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Interview

Harouna Ouedraogo, un acteur engagé pour le bien-être des jeunes et l’accès à la planification familiale, même en contexte de crise

Harouna Ouedraogo est un acteur engagé dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive, avec une attention particulière à l’amélioration du bien-être des jeunes et à la facilitation de l’accès à la planification familiale, même en situation de crise. En tant que Directeur Exécutif de l’Association SOS Jeunesse et Défis, il travaille activement pour éliminer les obstacles qui entravent fréquemment l’accès des jeunes aux services de santé sexuelle et reproductive. Son travail traduit son profond engagement pour l’égalité des droits et le bien-être des jeunes, une conviction qui se matérialise dans ses réalisations.

Pouvez-vous nous présenter votre rôle en tant que coordinateur du projet SOS JD et son impact sur la santé sexuelle et reproductive des femmes et des jeunes filles au Burkina Faso ?

Harouna OUEDRAOGO, Directeur Exécutif de SOS Jeunesse et Défis (SOS JD), une organisation de jeunesse à but non lucratif, apolitique, et de portée nationale. Notre mission, démarrée en 2001 et officiellement reconnue en 2002, est de promouvoir le bien-être des jeunes en contribuant à la réalisation des objectifs de développement durable.

Dans le cadre de notre engagement en faveur de la santé sexuelle et reproductive (DSSR) ainsi que de la planification familiale, SOS JD a accompli plusieurs réalisations significatives, notamment :

  • Notre implication dans l’élaboration du Plan Communal de Développement (PCD) de Kaya, où SOS JD est mentionné dans l’arrêté municipal comme membre de la commission ad hoc chargée de rédiger le PCD de Kaya, Diabo, et de l’arrondissement 4.
  • L’intégration et la budgétisation des activités liées à la santé reproductive des adolescents et des jeunes (SRAJ) dans les plans annuels d’investissement des communes de Tansarga et Namounou.
  • L’engagement et la disponibilité des autorités locales à soutenir la mise en œuvre de nos projets.
  • La création d’un réservoir de personnes ressources compétentes en matière de santé sexuelle et reproductive et en gestion des oppositions dans le domaine de la DSSR.
  • L’inscription de lignes budgétaires spécifiques dans les PCD de l’arrondissement 4 de Ouagadougou, Kaya et Diabo, avec une mobilisation de fonds atteignant 22 500 000 FCFA dans ces communes.
  • Le financement des produits contraceptifs lors de la Semaine de la Planification Familiale par les communes de Kaya et Namounou.
  • L’établissement de quatre centres jeunes dans deux communes.
  • Notre participation au Think Tank du Partenariat de Ouagadougou.
  • La disponibilité d’un groupe de 20 champions en santé reproductive et planification familiale, représentant divers profils.
  • Notre implication dans l’élaboration et la mise en œuvre du Programme de Santé Sexuelle et Reproductive des Adolescents et Jeunes (PSSAJ) ainsi que des plans de planification familiale pour les périodes 2017-2020 et 2021-2025.
  • Notre participation en tant que membre au Comité de Pilotage (COPIL) du Programme National d’Action de la Planification Familiale (PNAPF) et au sous-comité alignement du secteur de la santé.
  • Notre participation aux différentes éditions de la Semaine Nationale de la Planification Familiale (SNPF).
  • Notre contribution à l’élaboration et à la validation de modules sur l’éducation à la vie familiale.
  • L’obtention d’un budget représentant plus de 31 % du PNPF 2021-2025 pour les actions dédiées aux adolescents et aux jeunes.
  • Notre implication dans l’élaboration des engagements FP2030 (Plan d’Action Global pour la Planification Familiale) et FGE (Fondation Gates pour l’Équité en Genre), ainsi que dans leurs plans de mise en œuvre.

SOS JD reste fortement engagé dans la promotion de la santé reproductive et de la planification familiale, et nous continuons à travailler en vue d’un avenir meilleur pour les jeunes au Burkina Faso.

Quelles sont les principales initiatives que vous avez entreprises pour garantir l’accès à la Planification Familiale en contexte de crise, et comment mesurez-vous leur succès ?

SOSJD a été soutenu par Pathfinder dans la mise en œuvre du volet communautaire du Projet Sauver La Vie (PSLV) dans les régions du nord et du centre-nord, des régions fortement impactées par la crise. Ce processus dynamique vise à donner aux acteurs communautaires un rôle central dans la promotion des droits sexuels et reproductifs au sein de leur communauté, en mettant un accent particulier sur les adolescents et les jeunes. Dans le cadre de ce projet, nous intervenons dans 106 établissements de santé.

L’objectif global de ce projet est d’améliorer l’accès des femmes en âge de procréer au Burkina Faso à des services de contraception de haute qualité. Les objectifs spécifiques sont de renforcer le système de santé pour garantir la fourniture de services de contraception de qualité, empreints de compassion et exempts de jugement au sein des établissements de santé, et de soutenir les efforts des agents de santé à base communautaire pour qu’ils jouent efficacement leur rôle d’intermédiaires entre les communautés et le système de soins, en renforçant les capacités des organisations non gouvernementales locales.

Cette initiative vise à améliorer la santé reproductive des femmes en mettant l’accent sur la contraception de qualité et en renforçant la collaboration entre les communautés locales et les établissements de santé.

Plusieurs approches sont mises en œuvre dans le cadre de nos activités :

  • Groupe de Jeunes Leaders Communautaires : Il s’agit de jeunes filles et garçons âgés de 15 à 24 ans, choisis parmi les jeunes scolarisés et non scolarisés. Ils sont formés pour mener des activités de communication visant à promouvoir le changement social et comportemental au sein de leur communauté. Cela inclut des causeries éducatives mensuelles avec leurs pairs et des références vers les centres de santé.
  • Académie de Jeunes Filles : Ce groupe est constitué de jeunes filles de différentes tranches d’âge (10-14 ans, 15-19 ans, 20-24 ans) de la même communauté. Elles partagent des activités similaires et des valeurs communes. Les leaders des académies organisent des causeries éducatives mensuelles et des références vers les centres de santé dans les écoles.
  • Club des Pères et Mères Burkindbila : Cette approche vise à améliorer la communication entre les parents et leurs enfants adolescents et jeunes en matière de santé sexuelle et reproductive. Les parents reçoivent une formation et des outils de communication pour conseiller leurs enfants et les orienter vers les services de santé sexuelle et reproductive. Ils encouragent également leurs enfants à fréquenter les formations sanitaires. Les parents modèles sont en charge d’un adolescent ou d’un jeune âgé de 10 à 19 ans.
  • Sondage Communautaire : Il consiste à administrer des questionnaires aux jeunes dans les zones avec des groupes communautaires et dans les zones sans groupes. Cela vise à évaluer leur niveau de satisfaction concernant les services de santé sexuelle et reproductive offerts aux jeunes de 10 à 19 ans par les agents de santé. Cette activité est réalisée semestriellement par les animateurs et les superviseurs.

En plus de ces approches, plusieurs autres activités sont menées, notamment des causeries éducatives, des dialogues communautaires, des cartes communautaires de performance, des visites à domicile, des jeux éducatifs, ainsi que des références vers les services de contraception, tant par les animateurs que par les jeunes leaders des Académies de Jeunes Filles et de Garçons.

Quels sont les changements majeurs que vous avez contribué à apporter pour améliorer la santé sexuelle et reproductive des femmes et des jeunes filles au Burkina ?

Les résultats obtenus au cours de ce projet comprennent :

  • La formation de 4 superviseurs et 8 animateurs pour la mise en œuvre des activités communautaires.
  • La formation de 40 jeunes leaders d’académies pour sensibiliser leurs pairs.
  • La formation de 40 jeunes leaders communautaires pour sensibiliser leurs pairs.
  • La formation de 26 pères et mères Burkinbila pour des échanges avec leurs pairs.
  • La réalisation de plus de 600 sessions de Pathways To Change pour identifier les barrières et obstacles liés à la planification familiale.
  • La réalisation de plus de 2000 causeries éducatives sur la planification familiale et les soins d’avortement sécurisés.
  • La tenue de 4 sessions de la Carte Communautaire de Performance (CCP) et 4 dialogues communautaires.
  • La référence de 15 000 personnes, dont 7 772 femmes et 275 hommes, pour des services de contraception.
  • La contre-référence de plus de 10 000 utilisatrices de méthodes contraceptives.
  • La sensibilisation de plus de 40 000 personnes aux services de contraception sécurisée et d’avortement sécurisé.
  • L’élaboration des plans d’actions découlant de la tenue des cartes communautaires de performance.

Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés dans la fourniture de services de planification familiale en contexte de crise, et comment les surmontez-vous ? Quels obstacles ou défis spécifiques les jeunes et les communautés rencontrent-ils en matière de PF en contexte de crise, et comment votre projet y répond ?

Un défi majeur auquel nous faisons face est l’augmentation de l’insécurité et les contraintes liées aux précipitations qui limitent les possibilités d’intervention des animateurs dans les districts. Pour faire face à ces problèmes de sécurité, nous avons mis en place et renforcé les capacités des groupes de jeunes leaders communautaires, des Académies de jeunes filles et des Clubs des pères et mères Burkindbila. Tous ces groupes contribuent à stimuler la demande en planification familiale.

Les problèmes identifiés dans les zones du projet comprennent :

  • L’absence de connaissances sur la santé reproductive, les différentes méthodes de contraception et leurs spécificités.
  • L’insuffisance de prestataires formés pour répondre aux besoins des jeunes.
  • La crainte de la stigmatisation.
  • Le manque d’informations claires et adaptées.
  • Les craintes, avérées ou non, concernant les effets secondaires des contraceptifs.
  • L’attitude hostile envers les adolescentes et les jeunes.
  • Le refus de prescrire en-deçà d’un certain âge ou en dehors de l’union.
  • La difficulté d’accès aux formations sanitaires proposant la planification familiale.
  • Les horaires d’ouverture des centres de planification familiale inappropriés.

Pour faire face à la mobilité des acteurs, la mise en place de nouveaux groupes communautaires permet la continuité des activités dans les zones inaccessibles aux animateurs.

Quels sont les besoins spécifiques des jeunes en matière de PF en contexte de crise, et comment les prenez-vous en compte ? Comment la situation de crise peut-elle affecter les droits en matière de santé sexuelle et reproductive, en particulier la PF, et pourquoi est-il essentiel de maintenir ces services pendant une crise ?

L’insatisfaction peut conduire à des comportements agressifs, colériques, voire violents. En revanche, lorsque les besoins sont satisfaits, les adolescents et les jeunes sont plus enclins à collaborer et à s’épanouir. Pour y parvenir, il est essentiel de leur offrir des services conviviaux, spécialement adaptés à leurs besoins. Ils ont besoin de se sentir en sécurité, de gagner en confiance, de nourrir l’espoir et de se responsabiliser. La création de services mobiles en matière de planification familiale peut contribuer à répondre à ces besoins. Cette situation affecte les droits des jeunes, car certaines formations sanitaires et écoles sont fermées, compromettant ainsi leur accès à l’éducation et à la santé. Il est impératif d’agir rapidement en activant les cliniques mobiles promises par le gouvernement, tout en incluant des services de planification familiale pour répondre aux besoins essentiels des jeunes.

Comment les données et la recherche guident-elles vos actions et votre plaidoyer en faveur de la PF en contexte de crise ?

Les données de recherche occupent une place essentielle dans le soutien aux initiatives de plaidoyer visant à améliorer l’accès aux services de planification familiale de haute qualité, même lorsque des crises surviennent. Elles jouent un rôle central dans l’effort continu visant à renforcer cet accès, en particulier dans des environnements complexes. En résumé, les données de recherche fournissent une base solide pour le plaidoyer en faveur de la planification familiale, en apportant des preuves tangibles de son importance et de ses avantages. Elles guident l’élaboration de politiques, la mobilisation de ressources et l’orientation des interventions, garantissant ainsi que des services de planification familiale de qualité restent accessibles, même dans les circonstances les plus difficiles.

Quelles sont vos perspectives et recommandations pour améliorer l’accès à la PF et les droits en matière de santé sexuelle et reproductive des jeunes en situation de crise à l’avenir ?

En ce qui concerne les perspectives futures, plusieurs mesures peuvent être envisagées :

  • Renforcer les efforts de sensibilisation pour modifier la perception collective de la planification familiale, en mettant un accent particulier sur les jeunes, notamment au Burkina.
  • Fournir des informations aux jeunes grâce à l’éducation en matière de santé sexuelle et reproductive dispensée par des pairs éducateurs, que ce soit dans des environnements scolaires ou non scolaires.
  • Former les prestataires de services de planification familiale à adopter une approche adaptée aux besoins spécifiques des adolescents.
  • Continuer à améliorer l’accès à la planification familiale, en veillant à minimiser les effets rebonds qui pourraient survenir chez les jeunes.
  • Encourager la mise en place d’initiatives locales visant à susciter la demande de planification familiale au sein des communautés.
  • Exploiter les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) pour sensibiliser les jeunes à la planification familiale et leur fournir des informations pertinentes.

Ces perspectives visent à renforcer davantage l’accès à des services de planification familiale de qualité, en particulier pour les jeunes, tout en contribuant à changer les perceptions et les attitudes au sein de la société.

Quels sont vos espoirs pour l’avenir en ce qui concerne l’amélioration de la santé sexuelle et reproductive des femmes et des jeunes en Afrique de l’Ouest grâce à vos efforts et à ceux de votre organisation ? Quels conseils donneriez-vous aux jeunes activistes et militants dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive ?

Pour renforcer les actions de sensibilisation et modifier la perception collective concernant la planification familiale, notamment parmi les jeunes au Burkina Faso, plusieurs mesures sont nécessaires. Tout d’abord, il est essentiel d’intensifier les campagnes de sensibilisation. De plus, il est important de fournir des informations complètes aux jeunes, en les éduquant sur les droits en matière de santé sexuelle et reproductive et la planification familiale grâce à l’intervention de pairs éducateurs tant dans les écoles que dans les communautés. Une autre étape cruciale consiste à former les prestataires de services de planification familiale pour qu’ils adoptent une approche adaptée aux besoins des adolescents. Il est également nécessaire d’améliorer l’accessibilité des services de planification familiale, en particulier pour les jeunes, en veillant à éviter les effets rebonds liés aux contraintes actuelles. Encourager les initiatives locales visant à susciter la demande de planification familiale et utiliser les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) pour sensibiliser davantage les jeunes sont également des stratégies essentielles dans cette démarche globale.

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