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Afrique de l’Ouest francophone : Ralentissement des progrès en planification familiale en 2016

Les progrès enregistrés dans le domaine de la planification familiale dans les pays francophones d’Afrique de l’Ouest ont été salués à l’issue de la phase d’urgence (2011-2015) qui a permis d’enrôler 1,2 million de nouvelles femmes. Mais depuis le lancement de la phase d’accélération (2016-2020), un ralentissement est noté dans les différents pays du Partenarait de Ouagadougou. Sauf au Burkina Faso qui a dépassé l’objectif fixé en 2016.

Une pédale, symbole de la nécessité d’accélérer les progrès dans le domaine de la planification familiale en Afrique de l’Ouest francophone. Voilà ce qui a été remis à Fatimata Sy, Directrice de l’Unité de coordination du Partenariat de Ouagadougou (Ucpo), le 14 décembre dernier, jour de clôture de la 5ème Réunion annuelle du Partenariat de Ouagadougou. Le geste était de Perri Sutton de la Fondation Bill et Melinda Gates qui invitait ainsi à intensifier les actions pour atteindre en 2020 les objectifs fixés dans les 9 pays du Partenariat de Ouagadougo (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Togo). Des Etats caractérisés par une faible prévalence contraceptive (11% en 2012) et un nombre élevé de femmes qui veulent faire la planification familiale, mais qui n’ont pas accès ni aux services ni aux méthodes contraceptives. Ces Besoins non satisfaits (Bns) en contraception sont de l’ordre de 29% (2012).

Neuf mois après le lancement de la phase d’accélération des progrès en planification familiale, les pays francophones d’Afrique de l’Ouest sont-ils en train de répondre à l’appel qui leur a été lancé ? C’est pour rendre compte de la situation de la contraception dans cette partie du continent africain que l’Ucpo a organisé, du 18 au 20 septembre 2017 à Bamako, à l’intention d’une vingtaine de journalistes des pays du Po, un atelier de mise à niveau après le lancement de la phase d’accélération en décembre 2016 à Abidjan. Cela suite à la fin de la phase d’urgence (2011-2015) qui a permis de recruter 1,2 million de nouvelles utilisations additionnelles de la planification familiale en Afrique l’Ouest francophone sur un objectif initial d’un million de femmes à enrôler. Et d’ici à 2020, l’objectif est d’avoir 2,2 millions de nouvelles femmes utilisant la contraception.

Mais en 2016, seules 374.000 nouvelles utilisatrices ont été identifiées dans les 9 pays francophones d’Afrique de l’Ouest sur un objectif de 422.968 femmes à recruter. Donc, atteindre 2,2 millions de femmes supplémentaires en 2020 revient à combler l’écart équivalant à 289.000 femmes. D’où l’interrogation de Fatimata Sy, Directrice de l’Ucpo : « Sommes-nous en train d’accélérer ? ».

Une question d’autant plus légitime que parmi les 9 pays concernés, seul le Burkina Faso a réussi à dépasser l’objectif fixé en 2016. En effet, sur 72.727 femmes à enrôler la même année, le Burkina Faso est parvenu à recruter 98.366 nouvelles utilisatrices. « Ailleurs, les femmes demandent des services, mais n’y ont pas accès », regrette Rodrigue Ngouana, chargé des relations avec les Pays à l’Ucpo. C’est le cas au Bénin où le gap identifié en 2016 est de 8.969 femmes, et si rien n’est fait d’ici à 2020, 29.600 femmes vont vouloir faire la Pf, mais n’y auront pas accès. La situation est similaire en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Mali avec respectivement un écart de 20.296, 11.011 et 14.075 femmes à enrôler. La Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Togo connaissent le même sort avec des écarts respectifs de 2.190, 15.508, 10.645 et 6.929.

Malgré ces difficultés qui laissent planer le doute sur la capacité des pays francophones d’Afrique de l’Ouest à atteindre les objectifs de la planification familiale en 2020, Rodrigue Ngouana pense « qu’avec la volonté politique, il est possible de changer les choses ». Aussi invite-il à prendre en charge les besoins « de la cohorte de femmes qui entrent dans la vie active » et qui n’y figuraient pas dans la première phase de déroulement des stratégies avec l’avènement du Partenariat de Ouagadougou en 2011.

Parmi les stratégies préconisées pour accélérer les progrès figurent, entre autres, la révision des Plans d’actions nationaux budgétisés (Panb), la mobilisation des ressources, surtout domestiques, le passage à l’échelle communautaire, l’intensification de la demande, l’implication des jeunes dans les programmes, le renforcement de la coordination.

 Maïmouna GUEYE

Paru le 03-10-2017 dans le Soleil 

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