12 décembre 2022
Abdel Nasser Moumouni, Journaliste à Wangari TV (Niger), est le lauréat du 2ème Prix télé de l’édition 2022 du concours organisé par l’Unité de Coordination du Partenariat de Ouagadougou et le Population Council pour son émission intitulée « le mariage forcé ».
Fier et heureux d’être le premier journaliste nigérien lauréat de ce concours, il soutient, dans l’interview qui suit, que le mariage forcé est « une injustice sociale et un facteur d’inégalité entre les sexes, exprima Abdel Nasser Moumouni
Qu’avez-vous ressenti en apprenant cette bonne nouvelle qui fait de vous le premier journaliste nigérien lauréat du concours organisé par le Partenariat de Ouagadougou et le Population Council ?
J’étais tellement fier de voir ma production attirer l’attention parmi une centaine. C’est la deuxième fois que je participe à ce concours. J’étais très enthousiaste lorsque j’ai postulé. Être le premier journaliste nigérien lauréat me réjouit encore plus car la presse nigérienne est un gisement de talents. Je suis fière de la représenter.
Quelle a été la réaction des membres de votre rédaction et de la corporation ?
Mes collègues m’ont félicité. Ils ont été témoins de tous les efforts que j’ai fournis depuis des années pour m’auto-former sur les questions liées au genre et aux droits sexuels et reproductifs. Je tiens à les remercier pour m’avoir constamment soutenu.
Pourquoi avoir choisi de travailler sur le mariage forcé ?
Au Niger, trois-quarts des filles se marient avant l’âge 18 ans ; un triste record cité dans tous les rapports et statistiques des ONG et associations de développement qui œuvrent en faveur du droit des femmes et des filles. Le mariage des enfants est un frein à la scolarisation des jeunes filles et à l’effectivité de leurs droits sexuels reproductifs. Les filles sont victimes de rapports sexuels non consentants et, le plus souvent, elles sont contraintes d’abandonner l’école. Au plan international, le Niger est d’ailleurs reconnu comme champion du mariage d’enfant.
C’est pourquoi, je me suis attaqué à cette problématique qui est, pour moi, une injustice sociale et un facteur d’inégalité entre les sexes. Les jeunes filles, au même titre que les jeunes garçons, doivent avoir la même protection sociale pour aller à l’école, jouir de leurs droits et choisir leurs destinés.
A-t-il été facile de travailler sur ce sujet ?
Cela a été plus au moins facile de traiter un tel sujet dans une société qui ne veut pas bousculer ses coutumes et changer ses mentalités. Il a fallu beaucoup de courage et de détermination pour me mettre devant la caméra. Ce qui m’a donné la force, ce sont ces milliers de jeunes filles qui subissent des horreurs sous le regard d’une société complice.
Quelle a été la principale difficulté pour accéder aux personnes-ressources, aux victimes, aux familles, etc. ?
C’est l’accès à l’information. C’est un sujet dont les gens ne veulent pas parler. Lorsque vous leur posez des questions pour recueillir leurs perceptions, vous remarquez qu’ils ont déjà pris part à cette pratique et que rien ne peut leur faire changer d’avis.
Que diriez-vous à vos confrères et consœurs du Niger dont la participation au concours est encore faible ?
Je pense que mes confrères et mes consœurs du Niger doivent s’intéresser à ce concours qui est un excellent cadre pour promouvoir son talent, développer son réseau et avoir des grandes perspectives de carrière en tant que journaliste. Mon message à tous les journalistes nigériens est de manifester un intérêt pour ce type d’initiatives qui a une grande plus-value sur le travail des médias.
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