Nedjma Benzekri, Directrice Régionale de DKT International en Afrique francophone de l’Ouest et du Centre, est une leader stratégique engagée dans la promotion de la liberté reproductive des femmes. Elle collabore étroitement avec des organisations à but non lucratif et des entreprises privées pour la gestion des produits de santé dans les marchés émergents. Sa stratégie met l’accent sur le respect des droits en matière de santé sexuelle et reproductive, permettant aux femmes de décider de leur destin reproductif en toute autonomie. Convaincue de l’importance d’accéder à des informations, des services et des produits de qualité, Nedjma Benzekri promeut l’égalité des genres et les droits des femmes, créant ainsi un avenir où chaque femme peut pleinement réaliser son potentiel dans le domaine de la santé reproductive.
En tant que Directrice de DKT International, pouvez-vous nous parler de votre rôle et de vos responsabilités au sein de l’organisation ?
Nous sommes une organisation régionale de marketing social présente dans 14 pays, engagée à fournir des contraceptifs de haute qualité à des prix abordables aux femmes et aux hommes afin qu’ils puissent prendre en charge leur santé sexuelle et reproductive (SSR). Notre expertise se concentre sur les produits de planification familiale, la distribution, la formation des prestataires de soins et les campagnes de marketing visant à promouvoir un changement de comportement. DKT enregistre, promeut et commercialise des produits de SSR de haute qualité à des prix abordables en Afrique francophone de l’Ouest et du Centre. Notre approche repose sur des produits de qualité dotés d’un branding attrayant et amusant, qui répondent aux divers besoins de la population. Notre objectif est d’aider les femmes et les hommes à passer d’un secteur public unique à un secteur privé différencié, tout en leur fournissant des solutions adaptées à leurs besoins en matière de SSR.
Actuellement, mes principales priorités résident dans l’élaboration de notre stratégie régionale et la gestion des équipes. Je consacre également beaucoup de temps à promouvoir notre programme auprès des acteurs clés dans le domaine de la Santé de la Reproduction, favorisant ainsi les partenariats et les collaborations. Mon parcours au sein de DKT International, avant d’accéder au poste de Directrice Régionale, m’a offert de précieuses expériences. J’éprouve toujours autant de plaisir à contribuer à la création de campagnes de marketing social et à relever les défis qui se présentent.
Comment votre expérience dans le secteur privé a-t-elle influencé votre approche de la promotion des droits des femmes, de l’autonomisation des femmes, de l’égalité des genres et de la santé reproductive ?
Après avoir obtenu mon diplôme en Ingénierie Biotechnologique et Biochimie, j’ai rapidement rejoint de pourpres pharmaceutiques dans le domaine de la santé. Cependant, j’ai toujours nourri le désir de travailler dans le secteur de la santé publique et de contribuer aux droits des femmes et à leur autonomisation. Cette expérience a été très formatrice, me permettant d’acquérir des compétences en gestion et en stratégie, ainsi que de comprendre les aspects de la distribution des médicaments dans le secteur privé.
Cependant, j’ai réalisé qu’une réorientation était nécessaire si je voulais réellement m’engager activement dans la promotion des droits des femmes. Les compétences que j’ai acquises dans le secteur privé me permettent aujourd’hui de superviser nos opérations dans 14 pays d’Afrique francophone et de soutenir une équipe de 140 personnes dans la mission de DKT. Je suis extrêmement fière du travail accompli par notre équipe, en particulier de notre contribution à mettre à disposition des femmes d’Afrique de l’Ouest et Centrale des produits de santé reproductive de haute qualité.
Quels sont les avantages et les défis spécifiques de travailler dans le secteur privé pour aborder les questions liées aux droits des femmes, à l’autonomisation des femmes, à l’égalité des genres et à la santé reproductive ?
Travailler dans le secteur privé pour aborder les questions liées aux droits des femmes, à l’autonomisation des femmes, à l’égalité des genres et à la santé reproductive offre des avantages tels que la rapidité d’exécution etc. Cependant, des défis subsistent, tels que les pressions commerciales, les contraintes réglementaires et la nécessité d’assurer un accès équitable aux produits et services pour toutes les femmes. Il est crucial de trouver un équilibre entre ces avantages et défis afin de mener des initiatives efficaces et éthiques qui soutiennent pleinement les droits des femmes, leur autonomisation, l’égalité des genres et la santé reproductive. Par ailleurs, travailler dans le secteur privé présente également des défis liés à la réglementation pharmaceutique, qui restreint la diversification de l’offre et peut impacter les prix pour les consommateurs, ainsi que les réglementations concernant la promotion des produits pharmaceutiques auprès du grand public.
En tant que femme dirigeante dans le secteur privé, quelles sont les stratégies que vous mettez en œuvre pour promouvoir l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes au sein de DKT International ?
En tant que femme dirigeante chez DKT International, je suis fière de souligner que 50% de notre équipe de gestion au sein de DKT International FWACA est constituée de femmes. Nous avons mis en place une politique de rémunération équitable, où les femmes employées chez DKT International perçoivent le même salaire que leurs homologues masculins pour des compétences et des postes identiques. De plus, dans le souci de prendre en compte le bien-être de nos collaboratrices, j’ai pris l’initiative de mettre en place le congé lunaire mensuel après avoir constaté les difficultés que certaines d’entre elles rencontraient en raison du syndrome prémenstruel (SPM). Ces actions, bien que modestes, contribuent à accompagner nos femmes dans leur autonomisation et leur bien-être.
Quelles sont les réalisations les plus significatives de DKT International dans la fourniture de produits de planification familiale et dans la sensibilisation aux questions de santé reproductive ?
En l’espace de 5 ans, nous avons réalisé d’importants progrès en mettant à la disposition des femmes et des jeunes filles un vaste choix de plus de 10 méthodes de contraception de qualité dans 14 pays. Parallèlement, nous avons lancé Lydia, un centre d’appels où une sage-femme diplômée d’État offre des conseils personnalisés et anonymes. Accessible via WhatsApp, Facebook et téléphone, Lydia accompagne mensuellement plus de 4000 personnes dans leur parcours reproductif. Ces initiatives témoignent de notre engagement à répondre aux besoins en matière de santé reproductive de manière pratique et accessible.
Quelles sont les principales stratégies de marketing et de sensibilisation utilisées par DKT International pour atteindre les femmes et les hommes dans les pays où vous opérez ?
Nos stratégies varient en fonction des types de produits que nous promouvons. Pour des produits comme la pilule du lendemain ou les préservatifs, qui relèvent davantage de l’auto-soin, nous concentrons nos efforts sur le consommateur final. Dans toutes nos campagnes, nous adoptons une approche participative en co-créant les contenus, les images et les messages de sensibilisation avec les populations concernées. À chaque étape de création, nous testons ces éléments auprès de notre public cible. Par ailleurs, nous utilisons des techniques de marketing commerciales similaires à celles du secteur privé, notamment dans le développement de nouveaux produits et pour notre marque de préservatifs KISS et KISS GOLD.
Pouvez-vous partager avec nous un exemple concret de succès ou d’impact significatif que DKT International a eu dans l’autonomisation des femmes et la promotion de l’égalité des genres ?
Pour moi, le plus grand succès de DKT International dans l’autonomisation des femmes et la promotion de leurs droits a été l’enregistrement et la distribution du combipack dans 10 pays. Ce fut un véritable défi, notamment dans des pays comme le Mali, la Mauritanie et le Niger. Grâce à l’obtention des autorisations nécessaires et à la mise à disposition des produits dans les pharmacies, les cliniques et les hôpitaux, nous avons permis aux femmes de choisir librement leur avenir reproductif et de pratiquer l’auto-soin. Cela a exigé des prises de risque audacieuses, mais nous avons réussi à réaliser cet accomplissement significatif.
Quels sont les défis spécifiques auxquels vous êtes confrontée en travaillant dans le domaine de la santé reproductive et comment les abordez-vous au sein de DKT International ?
Nous accordons une grande importance aux questions religieuses et culturelles, qui jouent un rôle central dans notre domaine d’activité. Pour mieux aborder ces sujets, nous avons mis en place différentes « task forces » qui favorisent la collaboration. Récemment, nous avons recruté une Directrice Plaidoyer dans le cadre d’un projet de changement de politiques, ce qui nous permettra d’affiner nos stratégies à grande échelle.
Cependant, nous faisons face à des défis croissants lors du déploiement de nos campagnes de sensibilisation dans certains pays. Par exemple, au Mali, la Direction de la Pharmacie et du Médicament a refusé l’affichage d’une campagne sur la pilule du lendemain, même si elle est autorisée depuis 2021. Ces obstacles nous obligent à adapter nos approches et à trouver des solutions créatives pour atteindre nos objectifs dans le respect des réglementations locales.
Quels sont les programmes ou les initiatives novatrices que DKT International a mis en place pour répondre aux besoins de santé reproductive des jeunes et des adolescents ?
Afin de maintenir la communication auprès de notre public cible malgré les obstacles rencontrés, nous avons développé une approche novatrice. Nous avons proposé aux officines privées de prendre en charge la vitrophanie, c’est-à-dire d’imprimer le contenu de nos affiches sur les vitrines des pharmacies. Ainsi, le message est diffusé à toutes les personnes qui passent devant ou entrent dans la pharmacie, assurant une visibilité continue.
Par ailleurs, notre Call Center est une initiative que je considère comme innovante pour répondre aux questions relatives à la santé reproductive des jeunes. Contrairement aux solutions existantes, notre équipe est composée de sages-femmes diplômées d’État, continuellement formées au counseling personnalisé, afin de répondre aux préoccupations spécifiques de la population. Cette approche garantit un soutien adapté et individualisé pour promouvoir la santé reproductive et permettre aux jeunes d’accéder à des informations essentielles et de qualité.
Quels sont les messages clés que vous souhaitez transmettre concernant l’importance de l’engagement du secteur privé dans les questions liées aux droits des femmes et à la santé reproductive ? Regardant vers l’avenir, quel est votre plus grand souhait pour la vie des femmes et des jeunes en Afrique de l’Ouest ?
Le secteur privé de la santé sexuelle et reproductive joue un rôle essentiel en fournissant une gamme de services et de produits aux consommateurs. À l’échelle mondiale, il est un acteur clé dans la fabrication et la distribution de ces produits. Au niveau national, son rôle peut varier, mais il est particulièrement important dans la prestation de services au sein de cliniques, d’hôpitaux, de cabinets médicaux et de pharmacies. Il est crucial de développer ce marché afin d’établir un changement durable et de réduire la dépendance future des États à l’égard des subventions internationales.
Nedjma BenzekriJe suis convaincue qu’une femme doit avoir la possibilité de choisir son destin reproductif (« reproductive destiny »). Je rêve d’une Afrique où les femmes seront maitresses de leur destin reproductif, en toute liberté et sans jugement.
Directrice Régionale de DKT FWACA
Mon rêve est de voir une Afrique où les femmes sont maîtresses de leur destin reproductif, en toute liberté et sans être jugées. J’aspire à un monde où elles ont accès à des services de santé sexuelle et reproductive de qualité, où elles peuvent prendre des décisions éclairées sur leur corps et leur vie reproductive, sans aucune entrave ni stigmatisation. Cela nécessite des efforts concertés pour renforcer le secteur privé, promouvoir l’éducation et l’autonomisation des femmes, et éliminer les barrières sociales, culturelles et économiques qui limitent encore leur accès aux soins et à l’information.