7 février 2022
Le 6 février marque la Journée Internationale de tolérance zéro à l’égard des Mutilations Génitales Féminines. L’occasion de faire le point sur ces pratiques aux lourdes conséquences pour la santé des femmes.
Sommaire
Au moins 200 millions de filles et de femmes ont subi une mutilation sexuelle dans le monde. Une estimation est certainement sous-évaluée, souligne l’Unicef, à l’occasion de la dixième journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations. Ce chiffre correspond en effet à 31 pays où l’organisation a pu vérifier et recenser les cas. « D’autres études menées révèlent que ces pratiques existent dans au moins 20 autres pays à travers le monde, ce qui pourrait augmenter le nombre exact de filles et de femmes concernées », regrette l’UNICEF (source 1).
Les mutilations sexuelles féminines « recouvrent toutes les interventions incluant l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre lésion des organes génitaux féminins qui sont pratiquées pour des raisons non médicales« , indique l’OMS dans un rapport paru le 22 janvier 2022 (source 2).
On distingue quatre catégories de mutilations génitales :
Les mutilations génitales sont pratiquées chez les filles et les femmes, la plupart du temps entre la petite enfance et l’âge de 15 ans.
« Cette intervention est le plus souvent pratiquée par des circonciseurs traditionnels, qui jouent souvent un rôle central dans les communautés, notamment en tant qu’accoucheurs », explique l’OMS (source 2).
Et de préciser : « dans de nombreux endroits, les mutilations sexuelles féminines sont pratiquées par le personnel médical du fait de la croyance erronée selon laquelle l’intervention est moins dangereuse lorsqu’elle est médicalisée« .
Les mutilations sont principalement opérées en Afrique (de la côte atlantique à la corne de l’Afrique), au Moyen-Orient (notamment en Irak et au Yémen), ainsi que dans certains pays en Asie et en Indonésie.
« Les données montrent que cela varie considérablement d’un pays à un autre. Par exemple, cette pratique est très répandue en Somalie, en Guinée, au Mali et à Djibouti où 90 % de femmes et de filles sont concernées contre 1 % au Cameroun et en Ougan », précise l’Unicef (source 1).
Dans certaines communautés, les mutilations génitales féminines représentent une pratique quasi universelle, qui est très rarement contestée, note l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). On les considère comme une étape nécessaire dans l’éducation d’une fille. C’est un moyen de la préparer à l’âge adulte et au mariage : elles visent à assurer la virginité prénuptiale et la fidélité conjugale, ou encore à décourager les femmes d’avoir des rapports extra conjugaux.
Dans d’autres communautés, ces mutilations sont aussi associées à des idéaux culturels de féminité et de modestie.
Les mutilations sexuelles féminines ne présentent absolument aucun avantage pour la santé. Bien au contraire, toutes les formes de mutilations sexuelles féminines sont associées à de nombreux risques Et d’une manière générale, « plus l’intervention est importante, plus les risques augmentent », alerte l’OMS.
À court terme, ces mutilations peuvent provoquer de fortes douleurs, un état de choc, de graves hémorragies, une forte fièvre, des problèmes urinaires, de graves infections telles que le tétanos, des lésions, voire le décès.
Sur le long terme, la santé sexuelle, reproductive et mentale des femmes est aussi lourdement impactée. Elles peuvent être confrontés à :
Les mutilations sexuelles féminines sont internationalement considérées comme une violation des droits des jeunes filles et des femmes, insiste l’OMS. Et de poursuivre : « Elles sont le reflet d’une inégalité profondément enracinée entre les sexes et constituent une forme extrême de discrimination à l’égard des femmes. Elles sont presque toujours pratiquées sur des mineures et constituent une violation des droits de l’enfant. Ces pratiques violent également les droits à la santé, à la sécurité et à l’intégrité physique, le droit d’être à l’abri de la torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que le droit à la vie lorsqu’elles ont des conséquences mortelles ».
Deux millions de cas supplémentaires de mutilations génitales féminines pourraient survenir d’ici 2030, alerte l’Unicef dans un communiqué paru le 3 février.
« Nous perdons du terrain dans la lutte pour mettre fin aux mutilations génitales féminines, avec des conséquences désastreuses pour des millions de filles là où cette pratique est la plus répandue », a déclaré la Conseillère principale de l’UNICEF pour la prévention de ces pratiques néfastes, Nankali Maksud (source 3).
En cause ? L’épidémie de COVID-19 qui sévit depuis la fin 2019. Depuis le début de la pandémie, de nombreux programmes visant à lutter contre les mutilations ont dû être reportés, explique l’Unicef. Et « lorsque les filles ne peuvent pas accéder aux services vitaux, aux écoles et aux réseaux communautaires, leur risque de subir des mutilations génitales féminines augmente considérablement – menaçant leur santé, leur éducation et leur avenir ».
Sources
Source 1 : « Excision : deux millions de cas supplémentaires de mutilations génitales féminines pourraient se produire« , UNICEF, 1er février 2022
Source 2 : « Mutilations sexuelles féminines« , OMS, 22 janvier 2022
Source 3 : « La pandémie de COVID-19 menace la lutte contre les mutilations génitales féminines« , UNICEF, 3 février 2022
Publié le 06-02-2022 dans SantéMagazine
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