Améliorer la continuité de l’utilisation des méthodes contraceptives par les femmes et les jeunes filles en Guinée
Background de la recherche
L’Objectif principal de la recherche était de mesurer l’incidence de la discontinuité de l’utilisation des méthodes contraceptives modernes, identifier et analyser les facteurs et les raisons liés à cette discontinuation.
L’équipe a utilisé une méthode mixte avec une approche quantitative et qualitative complémentaires et imbriquées. Une cohorte de nouvelles utilisatrices PF a été suivie pendant un an ; la fréquence du suivi dépendant de la méthode utilisée. Des entretiens individuels approfondis et/ou des discussions de groupes ont été réalisés avec les femmes qui ont discontinué et celles qui ont continué les méthodes, avec les gestionnaires et les prestataires de services de soins de santé ainsi que les personnes influentes et/oules détenteurs d’enjeux en communauté. Les logiciels Stat et Nvivo 14 ont été utilisés respectivement pour l’analyse des données quantitatives et qualitatives.
Principaux résultats
Description de la population d’étude
De janvier 2024 à janvier 2025, l’équipe de recherche a :
- suivi une cohorte de 824 utilisatrices de contraception dont 48,7% âgées de moins de 24 ans, et 36,7% vivant en milieu rural. Elles utilisaient l’implant (53,2 %), les injectables (19,8 %) et les contraceptifs oraux (14,0 %).
- réalisé 125 entretiens et discussions de groupe avec les utilisatrices, leur conjoint, les prestataires de santé et gestionnaires de programme.
Incidence de la discontinuité d’utilisation des méthodes
Durant la période de suivi :
- 46,7% de la cohorte ont discontinué l’utilisation des méthodes contraceptives. Sur cette proportion, 44,6% étaient des jeunes (15-24 ans) ; et 40,7% vivaient en milieu rural.
- Considérant le total d’utilisatrices par méthode, 83,3% des utilisatrices de méthodes injectables ont discontinué. Cette proportion est de 72,6 pour les contraceptifs oraux (72,6%), 27,9% pour le DIU (27,9%) et 24,1% pour les implants.
- La tendance de la continuité était significativement liée au lieu de résidence (les femmes vivant en milieu urbain discontinuent plus rapidement que celle qui vivent en milieu rural), à l’âge du dernier enfant (les femmes dont le dernier enfant avait plus de 2 ans avaient plus tendance à discontinuer) et au niveau de satisfaction par rapport aux services.
« Quand j’ai été à l’hôpital pour me planifier, celle chez qui je suis partie m’a confiée à une stagiaire. La manière dont elle a mis mon implant n’était pas bien, c’était loin l’un de l’autre, elle n’a pas bien placé l’implant, il y a un en haut et l’autre en bas introduit sous ma peau, tu as vu. Donc, je suis restée comme cela, depuis que j’ai quitté je ne voyais plus mes règles, je souffrais, mon ventre ballonnait et me faisait mal, je me suis inquiétée et je me suis retournée à l’hôpital, j’ai enlevé »
(RG, Discontinuante, Rural,20 ans,V2)
- Le risque de discontinuité est plus élevé chez les femmes qui utilisent les méthodes de courte durée d’action.
- Les femmes qui ont déclaré être autonomes dans la prise de décision ou la partager ont plus tendance à discontinuer, comparativement à celles qui n’avaient aucune autonomie de décision.
Facteurs de discontinuité observés
Les principaux facteurs de discontinuation observés sont :
- La résidence en milieu urbain comparativement au milieu rural réduit le risque de discontinuité de la méthode
- Les femmes qui ont rapporté que leurs amis sont favorables à la PF ont un risque plus élevé de discontinuer l’utilisation de la méthode comparativement à celles qui avaient des amis défavorables à la PF.
- Les femmes qui reçoivent leurs méthodes dans une formation sanitaire où en moyenne par jour on a entre 2-4 utilisatrices par agent de santé sont plus à risque de discontinuer comparativement aux situations où on a en moyenne moins de 2 utilisatrices par agent de santé et par jour.
Raisons de discontinuation évoquées
La survenue des effets secondaires est la principale raison de discontinuité d’utilisation de la méthode contraceptive (41%), suivie de l’oubli de la prise (12,1%), le désir de grossesse (11,3%) et l’opposition du partenaire (9,4%).
« Au niveau du couple, au début le mari peut accepter mais à la longue il dit non et la femme est obligée d’enlever la contraception… »
(RG, Gestionnaire FS, 41 ans)
Autres analyses :
Accessibilité géographique et financière
- La distance moyenne parcourue par les femmes jusqu’aux formations sanitaires est de 6,2 kms.
- La dépense moyenne par femme est de 6553 GNF en transport et 16889 GNF pour les produits
Acceptabilité par l’entourage et autonomie de décision
- Seules 36,2 % des femmes jugent leur conjoint favorable à la contraception. L’acceptabilité perçue chute encore davantage concernant les beaux-parents (3,4 %) et la communauté (3,5 %).
- L’autonomie de décision des femmes en matière de PF est plus élevée (63,8 %) que pour le recours aux services de santé en général (23,8 %), et cette autonomie croît avec l’âge.
Recommandations pour améliorer la continuité contraceptive
Le plan d’action issu de la restitution des résultats de l’étude recommande le renforcement de l'offre des services de qualité en faveur de la réduction de la discontinuité de l'utilisation de la contraception moderne chez les femmes, la création d'un environnement familial, socioculturel favorable à la continuité de la contraception moderne chez les femmes, la mobilisation des ressources financières pour améliorer la continuité de l'utilisation de la contraception moderne et le renforcement de la recherche sur la discontinuité des méthodes de contraception moderne.