24 août 2020
La Ministre canadienne du Développement International, Karina Gould décrit la réponse de son pays à la crise sanitaire de la COVID-19 et évoque les grands axes de la coopération entre la Côte d’Ivoire et le Canada. Le Canada, comme presque tous les pays du globe, est touché par la COVID-19, mais fait partie des pays qui gèrent au mieux la crise sanitaire liée à la pandémie.
Comment avez-vous conçu votre stratégie de riposte ?
La stratégie du Canada a été bâtie avec tous les ordres du gouvernement et bien sûr avec la population canadienne. Une des mesures les plus importantes que nous avons prises a été de demander aux personnes de rester à la maison. Cela a été possible, car nous leur avons aussi fourni un soutien économique, particulièrement à ceux qui ont perdu leur travail. Pour ces personnes, nous avons mis en place une prestation canadienne d’urgence et une subvention salariale pour les entreprises. Les Canadiens ont bien suivi les consignes de santé publique et ont réagi d’une manière vraiment responsable. Nous avons aussi fermé rapidement les frontières. Notre stratégie a porté ses fruits. Le nombre de nouveaux cas a vraiment baissé au Canada, mais nous restons prudents. Nous ne rouvrons pas rapidement afin de continuer à bien contenir la propagation du virus. On s’assure que les gens respectent toujours les consignes de santé publique et on demande de limiter les activités au même cercle restreint de personnes.
La stratégie du Canada s’étend au-delà de ses frontières pour bénéficier finalement à d’autres pays, notamment la Côte d’Ivoire et l’Afrique. Quelles sont les axes prioritaires de cette intervention canadienne ?
Les canadiens comprennent l’importance d’apporter une réponse mondiale à la pandémie. Nous avons donc annoncé 1,5 milliard de dollars canadiens (environ 630 milliards de F Cfa) à cette fin : un milliard pour des prêts à travers le Fmi et 500 millions essentiellement en aide humanitaire et pour la mise en place d’un ou de plusieurs vaccins. Dans les 500 millions, 100 millions environ ont été accordés à des fins humanitaires avec par exemple un soutien au Programme alimentaire mondial, mais aussi pour l’Organisation mondiale de la santé. Sur ce plan, nous avons également annoncé de l’aide pour l’African disease control center, le système de soins de santé régional d’Afrique de l’Ouest, mais aussi pour l’Organisation ouest africaine de la santé.
Vous avez annoncé récemment un ajout de cinq millions de dollars à cette enveloppe déjà importante. Des secteurs sont-ils particulièrement visés par cet ajout ?
Je crois que vous devez faire référence à notre annonce du 13 juillet dernier, lors de l’événement de haut niveau de l’Unicef et le HCR. En effet, cette annonce comprend cinq millions de dollars pour les projets éducatifs en faveur des pays fragiles touchés par les conflits, dont 1,1 million pour le projet ‘’Droits à l’éducation inclusive’’ afin de faciliter notamment l’éducation à distance en Côte d’Ivoire dans un contexte de fermeture d’écoles et un million supplémentaire pour le projet ‘’Pour chaque fille, le droit à l’éducation’’, mis en œuvre en Côte d’Ivoire et qui favorise leur éducation à distance et lutte contre les violences dont elles sont victimes.
Bien d’autres domaines de la vie socio-économique ont montré leur vulnérabilité due à la crise sanitaire. Notamment la santé dans tous ses aspects et les femmes. La réponse du Canada concerne-t-elle tous ces aspects ?
L’impact de la crise le plus important est bien entendu sur le plan sanitaire mais comme je viens de le mentionner, il y a aussi une crise sur les plans de l’éducation, de l’assistance humanitaire, de l’insécurité alimentaire, de l’égalité entre les sexes, de la santé sexuelle et des droits reproductifs des femmes. Notre aide sur ce dernier plan, à savoir les droits reproductifs des femmes, prend en compte le soutien supplémentaire aux organisations : Marie Stopes International, IPAS et le Fonds d’Affectation Spéciale des Nations Unies pour l’Elimination de la Violence à l’égard des Femmes. Cela fait partie d’un plan plus large du Canada qui consiste vraiment à combattre pour l’aide et l’égalité des genres et promouvoir les droits des femmes et des filles.
On parle de plus en plus de l’imminence d’un vaccin contre la COVID-19. Peut-on y voir la fin de la pandémie ?
Comme nous pouvons le constater actuellement, la pandémie est vraiment en train de croître avec force dans les pays en voie de développement, surtout en Amérique du Sud, mais aussi en Afrique et en Asie. Tout de même, de nombreux vaccins expérimentaux sont en ligne et nous donnent beaucoup d’espoir. Le Canada a déjà contribué dans ce domaine avec 60 millions de dollars pour la recherche et le développement à l’échelle internationale d’un ou plusieurs vaccins. Nous investissons et nous sommes engagés aussi dans le Mécanisme de garantie de marché et les activités de la structure Covax pour nous assurer qu’un vaccin, une fois disponible, soit distribué d’une manière égale, équitable et abordable pour tout le monde et pas seulement dans les pays riches. Le Canada se bat dans ce sens pour les pays en voie de développement, notamment africains.
Aujourd’hui, quelle devrait être, selon vous, l’attitude des dirigeants et des populations ?
Chaque pays avec sa population est confronté à une situation différente et à une histoire différente. Je comprends qu’il puisse être difficile de rester à la maison, car on a besoin de travailler et de nourrir sa famille. Cependant, chaque gouvernement et chaque citoyen doit penser à comment se protéger, protéger sa famille, ses amis et ses populations face à ce virus. Même si la plupart des personnes ne risquent de souffrir que de symptômes réduits, on constate aujourd’hui qu’il y a plus de 16 millions de cas confirmés à travers le monde et 600 000 décès. Le danger et les risques sont réels. Le Canada fait donc sa part pour combattre le coronavirus et protéger les populations. Nous devons tous faire notre part pour limiter les possibilités que le virus continue de se propager dans le monde.
Parlons un peu à présent de la coopération ivoiro-canadienne. A quel niveau se situe cette relation ?
La Côte d’Ivoire et le Canada entretiennent une amitié, une coopération et un partenariat qui datent de très longtemps. Et nous tenons beaucoup à ces relations. Bien sûr, nous avons la langue française en commun; ce qui renforce les liens. L’aide annuelle du Canada à la Côte d’Ivoire est d’environ 30 millions de dollars canadiens, soit environ 12,5 milliards de F Cfa. Nous travaillons régulièrement avec des partenaires comme le Pnud, la Banque africaine de développement (Bad) et la Francophonie.
Qu’est-ce qui est fait concrètement ?
Sur le terrain, nous avons toujours des projets en cours déployés par des Ong canadiennes partenaires que nous soutenons et qui sont en phase avec nos priorités que sont par exemple l’égalité homme-femme, la santé sexuelle et les droits reproductifs féminins. Par exemple, nous soutenons la ‘’Plateforme d’innovation pour la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants du Canada’’ de l’organisme ‘’Grands défis Canada’’ pour améliorer la vie de ces derniers. Nous soutenons aussi le projet ‘’Ensemble : améliorer la santé et les droits sexuels et reproductifs des femmes et des filles’’ d’Humanité et Inclusion Canada. Grâce à ce projet, nous ambitionnons de renforcer la capacité à promouvoir des comportements et des normes sociales favorables aux femmes et aux adolescentes en santé et droits sexuels et reproductifs; à former du personnel et à renforcer la capacité de la société civile en SDSR. Plus généralement, le Canada appuie la mise en œuvre du Partenariat de Ouagadougou en matière de planification familiale en Afrique de l’Ouest francophone. A ce titre, nous travaillons par exemple avec des Ong internationales telles que Population Service International. Un tiers du budget de leur projet ‘’Améliorer la santé sexuelle et reproductive en Afrique de l’ouest francophone’’ est, au passage, destiné à la Côte d’Ivoire.
Faustin Ehouman
Publié le 15-08-20202 dans Fratmat
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