Ce mercredi 11 juillet à Lokossa, chef-lieu du Mono, ont eu lieu les manifestations officielles entrant dans le cadre de la vingt-neuvième Journée mondiale de la population. L’événement a été marqué par la remise de plusieurs dons et des appels à l’intensification des campagnes de sensibilisation sur la planification familiale à l’intention des couples et des adolescents.
L’édition 2018 de la Journée mondiale de la population a été célébrée hier autour du thème « La planification familiale est un droit de l’homme ». Les manifestations officielles ont eu lieu à Lokossa, dans le Mono, avec le soutien de ses partenaires du Système des Nations Unies.
A l’entame des manifestations, le préfet du département, Komlan Zinsou, rappelle que l’instauration de la Journée de la population trouve ses origines dans la recommandation formulée en 1989, par le Conseil d’administration des Nations Unies, pour attirer l’attention sur l’urgence et l’importance des problèmes démographiques. Ce rappel historique sera complété par le chef de fil des Agences onusiennes soutenant le gouvernement, Siaka Coulibaly, pour qui, les présentes manifestation sont d’une importance capitale. Leur portée, laisse-t-il entendre, réside dans la célébration d’un accord, celui visant la promotion de l’approche fondée sur les droits de la planification familiale qui considère les personnes concernées comme des êtres humains à part entière exerçant leurs droits en qualité d’acteurs et non de bénéficiaires passifs.
Depuis mai 1968 où la Conférence internationale sur les droits humains, souligne-t-il, a adopté la proclamation de Téhéran, la planification familiale est devenue un droit laissé à la libre appréciation des couples et non un « contrôle de la population » imposé par l’Etat. A ses dires, la célébration de ce jour donne une fois encore l’occasion de réfuter la notion de « contrôle de la population », de veiller à ce que les générations futures ne considèrent jamais ce droit conquis comme définitivement acquis mais travaillent à son renforcement. Puisque malgré les progrès réalisés depuis 1968, soutient-il, des centaines de millions de femmes, d’hommes et de jeunes gens sont dans l’incapacité d’exercer leur droit à la planification familiale.
La situation au Bénin
Au Bénin, l’Indice Synthétique de Fécondité (ISF), poursuit le coordonnateur des Agences du système des Nations Unies, Siaka Coulibaly, est estimé à 4,8 enfants par femme. L’utilisation des méthodes contraceptives modernes par celles âgées de 15 à 49 ans, ajoutera-t-il, reste encore faible, soit 12,5 % contre 5 % pour les méthodes traditionnelles. En somme, le niveau de besoin non satisfait, relève-t-il, reste aussi élevé en planification familiale, soit 33 %. Face à la gravité de cette situation, il appellera au renforcement des efforts en cours. L’élimination des besoins non satisfaits de planification familiale d’ici 2030, souligne Dr Siaka Coulibaly, est un aspect fondamental du mandat du Programme des Nations Unies pour la population (UNFPA). Fort de cela, dit-il, en ce jour de célébration, son institution invite les gouvernants à honorer leurs engagements d’assurer l’accès universel aux soins de santé sexuelle et reproductive et aux droits en matière de procréation.
Quand les femmes ont accès à l’information, il y a moins de grossesses non désirées, moins de mortalités maternelles et infantiles et plus de scolarisation des enfants, plaide-t-il.
Mais dans ce combat, c’est tout le monde qu’il invite au front. Aux adolescents, il conseille de privilégier leur avenir car, en plus des grossesses non désirées, la contagion d’infections sexuelles est un autre risque qui les guette. « Les taux de transmission d’infections sexuelles les plus élevés sont constatés parmi les jeunes gens âgés de 15 à 24 ans », a prévenu Dr Siaka Coulibaly.
En écho, la représentante des adolescents du Mono, Hortense Gouchinou, s’engage au nom de ses pairs à la mise en pratique des conseils à eux prodigués. « Nous ne ménagerons aucun effort pour être les acteurs du meilleur monde dont vous rêvez pour nous », a-t-elle promis.
A son tour, Rufino d’Almeida, représentant le ministre d’Etat chargé du Plan et du Développement, va saluer l’intérêt des élus et des citoyens du Mono pour les questions liées à la population. Réitérant enfin la gratitude du gouvernement aux partenaires pour leurs soutien, il reconnaît qu’
A travers certaines de leurs doléances, ils ont levé le voile sur ce que nous devrions faire en profitant du fait que la planification familiale est un droit humain pour accélérer l’autonomisation de nos populations pour un Bénin prospère où il fait bon vivre.
A ses dires, davantage d’efforts seront déployés dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’action du gouvernement dans lequel un accent particulier est mis sur l’amélioration de l’accès des jeunes à l’éducation et aux soins de santé. Aussi, l’adhésion du pays au Projet « Autonomisation de la femme et dividende démographique » dénote, selon lui, de l’engagement du gouvernement à voir améliorer les conditions de vie des populations.
A la suite de la série d’allocutions ayant marqué cette vingt-neuvième Journée, une série de remises de dons a clôturée la phase officielle. Des kits de fournitures scolaires ont été distribués à quarante meilleures filles des établissements scolaires. Dix artisans ont également reçu des équipements devant leur permettre d’ouvrir leurs propres ateliers.
Lokossa : Une démographie galopante
Si le choix du Mono pour abriter la commémoration de la vingt-neuvième édition de la Journée mondiale de la population répond au principe de rotation, celui de la commune de Lokossa aussi n’est pas anodin. Les statistiques démographiques de la commune sont alarmantes pour ne pas dire qu’elles sont au rouge.
Selon le Maire Pierre Awadji, l’indice synthétique de la fécondité est de 6,5 enfants par femme, nettement au-dessus de la moyenne nationale qui est de 4,8. Si cet indicateur, aux dires de l’autorité communale, démontre que les femmes ont besoin davantage de sensibilisation, les campagnes doivent s’étendre pratiquement à toutes les communautés de la commune tant le mal paraît profond. Car, en tentant une explication au dépassement de la moyenne nationale de l’indice synthétique de la fécondité, le maire regrette que dans sa commune on enregistre des grossesses trop précoces, surtout en milieu rural. A l’en croire, ce phénomène est également doublé du mariage précoce. « Parmi les populations de 10 ans et plus, plus de trois femmes sur dix sont mariées », souligne-t-il. Comme solution, il appelle à l’intensification des campagnes de sensibilisation de ses administrés sur la planification familiale en mettant l’accent sur ses avantages notamment l’autonomisation des filles et des femmes.
Si cette démarche proposée cadre bien avec la vision qui a caractérisé les manifestations de la Journée mondiale de la population, il reste à espérer que l’alerte donnée par le maire rencontre un écho favorable tant auprès de l’Etat central que des partenaires du secteur.
Désiré C. Vigan
Publié le 12-07-2018 dans la nation Bénin