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Impact des crises sur les jeunes et femmes: des chiffres effarants qui interpellent

20 janvier 2022

A l’occasion de la 10è Réunion Annuelle du Partenariat de Ouagadougou qui s’est déroulée du 13 au 16 décembre 2021, une attention particulière a été accordée aux impacts des crises sanitaires et économiques voire sécuritaires sur les jeunes et femmes. Plusieurs communications ont révélé des statistiques inquiétantes.

Evoquant l’impact des crises sur les jeunes, Dr Hatimou Tahi Bako Almoctar du Niger a présenté la situation liée à la santé sexuelle et  reproductive des adolescents. Des données de l’UNFPA, il ressort qu’environ 16 millions de filles âgées de 15 à 19 ans et 2,5 millions de filles de moins de 16 ans accouchent chaque année dans les régions en voie de développement.

« Les complications pendant la grossesse et l’accouchement sont la première cause de décès chez les filles âgées entre 15 et 19 ans à l’échelle mondiale (OMS, 2016). Chaque année, environ 3,9 millions de filles âgées de 15 à 19 ans subissent des avortements à risque (Institut Guttmacher, 2016). Les mères adolescentes (âgées de 10 à 19 ans) font face à des risques plus élevés d’éclampsie, d’endométrite puerpérale, et d’infections systémiques que les femmes âgées de 20 à 24 ans. Au niveau mondial, environ 1 adolescente sur 6 (15 – 19 ans) est actuellement mariée ou en couple » renseigne la présentation du Dr Hatimou Tahi Bako Almoctar.

Faisant le lien avec les situations d’urgence ou de crise, ce dernier fait savoir que “les besoins en DSSR ont tendance à se multiplier en contextes humanitaires“. «Les trois cinquièmes de tous les décès maternels ont lieu en contextes humanitaires et précaires. L’augmentation du taux de mariages précoces et forcés d’enfants dans des situations affectées par le conflit. La violence sexuelle augmente, et peut devenir une arme. Les infrastructures, services et accès à l’information sont affaiblis ou détruits » a-t-il exposé. Si les adolescents font face à des obstacles qui les empêchent d’accéder aux services de santé, ces difficultés sont renforcées dans un contexte de crises.

Quid du sort des femmes en Afrique de l’Ouest…

Papa Alioune Seck de l’ONU Femmes a, dans sa présentation, exposé la situation économique des femmes en période de crises. Si 4 femmes sur 5 ont signalé une diminution ou perte totale de revenus, une femme sur 2 a signalé une augmentation du temps consacré aux soins non rémunérés et aux travaux domestiques. « 26% des femmes ont reporté une augmentation des difficultés d’accès aux services de soins de santé, 19% ont reporté une augmentation des difficultés d’accès aux services de la santé de la reproduction. 67% des femmes ont déclaré que leur santé mentale a été affectée, 29% ont déclaré une augmentation de la violence dans leur communauté » précise-t-il.

Notons qu’en Côte d’ivoire, plus de la moitié des femmes (52%) ont déclaré qu’elles-mêmes ou une femme qu’elles connaissent ont subi une forme de violence depuis le début de la COVID-19 tandis qu’une femme sur 5 (19%) déclare que son sentiment de sécurité en marchant seule la nuit s’est détérioré depuis le début de la COVID-19. Notons que plusieurs pays du Sahel font face à de multiples crises dont le terrorisme et la pandémie du COVID-19, les sécheresses et des inondations.

Au Burkina Faso, un pays confronté à une double crise sanitaire et sécuritaire, l’impact économique des crises sur les femmes demeure également inquiétant. Selon Gustave Bambara, Directeur Politiques de Population Ministère de l’Economie, des Finances et du Développement du Burkina Faso, “ la pandémie de COVID-19 a sérieusement affecté les perspectives économiques à court terme du Burkina Faso en ramenant le taux de croissance économique à 1,9% en 2020 contre 6,2% en moyenne par an depuis 2016“.

Et de poursuivre « le nombre de personnes ayant besoin d’une assistance humanitaire a été multiplié par trois par rapport à la situation de 2019. Cette hausse s’expliquerait par l’augmentation des Populations Déplacées Internes (PDI), et la perte d’emplois et de revenus de certains ménages ainsi que les difficultés d’accès aux marchés ». « Avec la fermeture des écoles, la réduction du temps de travail rémunéré et le chômage technique, le travail domestique non rémunéré sur lequel les femmes sont spécialisées au Burkina Faso se voit encore renforcer, donc davantage de travail harassant pour les femmes.

Avant la pandémie, les femmes consacraient 9 fois plus de leur temps que les hommes au travail domestique non rémunéré (ONDD, 2020), la pandémie va certainement exacerber cet écart » fait-il savoir dans sa présentation. Entre autres réponses du gouvernement, il est évoqué la mise en place des camps pour accueillir les PDI avec une prise en charge psychosociale (alimentaire, sanitaire, etc.), la dotation des forces de défense et de sécurité de moyens pour combattre efficacement le terrorisme, le renforcement des filets sociaux à travers le cash transfert en intégrant les PDI dans les zones d’intervention, l’adoption d’un plan de préparation et de riposte dès le mois d’avril 2020 d’un montant de 177,18 milliards de F CFA, des allègements pour l’accès des ménages vulnérables à l’énergie ; la poursuite des mesures de gratuité des soins. Notons que la 10è Réunion annuelle du Partenariat de Ouagadougou a été placée sous le thème « La planification familiale en contexte de crise humanitaire : préparation, réponse et résilience ».

Publié le 20-01-2022 dans Matin Libre

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