14 décembre 2022
Mercredi 14 décembre 2022, la Guinée, la Côte d’Ivoire, la Mauritanie et le Sénégal font le point sur leurs avancées en matière de planification familiale. C’était lors de l’avant journée de la Réunion Annuelle du Partenariat de Ouagadougou dont la clôture est prévue jeudi 15 décembre 2022 à Niamey(Niger). Tout y passe, multisectorialité, digital, Sayana-Press et normes sociales.
Sous la modération du Représentant Résident du bureau du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) en Mauritanie, Cheikh Fall, les délégations de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, de la Mauritanie et du Sénégal ont passé en revue leurs avancées en matière de planification familiale.
Côte d’Ivoire : multisectorialité et digital
Dr. Gnou Tanoh, Directeur Coordonnateur du Programme National de la Santé de la Mère et de l’Enfant de la Côte d’Ivoire a évoqué deux stratégies adoptées par la Côte d’Ivoire pour améliorer la prévalence contraceptive et la santé reproductive. Il a mis en exergue le bon quantitatif réalisé par son pays, soulignant que la prévalence contraceptive est passée de 23 à 25 % grâce à la multisectorialité et à l’innovation technologique.
Il a évoqué dans ce cadre la création de la plateforme E-santé qui a permis de toucher les jeunes et les adolescents, en allant les trouver là où ils sont, c’est-à-dire, dans les réseaux sociaux. Grâce à cette plateforme, selon lui, les jeunes et les adolescents peuvent dorénavant avoir accès à des spécialistes de la santé reproductive et de la planification familiale, pour trouver les bonnes réponses à leurs questions, voire obtenir des rendez-vous.
L’un des défis auquel est confronté la Côte d’Ivoire dans le domaine de la planification familiale, Dr. Tanoh a cité l’insuffisance des ressources financières, soulignant que seuls 400 millions de francs Cfa sont consacrés à l’achat de produits contraceptifs, avec une projection de 4 milliards dans les années à venir. Il a évoqué aussi parmi les difficultés l’absence d’une loi sur la santé de la reproduction et la non disponibilité des produits de la contraception au dernier kilomètre.
Education et planification familiale en Guinée
La Guinée, selon Dr. Fadima Kaba, Directrice de la Santé, de la Familiale et de la Nutrition, a tablé sur l’éducation à la planification familiale pour booster le taux de prévalence contraceptive dans le pays. A la tête d’une délégation de 13 membres dont des officiels, des religieux et des membres de la société civile, Dr. Kaba déclare que 60 % des ressources consacrées à la planification familiale sont assurées par l’Etat guinéen.
Par rapport aux défis rencontrés, elle a cité le faible niveau d’éducation des filles et des femmes, ainsi que leur faible pouvoir financier, mais aussi le problème de structuration des services de santé et l’insuffisance des prestataires formés. Sur les perspectives en 2023, Dr. Kaba a évoqué la poursuite de la stratégie basée sur l’éducation à la planification familiale et l’élaboration d’un nouveau plan d’action annuel budgétisé.
Le Sayana-Press et l’auto-injection en Mauritanie
Sidi Brahim Sidi Oumar, Directeur de la Santé de la Mère, du Nouveau-né et de l’Adolescent au Ministère de la Santé en Mauritanie, a déploré le faible taux de prévalence contraceptive, 14 %, dû, selon lui, à l’immensité du pays et sa faible densité. Il a cependant mis en exergue les avancées en matière de mortalité maternelle, dont le taux est passé de 585 à 424/110.000 naissances vivantes, entre 2015 et 2022. Il s’est félicité aussi de l’existence d’une loi sur la santé de la reproduction et son décret d’application. Il a cependant déploré la faible distribution des produits contraceptifs jusqu’au dernier kilomètre.
Le Sayana-Press est cependant en train de révolutionner la pratique de la planification familiale, dira-t-il en substance, laissant entendre qu’il est en train d’être la méthode la plus réclamée par les femmes car offrant la possibilité de l’auto-injection. Il a rappelé enfin que la contraception est réservée en Mauritanie aux seules femmes mariées, soulevant un brouhaha dans la salle.
Les normes sociales, véritables défis au Sénégal
Dr. Doucouré Amadou Directeur de la Santé de la Mère et de l’Enfant du Sénégal a d’emblée souligné l’importance de la participation inclusive des acteurs et les entraves dues aux normes sociales. Il s’est toutefois félicité du grand bon réalisé par le Sénégal dont le taux de prévalence contraceptive est passé de 11 à 25 % entre 2012 et 2019. Ce qui a eu selon lui un impact réel sur l’offre et la demande des services de planification familiale.
Il a toutefois déploré les pesanteurs socioculturelles dans un pays dominé par le poids des croyances religieuses et le pouvoir des confréries. Mais également le faible pouvoir des femmes dans une société fortement patriarcale, la persistance des accouchements à domicile et du mariage des enfants, mais aussi l’absence de dialogue entre les parents et les enfants sur la sexualité. Evoquant les perspectives, Dr. Doucouré Amadou a déclaré que le Sénégal table sur une prévalence contraceptive de 46 % en 2026 pour la capture du dividende démographique.
Parmi les stratégies envisagées pour atteindre ces objectifs, il a cité quelques outils, comme « Le Sénégal s’engage », le dialogue avec les familles religieuses et le développement d’argumentaires religieux en faveur de la planification familiale ainsi que le dialogue entre les religieux et les jeunes.
Il fut question par la suite de la mobilisation des ressources domestiques avec l’engagement au plus haut niveau des Etats, l’introduction de la planification familiale dans la couverture sanitaire universelle, l’opérationnalisation des documents de politique sur la PF, avec un débat houleux sur la gratuité des produits de la contraception.
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