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Plan International fait un appel urgent pour amplifier la réponse aux crises humanitaires en Afrique de l’Ouest et du Centre

23 janvier 2023

Plan International et World Vision sont aux côtés des jeunes d’Afrique de l’Ouest et du Centre pour exhorter les bailleurs de fonds, les gouvernements nationaux et la communauté internationale à agir de toute urgence pour augmenter les investissements et trouver des solutions durables aux crises humanitaires dans la région. La situation est alarmante. Pour trouver des solutions durables, il est essentiel d’écouter activement la voix des filles et des jeunes.

La région d’Afrique de l’Ouest et du Centre continue d’être l’épicentre de violences armées et d’insécurité qui s’aggravent et atteignent des niveaux sans précédent. La violence et les conflits sont les principaux moteurs des crises humanitaires. Les chocs climatiques continuent de provoquer une famine aiguë dans un avenir prévisible, entraînant des déplacements et poussant des millions de personnes au bord de la famine. Le nombre de personnes souffrant de la faim en Afrique de l’Ouest et du Centre s’élève à 35 millions et devrait atteindre le chiffre record de 48 millions de personnes (dont 9 millions d’enfants) en 2023, si des solutions urgentes et durables ne sont pas apportées rapidement à ces crises.

Les effets prolongés des mesures de restriction imposées par le COVID, et le conflit entre la Russie et l’Ukraine, continuent d’aggraver l’insécurité alimentaire et les risques de protection dans la région. L’attention et les investissements des bailleurs de fonds semblent être réorientés vers les crises émergentes, alors qu’une attention relativement limitée est accordée à la crise plus persistante dans la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Les sombres projections d’insécurité alimentaire massive se concrétisent.

Rien qu’au Sahel, plus de 32,5 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire sévère, le nombre le plus élevé depuis 2016. On estime que près de 4 800 personnes au Nigeria et au Burkina Faso sont confrontées à des conditions proches de la famine (IPC Phase 5). En 2023, plus de 37,8 millions de Sahéliens auront besoin d’assistance et de protection. Cela représente plus de 3 millions de plus qu’en 2022. Dans le bassin du lac Tchad, plus de 17 millions de personnes, dont 6 millions d’enfants, vivent dans les zones touchées par le conflit et ont besoin d’une aide humanitaire. Après près de 13 ans de violence, les services sociaux de base sont déjà limités et les ressources naturelles sont mises à rude épreuve. A la fin de l’année 2022, environ 5,6 millions de personnes dans le bassin du lac Tchad étaient en situation d’insécurité alimentaire sévère, c’est le chiffre le plus élevé depuis 4 ans, il comprend 300 000 enfants qui souffrent de malnutrition sévère.

Les perspectives en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle pour 2023 sont extrêmement préoccupantes. Dans les zones touchées par les conflits du bassin du lac Tchad (Cameroun, Nigeria et Tchad) et de la région du Sahel central (Burkina Faso, Mali et Niger), on prévoit que 25 500 personnes connaîtront une famine catastrophique (phase 5) pendant la période de soudure de juin à août 2023, à moins que des mesures urgentes ne soient prises dès maintenant. « Mon lait maternel n’était pas suffisant pour mes deux enfants parce que je ne mangeais pas assez moi-même », a déclaré Ada, mère de jumeaux malnutris dans la région de Mopti, au Mali. Les conditions socio-économiques actuelles sont considérées comme des facteurs aggravants pour les troubles civils. Ceci devrait donc être un signal d’alarme pour tous les gouvernements et leurs partenaires dans la région.

Les filles, les adolescentes et les femmes sont les plus touchées.

À mesure que la pauvreté et le manque d’accès aux moyens de subsistance s’aggravent, les familles ont de plus en plus recours à des mécanismes d’adaptation néfastes. Les filles sont davantage exposées aux risques de mariage précoce ou forcé, de grossesse précoce, d’abandon scolaire ou de travail des enfants. Les filles et les femmes sont également exposées à un risque élevé de violence sexuelle lorsqu’elles vont chercher l’eau et le bois de chauffage nécessaires à la préparation des repas. Comme nous l’a récemment confié une jeune fille déplacée dans une communauté touchée par le conflit au Burkina Faso : « Le taux de viols augmente parce que nous sommes abandonnés, il n’y a personne pour nous aider, nous les déplacés… »

L’avenir à long terme de nombreux enfants est menacé, car plus de 12 400 écoles sont fermées ou non opérationnelles en raison de la violence, les filles étant les plus susceptibles d’être retirées de l’école et les moins susceptibles d’y retourner après des interruptions prolongées. Comme nous l’a récemment confié Biba, 17 ans, une jeune fille déplacée dans la région de Tillaberi : « Quelques mois après la mort de ma mère adoptive, mon frère aîné m’a retirée de l’école et m’a donnée en mariage à un homme que je ne connaissais pas. Je ne supportais pas que mon mari me touche car cela me fait vraiment mal ». Les femmes et les filles sont souvent les dernières à manger lorsque la nourriture se fait rare. « Nous, les femmes, souffrons davantage. Je me prive souvent de nourriture pour que mes enfants puissent manger. » Bibata, 45 ans, déplacée interne dans la région du Centre-Nord du Burkina Faso, mère de 7 enfants.

Les pays touchés sont parmi les plus vulnérables au changement climatique.

La crise climatique fait également payer un lourd tribut à la région. Au 9 décembre 2022, les pires inondations depuis des années ont touché 5,5 millions de personnes dans les pays du Sahel. Les fortes pluies et les inondations ont continué à faire des ravages en termes de vies humaines, de biens, de terres agricoles et de bétail, tuant 946 personnes, en blessant 3 701 et en déplaçant 1,8 million de personnes. Quelque 437 000 maisons ont été détruites dans la région. De nombreuses régions touchées étaient déjà aux prises avec des niveaux élevés d’insécurité alimentaire, de malnutrition d’instabilité et de violence. « Nous mangions une fois par jour, il y avait des moments où nous dormions le ventre vide, sans avoir rien mangé » Rachida, 18 ans, touchée par les inondations à Niamey.

Insuffisance des financements et augmentation des besoins humanitaires.

L’intensification de la réponse aux besoins urgents des personnes est entravée par l’insuffisance des financements, et la crise dépasse la mesure prises. Les actions de relèvement précoce3 et de résilience sont les moins financées. Cela risque de faire reculer l’horloge du développement humain global et des avancées en matière de droits de l’homme réalisées au cours de la dernière décennie, notamment en ce qui concerne les droits des filles et l’égalité des sexes. Rotimy Djossaya, Directeur Exécutif de Plan International Afrique de l’Ouest et du Centre, met en garde : « L’année 2021 a vu une augmentation drastique des besoins humanitaires dans le Sahel central et le bassin du lac Tchad, atteignant 22,2 millions de personnes ayant besoin d’une assistance vitale en décembre 2022. Dans le même temps, seuls 41% des fonds requis par la communauté humanitaire pour répondre aux besoins urgents dans le Sahel central ont été réunis, tandis que 37% l’ont été pour l’ensemble du bassin du lac Tchad. »

Principaux éléments de la réponse de Plan International.

En juin 2022, Plan International a déclaré un niveau d’Alerte Rouge pour faire face à la crise de la faim, y compris dans les pays prioritaires de la région : Burkina Faso, Mali, Niger, en intensifiant les efforts de réponse tels que les distributions de denrées alimentaires, l’assistance en espèces et sous forme de bons, les cantines scolaires, le dépistage de la malnutrition et la supplémentation nutritionnelle, ainsi que la protection des moyens de subsistance et les activités de soutien telles que l’alimentation complémentaire du bétail, la fourniture de semences et d’autres intrants agricoles. Notre programme promeut une éducation inclusive de qualité dans les situations d’urgence, la fourniture d’un soutien psychosocial, l’information sur les droits en matière de santé sexuelle et reproductive (DSSR), la prévention des violences basées sur le genre (VBG). Nous mettons également en œuvre des programmes d’autonomisation et de stabilisation des jeunes, ainsi que des programmes de gestion des conflits et de cohésion sociale

Nous exhortons les bailleurs de fonds, les gouvernements nationaux, les institutions internationales et les organes de l’ONU à faire preuve de solidarité pour répondre de manière urgente aux crises humanitaires dans la région, en engageant les actions urgentes suivantes :

Fournir d’urgence 21,5 milliards de dollars US pour éviter à 49 millions de personnes d’être au bord de la famine et promouvoir la résilience de 48 millions de personnes, dont 9 millions d’enfants. Les fonds doivent être facilement disponibles, fournis immédiatement, flexibles et non affectés.
Les États et les institutions qui se sont engagés à prévenir la faim dans le cadre du Pacte du G7 pour la prévention de la famine et des crises humanitaires de 2021 doivent respecter leurs obligations, y compris leur engagement à agir selon une approche « sans regret » pour prévenir les pertes massives de vies humaines, et rendre compte des progrès réalisés par rapport à leurs engagements.
Amener les filles et les jeunes à la table des négociations, écouter activement leurs voix en tant que partenaires clés pour trouver des solutions durables à la crise, ce qui inclut le financement d’initiatives menées par des jeunes.

Ne pas détourner les fonds de la réponse à la crise en Afrique de l’Ouest et du Centre, y compris pour la crise de la faim, vers d’autres urgences, y compris le conflit armé en Ukraine. Compte tenu de la crise horrible causée par la situation désastreuse dans le pays et le nombre croissant de réfugiés, les fonds destinés à cette réponse doivent s’ajouter à ceux déjà engagés.
Agir tôt permet de sauver des vies. Il est essentiel de financer les actions d’anticipation et de préparation, sur la base d’indicateurs d’alerte précoce, en utilisant le cas échéant un financement basé sur les prévisions. Un financement adéquat, opportun et flexible doit être mis à disposition pour soutenir les interventions.

Augmenter le financement de la protection de l’enfance sensible au genre, de la prévention des violences basées sur le genre, du développement de la petite enfance et des services de santé et de droits à la santé sexuelle et reproductive, ainsi que des programmes essentiels d’alimentation scolaire.
Les efforts humanitaires et de développement doivent fonctionner en tandem, sur la base des principes « do-no- harm » et de l’acceptation par les communautés. Des investissements supplémentaires dans des solutions multidimensionnelles restent nécessaires. Les gouvernements hôtes et les communautés locales sont les premiers à réagir – ils ont besoin de soutien. Seuls une action coordonnée et un partenariat solide entre les communautés locales, les gouvernements nationaux, les acteurs de l’aide humanitaire et du développement et les partenaires internationaux, ainsi que des investissements soutenus dans les services sociaux, peuvent redresser la crise.
Des données ventilées par sexe et par âge sur les besoins en matière de sécurité alimentaire, y compris des informations sur les besoins des enfants et des adolescents en âge scolaire, sont essentielles pour répondre à leurs besoins spécifiques en fonction de l’âge et du sexe, en particulier ceux des adolescentes.

Dans la mesure du possible, il convient de soutenir les interventions menées au niveau local. Les organisations locales, y compris celles dirigées par des jeunes, ont besoin d’un financement direct, flexible et accru, et de jouer un rôle central dans la prise de décision concernant la réponse.

Publié le 23-01-2023 dans aNiamey

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