11 décembre 2023
La Côte d’Ivoire a enregistré un total de plus de 3 580 cas de grossesse en milieu scolaire entre septembre 2022 et avril 2023. Un véritable fléau que le Réseau Ivoirien des Jeunes contre le Sida (RIJES) et le Réseau des Jeunes Ambassadeurs (RJA), deux organisations de jeunes, proposent de combattre.
José Drouyahi, est le responsable communication du Réseau Ivoirien des Jeunes contre le Sida (RIJES). C’est un réseau de plusieurs associations dans toute la Côte d’Ivoire. La question des grossesses en milieu scolaire le préoccupe énormément. Une question qui ne laisse d’ailleurs aucune personne sensée indifférente. Selon le rapport 2023 du Conseil national des Droits de l’Homme, la Côte d’Ivoire a enregistré un total de plus de 3 580 cas de grossesse en milieu scolaire sur la période allant de septembre 2022 à avril 2023. Un chiffre toujours très élevé. Malgré les bonnes résolutions prises chaque année par les autorités ivoiriennes.
Mais qu’est-ce qui ne marche pas ? Pour José Drouyahi, « les chiffres parlent et illustrent bien la réalité des adolescents et jeunes aujourd’hui ». Selon lui, l’approche qui a consisté à installer des clubs santé dans les établissements, si elle est à saluer, n’est pas cependant pas efficace, car, ces « clubs n’existent que de nom dans la plupart de nos établissements scolaires et n’attirent pas grand monde ».
En outre, les clubs santé, relève pour sa part mademoiselle Kouame Akissi Viviane, présidente du Réseau des Jeunes Ambassadeurs, sont très récents et « ne sont pas présents dans toutes les écoles ». Ce qui fait selon elle que les grossesses en milieu scolaire ont la peau dure en Côte d’Ivoire, « c’est l’absence de l’enseignement de l’éducation complète à la sexualité à l’école en tant que matière comme les mathématiques, l’histoire, l’anglais… » Mais pas que ! Elle pointe aussi l’absence de communication parents-enfants sur les problématiques du sexe.
Pour autant, José Drouyahi pense que les choses semblent aller dans le bon chemin. «Déjà, l’approche des cours d’éducation à la santé et à la vie saine (ESVS) est bonne, car elle permet peu à peu d’intéresser et les encadreurs et les élèves eux-mêmes à la question de la santé sexuelle. La brèche est en train de s’ouvrir et les tabous autour de la sexualité s’estompent à l’école».
«Aussi, faut-il, dynamiser les clubs santé avec de nouvelles stratégies attractives », a proposé le responsable communication du RIJES.
C’est d’ailleurs cette action que son ONG entend mener dans les prochains trimestres. «Nous allons pour les prochains trimestres réunir nos camarades pour réfléchir sur le contenu à donner aux clubs santé et le présenter aux décideurs. Il le faut, pour que les élèves eux-mêmes prennent réellement les devants dans la réponse à ce problème», a-t-il annoncé. En plus de cette solution, «Nous voulons renforcer davantage les OSC de jeunesse locales pour qu’elles puissent promouvoir auprès des parents le dialogue intergénérationnel», a poursuivi José Drouyahi. Certes, selon lui, dans les écoles, les ONG font des sessions d’information générale sur la santé sexuelle, mais «ce n’est pas suffisant, car ce sont très souvent des actions ponctuelles et elles sont très rarement prolifiques pour un changement d’attitude. Il faut des actions pérennes dans les écoles, un contact permanent avec les élèves. En dehors ou au sein des écoles, il faudra des actions continues».
De son côté pour la présidente du réseau des Jeunes ambassadeurs, si on veut enrayer « ce phénomène, il faut que l’ESVS soit enseignée à l’école comme on enseigne l’histoire, les mathématiques, les sciences. Sans cela, il sera difficile d’aider les adolescents ». En tant qu’organisation de jeunes, elle mène des activités pour le changement de comportement. Et à l’endroit des décideurs, « nous faisons le plaidoyer pour que l’éducation complète à la sexualité soit enseignée à l’école. Et qu’il y ait une vraie appropriation dans tous les curricula de formation des enseignants afin qu’ils puissent véhiculer ces cours qui vont aider les jeunes à retarder au maximum leur premier rapport sexuel pour que quand ils voudront avoir leur premier rapport sexuel, ils puissent se protéger contre les IST et les grossesses indésirées et précoces ».
Mais pour que ces actions puissent aboutir, Kouame Akissi Viviane plaide pour plus de financement pour les organisations de jeunes. «Nous rencontrons des difficultés financières parce que nous n’avons pas assez de moyens. Nous dépendons des subventions et des appels à propositions qui ne sont pas flexibles», a-t-elle déploré.
Coulibaly Zié Oumar
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