiant. Les « recettes » récoltées par le couple permettent de subvenir aux besoins.

« Planifier mes naissances ? C’est hors de question », s’exclame-t-elle, cassée en deux. Pourtant, ce n’est ni l’absence de structures de santé, ni la gratuité du service, qui l’en empêche. « Au contraire, je veux encore plus d’enfants. J’en ai quatre, les plus grands sont restés au village. Il m’en faut encore plus » s’esclaffe-t-elle

Devant la mosquée Saoudienne, plusieurs mendiants ont élu domicile. Des femmes, entourées de marmailles, préparent le repas près de la chaussée. De petites filles et de petits garçons se faufilent entre les voitures, traversent la route en courant, d’autres à peine 5 ou 6 ans, s’agrippent aux passants. Le nombre d’enfants est impressionnant.

Selon certaines mauvaises langues, ces enfants naissent et grandissent là, aux bordures de la route, entre ces enchevêtrements de corps masculins et féminins qui dorment à même les trottoirs. Interrogées sous le sceau de l’anonymat, certaines mendiantes disent pratiquer la planification familiale auprès d’associations comme les Gestionnaires pour le Développement (AGD).

Hawsa Ndiaye, Sage-femme, qui assure le service SR/PF à AGD est catégorique. « Je sais qu’on offre beaucoup de service PF à des femmes démunies. Je ne sais pas maintenant si elles sont mendiantes ou pas ».

Hamada, Président d’une ONG active dans l’humanitaire lance, « les enfants, c’est le trophée de guerre des femmes mendiantes. Ça leur permet d’apitoyer les passants et de récolter plus d’argent. Faire de la planification familiale est leur dernier souci ».

Aucun recensement exhaustif des mendiants depuis 2000-2012, date de création du Projet de lutte contre la mendicité qui n’a pas fait long feu. Six centres d’accueil et de formation ont été créés à l’époque. Quelques 150 à 200 mendiants en bénéficiaient, 300 avaient un salaire (22.000 MRO par mois – près de 40.000 francs Cfa) du Commissariat aux droits de l’homme. Ils seraient plus d’un millier aujourd’hui, selon des estimations. Les enfants, ils en font de plus en plus. Le 28 mai 2022, le président de la République Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani a promis « Zéro mendiant en 2024 »

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