8 mars 2024
Célébrée la première fois en 1910, la journée internationale des droits des femmes, est une occasion de mobilisation qui a valu des acquis dans cette lutte de longue haleine, mais beaucoup de chemin reste à faire pour arriver à l’équité et l’égalité des sexes, notamment au niveau du continent. « Il me plairait de dire que le pouvoir est entre les mains des femmes dans les pays du Partenariat de Ouagadougou, mais malheureusement ce n’est toujours pas le cas » nous livre Marie Ba.
En effet, renseigne la Directrice de l’UCPO, « sur le plan légal, nonobstant l’existence de plusieurs instruments juridiques tels que le protocole à la charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits de la femme en Afrique, l’acte additionnel relatif à l’égalité des droits entre les femmes et les hommes pour le développement durable dans l’espace CEDEAO, la convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes, des inégalités persistent ».
Marie Ba relève qu’au niveau social, « les femmes et les jeunes filles font face à plusieurs défis dont les pratiques néfastes, les grossesses précoces, une faible couverture contraceptive, le mariage forcé, le sous-emploi et l’accès limité au capital et au foncier pour ne citer que ceux-là ». Face à toutes ces contraintes, la tendance devrait être renversée pour permettre aux femmes de “ jouir pleinement de leur potentiel, renforcer leur leadership et autonomisation et apporter les transformations positives pour plus d’égalité ».
À titre d’exemple, en Mauritanie, les femmes rencontrent plusieurs difficultés pour accéder aux services et produits contraceptifs, nous confie Mme Seniya Yarahala, activiste, point focal PO/ FP2030 Mauritanie.
Toujours selon Seniya, les femmes sont sans pouvoir face aux inégalités de genre et à l’iniquité en Mauritanie. En effet, il y a bien moins de femmes que d’hommes dans les postes de décision. Pareil dans le corps des juges, jamais de femme première ministre, jamais de femme ministre de l’Intérieur, jamais de femme présidente de la Cour suprême, jamais de femme présidente du Conseil Constitutionnel… Mme Seniya Yarahala souligne que cette absence dans les instances de prise de décision fortifie les obstacles qui s’élèvent entre les femmes et les soins dont elles ont besoin pour une planification familiale réussie et une prise de décision éclairée sur leur santé reproductive.
Marie Paul Okri Point focal jeune PO/FP2030 en cote d’Ivoire, co-fondatrice de la ligue ivoirienne des droits des femmes, Féministe, éco-féministe comme elle se définit, décrit à peu près la même situation en côte d’Ivoire où des lois en faveur du respect des droits des femmes sont votées « l’effectivité fait encore défaut », une situation qui met « hors-jeu » les femmes dans l’espace politique. Pourtant, à côté des postes électifs il y a les nominations, mais c’est toujours pour les hommes dans la plupart des cas.
Femme rurale qui travaille pour le renforcement des lois en faveur des femmes, Marie Paul Okri souligne que ces dernières années les organisations féministes et les organisations de la société civile ont réussi de nombreuses batailles concernant le renforcement du cadre légal en faveur des femmes et des filles.
Elle a donné entre autres exemples en Côte- d’Ivoire, la loi sur la définition du viol en juin 2019, la loi sur les violences domestiques en 2021 et la loi sur le quota qui parle de la représentativité des femmes aux instances politiques et autres.
Mais malheureusement, « l’effectivité sur le terrain laisse à désirer or c’est là le véritable enjeu ». selon la jeune Okri,lauréate du prestigieux prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes, « travailler à l’effectivité de ces lois sur le terrain tout en les renforçant est la plus grande bataille à mener ».
Les femmes constituent le rouage incontournable du bien-être de leurs familles et la pièce maîtresse de l’avenir de leurs enfants mais n’ont pas toujours accès aux ressources financières. Investir en elles est le « meilleur moyen de préserver leur indépendance et apporter des changements durables dans la communauté » renseigne Marie Ba. Dans le rapport des Nations Unies intitulé vers « l’égalité des femmes », il ressort clairement que la dévalorisation de la femme est une cause de sous-développement, a-t-elle relevé.
La vision du Partenariat de Ouagadougou (PO) prône « une Afrique de l’Ouest francophone où un accès facile à la planification familiale de qualité sauve et améliore la vie des femmes et des jeunes et sert de catalyseur pour un développement durable pour tous ».
Plusieurs politiques et programmes découlant de cette vision sont élaborés, financés et mis en œuvre dans les neuf pays du PO. Cela avec l’appui des pays, des bailleurs de fonds, des partenaires de mises en œuvre, de la société civile y compris les jeunes, renseigne la directrice.
En dépit de ces avancées, des défis urgents demeurent tels que le changement climatique ou encore l’insécurité grandissante et son lot de population déplacée composée en grande partie de femmes et de jeunes. le PO encourage fortement à accélérer le rythme de financement, surtout domestique, en faveur des femmes.
Au Sénégal, un département dédié au développement et à la promotion des entreprises existe au sein de la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar (CCIAD), il a pour objectif de créer une dynamique d’obtention de financements et d’investissements. Le chef de ce département Khadidiatou Dia, fait le constat suivant :
Au Bénin, Huguette Bokpè Gnacadja, Présidente de l’Institut National de la Femme (INF) insiste sur le soutien aux femmes et aux communautés dans les zones frontalières qui surmontent des défis sécuritaires. Il est impératif de garantir la sécurité des élèves et autres apprenants pour un accès sans danger à l’école et dans les lieux de formation ou d’apprentissage ou de programmes d’éducation non formelle, pour aider les femmes à maintenir un minimum d’activités génératrices de revenus.
En Côte d’Ivoire, Marie Paul Okri encourage l’orientation des ressources vers les femmes mais spécifiquement du milieu rural.
Et en Mauritanie, Seniya Yarahala quant à elle alerte sur la question des ressources financières pour les femmes en Mauritanie où plusieurs partenaires techniques et financiers ne traitent plus directement avec les mouvements féministes. Nul doute que l’augmentation des financements en faveur d’activités génératrices de revenus pour les femmes peut contribuer à inverser une tendance grandissante : la féminisation de la pauvreté en Mauritanie.
L’accès à l’information, aux services de planification familiale et pouvoir y recourir de façon éclairée est un droit fondamental des femmes. Peu importe la zone de résidence, les origines ou le contexte, les adolescentes et les femmes doivent disposer d’information et de produits contraceptifs de leur choix, a relevé Marie Ba.
Levier de développement, d’autonomie et de bien être des femmes, l’accès à la contraception est un impératif dans la mesure où il permet aux femmes de poursuivre leur éducation, de travailler et de prendre des décisions concernant leur vie et leur corps contribuant ainsi à leur épanouissement et à celui de leur famille et de leur communauté estime la directrice de l’UCPO.
« L’accès à la contraception est un impératif dans la mesure où il permet aux femmes de poursuivre leur éducation, de travailler et de prendre des décisions concernant leur vie et leur corps. C’est un levier de développement, d’autonomie et de bien être des femmes, qui contribue à leur épanouissement aussi bien qu’à celui de leur famille et de leur communauté ». C’est dans ce sens que le Partenariat de Ouagadougou s’investit depuis 12 ans à travers l’engagement des gouvernements, des bailleurs, des partenaires techniques et financiers et des acteurs locaux également (société civile, religieux, jeunes et journalistes) à placer la planification familiale au cœur des politiques et programmes de neuf pays de l’Afrique de l’Ouest francophone…
Adama Diouf Ly, Journaliste depuis plus d’une décennie, spécialiste des questions d’éducation, de santé et de population. Mme Ly est Présidente de la section sénégalaise de l’Union Internationale de la Presse Francophone.
Le PO a été lancé en février 2011 par les neuf gouvernements des pays francophones de l’Afrique de l’Ouest dans le but d’accélérer les progrès de l’utilisation des services de planification. Il repose sur deux principes : une meilleure coordination des bailleurs de fonds pour maximiser le soutien et également sur la collaboration et la coopération nationales et régionales pour répondre aux besoins non satisfaits en matière de planification familiale. Il a pour vision, une Afrique de l’Ouest francophone où un accès facile à la planification familiale de qualité sauve et améliore la vie des femmes et des jeunes et sert de catalyseur pour un développement durable pour tous. Son Unité de Coordination basée à Dakar, au Sénégal, est chargée de coordonner les actions et les relations entre les bailleurs et les pays afin d’atteindre les objectifs du Partenariat.
En savoir plus sur le Partenariat de Ouagadougou et son Unité de Coordination
Pour toute question ou prise de contact n’hésitez pas à vous rapprocher du responsable communication Bara Déguène MBAYE
Rejoignez nous sur
Linked In
Twitter (X)
Facebook
Instagram
Le concours de plaidoyer des associations de jeunes du Partenariat de Ouagadougou s’est déroulé lors de la deuxième journée de la RAPO 2024. Cette matinée mémorable a été marquée par la projection de 6 courts métrages produits par les associations demi-finalistes. Réalisées autour du thème « L’accès des jeunes aux services de planification familiale en […]
La 13e Réunion Annuelle du Partenariat de Ouagadougou (RAPO) a débuté ce mardi 3 décembre 2024 à Dakar, réunissant plus d’une centaine de participants, en présentiel et en format hybride. Cet événement vise à évaluer les progrès accomplis en matière de planification familiale, partager des expériences et renforcer la coopération régionale pour atteindre les objectifs […]
En Afrique de l’Ouest, 225 femmes meurent tous les jours en donnant la vie et pour chaque femme qui meurt, il y a environ 30 autres qui souffrent d’infirmité. Ces taux de morbidité et de mortalité entrainent dans la sous-région près de cinq milliards de dollars de pertes de productivité. Cette sous-région est également caractérisée […]