14 septembre 2020
Depuis 2002, le Mali a adopté une loi sur la santé de la reproduction. Elle vise à assurer aux femmes et aux adolescentes des services de qualité en matière de santé maternelle et reproductive. La plupart des bénéficiaires méconnaissent cette loi, peu vulgarisée.
« On entend par santé de la reproduction, le bien-être général, tant physique que mental et social de la personne humaine, pour tout ce qui concerne l’appareil génital, ses fonctions et son fonctionnement et non seulement l’absence des maladies ou d’infirmités », stipule l’article 1er de la loi relative à la santé de la reproduction.
Les services de santé en matière de reproduction sont aussi définis par cette loi. Ils sont l’ensemble des méthodes, techniques et services qui contribuent à la santé et au bien-être en prévenant et en proposant des solutions aux problèmes liés à la procréation.
Par ailleurs la loi Lahaou Touré, du nom de l’ancien vice-président du parlement malien qui l’avait portée, prend en compte l’ensemble des mesures préventives, curatives et promotionnelles visant à améliorer la prise en charge des groupes vulnérables que constituent les femmes, les enfants et les jeunes adultes. Son objectif est de réduire la mortalité et la morbidité maternelle, infantile et juvénile et promouvoir ainsi le bien-être familial.
La disposition va plus loin. Elle oblige aussi toute personne physique ou morale, intervenant dans le domaine de la santé de la reproduction, à porter à la connaissance des individus et des couples les avantages, les risques et l’efficacité de toutes les méthodes de régulation de naissance qu’elle leur propose.
Dans son article 7, cette loi confère aux mères le droit à l’orientation, à l’information, à l’éducation, à la communication et de manière générale à tous les services en matière de planification familiale et de santé de la reproduction. Les soins prénatals, périnatals postnatals, y compris la promotion de l’allaitement au sein, sont aussi des droits garantis par le texte. Au même titre que la prévention de la stérilité, de l’infertilité, de l’avortement et les moyens de faire face aux conséquences de cette pratique.
Sur avis médical confirmé par une contre-expertise, toute femme mariée dont la vie pourrait être menacée par la survivance d’une grossesse peut, sur son seul consentement écrit, bénéficier d’une méthode de contraception irréversible. Ces différentes dispositions concourent au bien-être de la femme de l’enfant en définissant les conditions pour une grossesse réussie.
Au Mali, les lois protégeant les femmes existent à foison. C’est leur vulgarisation qui fait défaut. Nombreuses sont les mères qui ignorent l’existence de cette loi sur la santé de la reproduction.
Je suis à ma quatrième maternité. C’est à travers vous que je découvre l’existence de cette loi. Durant toutes mes maternités, j’ai eu besoin d’un bon suivi prénatal et postnatal, mais j’ignorais que c’est la loi qui m’octroyait ce droit-là, dit Djeneba Arou.
Djènèba n’est pas la seule à ignorer l’existence d’une telle loi. Sanata Ballo a découvert avec moi l’article 5 qui donne le droit de décider librement, avec discernement, du nombre d’enfants et de l’espacement de leur naissance, et de disposer des informations nécessaires pour ce faire. C’est avec une surprise qu’elle a appris l’existence de la loi : Maintenant que je sais que cette loi existe, j’ai le droit d’aborder l’espacement des naissances avec mon mari. Nous discuterons du sujet pour mon bien-être. L’espacement actuel ne m’arrange pas.
Certaines mères ou femmes enceintes jouissent des droits de protection à travers les sages-femmes, qui s’appliquent pour respecter la loi. Cependant une nécessaire campagne de sensibilisation sur cette loi s’impose pour celles qui ignorent son existence.
Publié le 11-09-2020 dans Malijet
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