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Fiche discontinuité – Côte d’Ivoire

23 juillet 2025

Fiche discontinuité – Côte d’Ivoire

Recherche : Améliorer la continuité de l’utilisation des méthodes contraceptives chez les femmes et les jeunes filles en Côte d’Ivoire conduite par l’Institut Africain en Santé Publique au Burkina Faso 

Background de la recherche 

L’Objectif principal de la recherche était de mesurer l’incidence de la discontinuité de l’utilisation des méthodes contraceptives modernes, identifier et analyser les facteurs et les raisons liés à cette discontinuation. 

L’équipe a utilisé une méthode mixte avec une approche quantitative et qualitative complémentaires et imbriquées. Une cohorte de nouvelles utilisatrices PF a été suivie pendant un an ; la fréquence du suivi dépendant de la méthode utilisée. Des entretiens individuels approfondis et/ou des discussions de groupes ont été réalisés avec les femmes qui ont discontinué et celles qui ont continué les méthodes, avec les gestionnaires et les prestataires de services de soins de santé ainsi que les personnes influentes et/oules détenteurs d’enjeux en communauté. Les logiciels Stat et Nvivo 14 ont été utilisés respectivement pour l’analyse des données quantitatives et qualitatives. 

Principaux résultats 

Description de la population d’étude 

De janvier 2024 à Janvier 2025, l’équipe de recherche a : 

  • Suivi une cohorte de 753 utilisatrices de contraception dont 46,34% âgées de moins de 24 ans, et 28,2% vivant en milieu rural. Elles utilisaient l’implant (49,2%), les contraceptifs injectables (46,8%), les contraceptifs oraux (2,8%) et le DIU (1,2%). 
  • Réalisé 164 entretiens et discussions de groupe avec les utilisatrices, leur conjoint, les prestataires de santé et gestionnaires de programme. 

Incidence de la discontinuité 

Durant la période de suivi : 

  • 37,5% de la cohorte ont arrêté l’utilisation de la contraception. Sur cette proportion, 39,1% étaient des jeunes (15-24 ans) ; et 41,5% vivaient en milieu rural.  
  • Considérant le total d’utilisatrices par méthode, 68,3% des utilisatrices des contraceptifs oraux ont discontinué. Cette proportion est de 56,8% pour les injectables, 17,5% pour l’implant.  
  • Bien que, selon l’analyse bivariée, la tendance à la discontinuation ne varie pas selon l’âge et la qualité des services, l’analyse qualitative a révélé des contrastes. 

« … les femmes plus âgées constitue une tranche de population qui utilise beaucoup les méthodes et qui est observante … C’est dans cette tranche qu'on a beaucoup de clientes qui utilisent beaucoup les méthodes contraceptives de façon prolongée … »

(RCI, Gestionnaire de district, 51 ans, urbain) 

« … pour les petites filles là même ça dépend. Quand elles sont d'humeur, elles viennent faire mais après elles disent qu’elles n’en veulent plus. On ne connaît pas vraiment leur problème. Soit, elles oublient soit, elles disent qu’elles n’en veulent pas, elles ne savent même pas ce qu'elles veulent ... »

(RCI, Prestataire, 32 ans, rural)  

« Moi par exemple, j’ai fait mes menstrues sur une longue période, je suis venu voir la sage-femme, elle m’a conseillé de prendre certains comprimés, quand j’ai pris, j’ai arrêté de saigner. Cela m’a encouragé »

(RCI, continuante, 15-24, urbain, V3)  

  • La tendance de la continuité était significativement liée au niveau d’éducation (les femmes instruites ont plus discontinué) au nombre de grossesses antérieures (les nulligestes ont plus rapidement discontinué par rapport aux paucigestes et multigestes), le nombre d’enfants, à l’acceptabilité du conjoint, et l’existence de discussion sur la PF au sein du couple mais pas à l’âge du dernier enfant ni à l’acceptabilité de la PF par la communauté. 

« ... quand je lui (conjoint) ai parlé de prendre la contraception, il a dit qu'il y'a pas de problème, il m'a même complété l’argent pour ma première visite parce que quand c'est comme ça tu dois prendre carnet, tu dois faire ceci, il y'a des tests à faire. Donc après ça, quand le rendez-vous arrive je m'en vais moi-même … quand j'oublie … je fais le test et puis, on continue. »

(RCI, Discontinuante, 30 ans, urbain, V2)  

  • Enfin, les femmes ayant reconnu avoir plus d’autonomie de décision ou qui participaient à la prise de décision ont plus rapidement discontinué par rapport aux femmes non autonomes. 
Facteurs de discontinuation observés 

Les principaux facteurs de discontinuation observés sont :  

  • La profession de la femme : les élèves et étudiantes sont plus à risque de discontinuer l’utilisation des méthodes comparativement aux salariées, 
  • Le nombre d’enfants vivantes de la femme : plus une femme a un nombre élevé d’enfants vivants, moins elle était à risque de discontinuer l’utilisation de la méthode contraceptive  
  • Les femmes qui avaient déclaré se faire des soucis par rapport au respect de leur intimité dans la formation sanitaire avaient plus de risque de discontinuer leur méthode 
  • Les femmes qui obtenaient leur méthode d’une formation sanitaire située à plus de dix kilomètres de leur domicile étaient plus à risque de discontinuer  
  • Les femmes qui recevaient les services dans une formation sanitaire où on avait en moyenne plus de quatre utilisatrices de méthodes par jour par agent de santé, étaient moins à risque de discontinuer leur méthode. 
Raisons de discontinuation évoquées 

Les raisons de discontinuation sont largement dominées par les effets secondaires (58,6%). Ensuite, certaines femmes ont évoqué le manque de temps pour aller dans la formation sanitaire (15%), l’abscence du conjoint (4,8%), et l’oubli de la prise (5,1%).  

« La première fois que j’ai utilisé la contraception moderne, je ne voyais pas mes menstrues, la deuxième fois l’implant n’a pas été bien posé et c’est sorti. La sage-femme m’a grondé, je suis rentrée à la maison et je n’ai plus mis pied à l’hôpital encore … la méthode m’a fait maigrir … Cette méthode a eu plus d’effets négatifs sur moi que positifs »

(RCI, discontinuante, 20 ans, rural, V1) 

Autres analyses : Accessibilité et Autonomie de décision 

L’accessibilité a été analysée sous les dimensions d’accessibilité géographique, financière et d’acceptabilité : 

  • Distance moyenne entre le domicile et la formation sanitaire : 10,1 Km ;  
  • Dépense moyenne par femme : 235 XOF en transport et 2455 XOF pour les produits ; 
  • 74,8% des conjoints acceptent la PF 

Un peu plus du tiers des femmes (36%) ont déclaré avoir une autonomie de prise de décision d’utilisation des services PF. Il n’y a pas de différence selon l’âge. 

Recommandations pour améliorer la continuité contraceptive 

Le plan d’action issu de la restitution des résultats au niveau national et régional recommande, entre autres, la continuité du renforcement de capacités de prestataires avec un accent particulier sur la gestion des effets secondaires, le réaménagement des salles dans les formations sanitaires afin d’améliorer la confidentialité et le respect de l’intimité. Pour la création d’un environnement favorable, il est recommandé des communications ciblées pour améliorer le dialogue avec les jeunes et le pouvoir de décision de l’ensemble des utilisatrices.

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