« Les statistiques de santé dans la sous-région sont très alarmantes. Elles font état de 22 millions d’avortements non sécurisés qui sont pratiqués dans le monde chaque année et contribuent pour environ 13% de la mortalité maternelle totale», s’est désolée la directrice régionale de Ipas Afrique francophone, Nicolette Van Duursen, à l’occasion du lancement de l’atelier de dissémination et de validation des résultats de l’évaluation stratégique sur les grossesses non désirées, les avortements et la contraception au Bénin. Elle ajoute que ces taux sont effrayants d’autant plus que la plupart de ces décès sont évitables.
Selon Nicolette Van Duursen, au Bénin, la mortalité maternelle demeure élevée à 335 décès pour 100 000 naissances vivantes. Alors que l’utilisation de la contraception est faible et le taux de prévalence contraceptive est de 12%. Elle rappelle que l’avortement n’est pas une expérience rare pour les femmes et filles dans le monde. « Il y a environ 130 millions d’accouchements qui arrivent chaque année alors qu’en même temps, il y a 60 millions d’avortements chaque année également » révèle-t-elle. Elle se réjouit du fait que le Bénin grâce au leadership du ministère de la Santé, soit déjà sur la bonne voie avec l’appui de ses partenaires. « Nous sommes ravis à travers cette étude de nous inscrire dans cette dynamique avec le ministère de la Santé et vous tous réunis ici dans le cadre de cette évaluation stratégique », a déclaré la directrice régionale de Ipas. Elle ajoute qu’elle est persuadée que les résultats de cette étude seront très utiles pour informer et orienter les stratégies et politiques du ministère de la Santé ainsi que tous les partenaires qui travaillent au Bénin dans le domaine de la santé de la reproduction.
Procédant à l’ouverture de l’atelier, le directeur de cabinet du ministre de la Santé, Pétas Akogbeto, a fait savoir qu’il est impératif pour les services publics, les collectivités, les organisations non gouvernementales et l’ensemble des forces vives de la société d’identifier les approches stratégiques innovatrices pour essayer de régler la tragédie que constituent les grossesses non désirées et les avortements à risques. Il ajoute que face à ce tableau inquiétant, le gouvernement du Bénin avec le soutien de ses partenaires techniques et financiers ainsi que l’engagement des communautés à la base, a développé des réponses pour lutter contre ces décès évitables. Au nombre de ces réponses, il a cité le renforcement de l’environnement juridique de la pratique de l’avortement à travers l’information de la communauté, l’amélioration de la qualité des services d’avortements médicalisés dans les conditions prévues par la loi à travers l’information, la qualification du personnel et la gestion des intrants et également l’amélioration de la qualité des soins obstétricaux y compris après l’avortement.
Les assises ont réuni les directeurs départementaux de la Santé, les partenaires techniques et financiers du ministère de la Santé, les représentants de l’Ipas et toutes les parties prenantes de l’initiative. A en croire le directeur de cabinet du ministre de la Santé, l’atelier est aussi consacré au partage des résultats de cette étude qui permettra d’identifier les problèmes prioritaires dont découleront des propositions, des stratégies et des interventions efficaces pour réduire les grossesses non désirées et les avortements au Bénin.
Desthonia Bigot
Publié le 01-02-2019 dans la nation