6 octobre 2020
L’Initiative Pananetugri pour le Bien-Etre de la Femme (IPBF) a mené une étude sur l’impact de la COVID-19 sur les jeunes filles et femmes au Burkina Faso. Cette étude, qui a porté sur l’impact de la pandémie sur les plans socioculturel et économique, a permis de mesurer le degré d’influence de cette maladie et de faire des recommandations pour limiter les impacts et anticiper sur l’après-crise.
Pour limiter la propagation de la COVID-19, le gouvernement burkinabè a édicté, dès le début de la pandémie, un certain nombre de restrictions : fermeture des marchés et des écoles, interdiction des rassemblements, fermeture des frontières, instauration de couvre-feu, quarantaine, etc. Ces mesures n’ont pas été sans conséquences, notamment pour les jeunes filles et les femmes qui constituent 52% de la population burkinabè. Les principales activités génératrices de ces femmes relèvent en effet du secteur informel, qui a été touché de plein fouet par les restrictions.
L’étude de l’IPBF, qui a concerné un échantillon de 455 jeunes filles et femmes issues de divers secteurs d’activités du secteur informel, s’est intéressée aux impacts socioculturels et économiques de la COVID-19 sur ces jeunes filles et femmes. Sur le plan socioculturel, l’étude a abordé les aspects liés aux violences basées sur le genre, les droits en santé sexuelle et reproductive, les rapports de genres au sein de la famille. L’analyse de l’impact économique s’est, elle, appesantie sur les effets de la pandémie sur les revenus des activités du secteur informel, ainsi que les bouleversements sur les conditions de vie des jeunes filles et des femmes.
Exacerbation des violences basées sur le genre
Sur le plan socioculturel, l’étude a révélé que les jeunes filles et les femmes, du fait des inégalités de genres, subissent directement les effets de la COVID-19. Or, les réponses du gouvernement à la pandémie n’ont pas réellement pris en compte les problématiques liées aux violences basées sur le genre. Dans ce contexte de la COVID-19, certaines jeunes filles et femmes ont rapporté avoir subi le harcèlement sexuel, mais également des cas de violences physiques et même de viol, sans oublier l’augmentation des violences verbales.
A cela s’ajoute la baisse de la fréquentation des centres de santé due à la peur de contracter la maladie en s’y rendant, cumulée aux mesures de distanciation sociale qui augmentent considérablement les délais d’attente.
La fermeture des écoles a aussi interrompu l’accès aux services éducatifs en santé sexuelle et reproductive et a ainsi limité la communication sur la prévention des maladies, y compris les grossesses non-désirées et la contraception en général. Une baisse de la demande des services en santé sexuelle et reproductive a même été relevée par les deux principaux centres d’écoute pour jeunes de l’Association Burkinabè pour le Bien-Etre Familial (ABBEF) et Maries Stopes International, qui ont enregistré respectivement un nombre décroissant de clients accédant aux services de santé de la reproduction, de 50% et 30%.
L’une des difficultés en lien avec les droits en santé sexuelle et reproductive qui a été révélée lors de cette étude, est la rupture de la chaîne d’approvisionnement en produits contraceptifs au niveau de la Centrale d’Achat des Médicaments Essentiels Génériques (CAMEG). Ces difficultés d’approvisionnement ont été plus ressenties en milieu rural, à cause de la mise en quarantaine des grandes villes, foyers de la contamination. La pandémie ayant fait baisser le pouvoir d’achat de nombreuse jeunes filles et femmes à cause de la baisse ou de l’arrêt de leurs activités économiques, leur accès aux produits et service en santé sexuelle et reproductive a aussi été limité. Ce qui, évidemment, les expose aux risques d’infections sexuellement transmissibles et grossesses non-désirées.
Baisse d’activités, baisse de revenus…
L’étude de l’IPBF a montré que pendant le confinement, au moins cinq secteurs d’activités du secteur informel pris en compte dans l’étude ont été fortement touchés, car ils étaient en arrêt total. Il s’agit des secteurs où évoluent les vendeuses autour des écoles et universités, des marchés et yaars, des bars et maquis, des salles de spectacles et des vendeuses au niveau des gares routières et ferroviaires. Les activités des jeunes filles et femmes évoluant dans ces secteurs sont restées fermées de trois semaines à trois mois avant de reprendre, de façon progressive. Les plus impactées restent les vendeuses autour des écoles et universités qui ont connu une fermeture totale jusqu’en juin, avec une ouverture partielle pour les classes d’examen et les salles de spectacles et boîtes de nuit qui ont également rouvert tardivement.
Pourtant, dans ce contexte, certaines jeunes filles et femmes ont su être résilientes. Elles ont en effet développé des stratégies d’adaptation pour satisfaire aux besoins de leurs familles en commercialisant leurs produits aux abords de certaines grandes avenues, même si les revenus sont assez faibles, comparativement à ce qu’elles pouvaient avoir dans leur lieu habituel de commerce.
Malgré le confinement, certaines jeunes filles et femmes ont continué à exercer partiellement leurs activités, même si elles ont constaté une baisse remarquable de l’ordre de 20 à 90% avec pour corolaire la baisse du niveau de leurs revenus. Il s’agit notamment des restauratrices de rue et gérantes de kiosques, des vendeuses de fruits et légumes dans les quartiers, les maraîchères et celles évoluant dans le commerce itinérant, les coiffeuses et couturières, les travailleuses du sexe et les filles domestiques et aide-ménagères.
Quelques recommandations
Dans son étude, l’IPBF n’a pas manqué de formuler des recommandations pour une meilleure prise en charge des jeunes filles et des femmes impactées par les mesures restrictives prises pour lutter contre la COVID-19. Au nombre de ces recommandations, on peut citer : l’accompagnement psycho-social pour celles ayant un subi un traumatisme psycho-social ou une quelconque violence, la réalisation de transferts monétaires pour les besoins de subsistance, un plaidoyer fort et coordonné auprès du gouvernement pour la prise en compte effective du secteur informel dans les mesures d’accompagnement des entreprises en difficultés.
La pandémie n’étant pas encore totalement maîtrisée, l’IPBF recommande, en outre, la poursuite des actions de sensibilisation auprès des actrices du secteur informel qui ne croient toujours pas en la maladie.
Justine Bonkoungou
Publié le 05-10-2020 dans Lefaso
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