23 mai 2025
En Guinée, une initiative novatrice menée par la Direction de la Santé de la Famille et de la Nutrition, la Fondation Orange et l’UNFPA démontre qu’une approche collaborative peut faire la différence dans la vie des populations les plus vulnérables. Cette collaboration multisectorielle (public – privé – bailleurs) ouvre de nouvelles opportunités pour garantir l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive à une population souvent marginalisée, notamment en période de crise.
Cette initiative prend tout son sens dans un contexte régional difficile. En effet, de nombreux pays du Partenariat de Ouagadougou (PO) font face à une réduction importante des financements extérieurs destinés à la santé reproductive, suite au retrait ou à la diminution de financement de bailleurs stratégiques. Ce désengagement se traduit sur le terrain par des ruptures de produits contraceptifs, des suspensions de supervisions, une réduction des activités communautaires et une fragilisation des systèmes d’information sanitaire. Dans ce paysage fragilisé, l’initiative guinéenne émerge comme un exemple de résilience et de leadership collectif, démontrant qu’il est possible d’agir efficacement, même dans un contexte de rareté des ressources.
L’Institut National de la Statistique de la Guinée estimait lors du troisième recensement général de la population et de l’habitat (RGPH3), la proportion des personnes en situation de handicap à 1,5 %1 de la population totale en 2014 dont 47% sont des filles et des femmes. Toutefois, Avocat Sans Frontière – France2 (ASF – France) estime que cette proportion semble largement sous-estimée du fait du stigma social que représente le handicap ainsi qu’au manque de formation des agents en charge du recensement sur la question du handicap.
Malgré l’arsenal juridique (international et national) qui octroie une multitude de droits aux personnes porteuses de handicap, l’étude de ASF – France relève trois (3) problèmes majeurs liés à la qualité et à la disponibilité des soins de santé et du personnel de santé pour les personnes en situation de handicap : le manque de professionnels de santé compétents dans tous les domaines, le manque de matériels spécialisés et le manque de soins préventifs et continus.
Face à ces constats, le projet “Assurer les droits sexuels des femmes et des filles vivant avec handicap à travers l’accès à des services gratuits de santé sexuelle et reproductive adaptés dans les communes de Ratoma et Matam”, a été lancé par la Direction de la Santé de la Famille et de la Nutrition, la Fondation Orange et l’UNFPA.
Face à ces constats, le projet “Assurer les droits sexuels des femmes et des filles vivant avec handicap à travers l’accès à des services gratuits de santé sexuelle et reproductive adaptés dans les communes de Ratoma et Matam”, a été lancé par la Direction de la Santé de la Famille et de la Nutrition, la Fondation Orange et l’UNFPA.
Ce projet intervient à plusieurs niveaux :
Pour témoigner de cette initiative réussie, la DSFN a organisé une visite terrain au Centre Médical Communal (CMC) de Coléah, en marge de la réunion annuelle des points focaux gouvernementaux du Partenariat de Ouagadougou tenue à Conakry du 13 au 15 mai 2025.
Les Directeurs de la Santé Mère – Enfant (DSME) des huit autres pays de la région, les acteurs locaux et l’équipe de l’Unité de Coordination du Partenariat de Ouagadougou (UCPO) ont pu constater par eux – mêmes l’impact de ce projet novateur. En effet, en à peine un an, des résultats concrets ont été obtenus : deux centres de santé ont été rénovés et rendus accessibles, le personnel formé aux besoins spécifiques des personnes vivant avec handicap, et les structures équipées en matériel médical, produits de planification familiale et kits d’accouchement. Deux directions communales de la santé ont aussi été dotées en matériel informatique, avec une base de données mise en place pour assurer un meilleur suivi.
Dans les deux communes d’intervention, grâce au travail de l’ONG guinéenne FOSAD (Fondation Santé Développement Durable) 1 778 femmes et filles vivant avec handicap dénombrées et cartographiées, dont 26% sont des filles âgées de 10 à 19 ans. 2 476 Femmes et filles vivant avec handicap ont utilisé les services et 1 655 ont bénéficié des méthodes de Planification familiale. Des campagnes de masse et des sensibilisations ont touché 6 489 personnes, y compris les femmes et filles porteuses de handicap sensibilisées dans les ménages. De plus, les médias ont permis de sensibiliser plus de 210 000 personnes sur les droits des PVH en matière de SSR.
Les témoignages recueillis sur place ont mis en lumière l’impact humain et transformateur de l’initiative. L’accueil bienveillant du personnel, l’écoute et l’adaptation des services ont été salués unanimement par les bénéficiaires comme par les DSME présents. Tous ont reconnu cette intervention comme un modèle reproductible à l’échelle nationale, voire régionale, et comme un signal fort.
Le succès de ce projet en Guinée rappelle que la planification familiale et les droits sexuels et reproductifs ne doivent pas être relégués au second plan, même en temps de crise. Il invite à repousser les limites, à innover, et à collaborer au-delà des secteurs pour assurer que chaque femme, chaque fille, y compris celles vivant avec un handicap, puisse exercer pleinement leurs droits.
Par Yaou Moussa, Coordonnateur Régional et Fatim Nikèma-Traoré, Manager Régional avec la collaboration de la DNSFN du MSHP de la République de Guinée
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