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Interview

Agathe Blanc, une voix pour l’égalité en Afrique de l’Ouest

Juriste avec plus de dix ans d’expérience, Agathe Blanc Kamissoko s’engage pour l’égalité des genres, la santé sexuelle et reproductive en Côte d’Ivoire. Elle œuvre pour la promotion des femmes, l’éducation sexuelle des jeunes, et renforce les organisations civiles pour défendre les droits des femmes en Afrique de l’Ouest. Elle aspire à voir émerger un mouvement solide en faveur des droits sexuels et reproductifs en Afrique de l’Ouest, permettant ainsi aux femmes et aux jeunes de développer pleinement leur potentiel et de prendre des décisions autonomes dans leur vie.

L’égalité des genres est un objectif essentiel pour l’autonomisation des femmes. Comment votre travail et votre organisation favorisent-ils l’égalité des genres en Côte d’Ivoire ?

Nous travaillons à la vulgarisation du droit afin que les femmes et les filles aient connaissance des droits qui leur sont reconnus en tant que êtres humains de façon générale et en tant que femmes de façon spécifique. Nous insistons sur le fait qu’elles ont autant de droits que les hommes et qu’elles devraient sur cette base s’affranchir des mentalités tendant à les considérer comme des êtres inférieurs et à tous les stéréotypes de genre qui minent les relations sociales entre les femmes et les hommes. En cas de violation, nous sommes à leur côtés pour les accompagner afin que les auteurs de ces violations soient punis et qu’elles puissent obtenir réparation.

L’éducation sexuelle est un sujet important pour les jeunes. Comment contribuez-vous à promouvoir une éducation sexuelle complète et adaptée à l’âge, en particulier pour les adolescents et les jeunes en Côte d’Ivoire ?

L’Association des Femmes Juristes de Côte d’Ivoire, AFJCI promeut l’Éducation à la Santé et une Vie Saine/ESVS (terme utilisé en Côte d’Ivoire pour l’éducation sexuelle)) suivant deux approches.

Une approche institutionnelle à travers le plaidoyer pour l’intégration des modules d’ESVS dans les programmes scolaires afin que dès les premiers pas dans le monde scolaire les enfants puissent bénéficier d’informations, tenant compte de leur âge, jusqu’à la fin du cycle. Parallèlement, Nous menons également le plaidoyer pour la prise en compte des adolescents hors école dans les centres de santé qui leur sont dédiés. C’est dans ce sens que les prestataires de santé intervenant dans ces centres bénéficient de formation sur l’ESVS afin d’être mieux outillés pour les services offerts aux adolescents et jeunes

L’approche communautaire vise à donner la bonne information aux communautés sur le contenu exact de l’ESVS en raison des fausses informations circulant à ce sujet. En outre, nous sensibilisons les parents sur la nécessité de communiquer avec leurs enfants.

Comment voyez-vous le rôle des organisations de la société civile dans la promotion des droits des femmes et l’amélioration de la santé reproductive en Afrique de l’Ouest ? Quels sont les principaux défis auxquels sont confrontées les femmes en matière de droits reproductifs et de genre en Côte d’Ivoire, et comment votre travail tente-t-il de les surmonter ?

Les OSC contribuent à la promotion des droits des femmes de façon significative en les vulgarisant mais surtout en accompagnant les femmes victimes d’abus dans la restauration de leurs droits. Il est bon de connaitre ses droits mais surtout de bénéficier de la protection nécessaire en cas de violation. S’agissant de la santé reproductive, les OSC mènent le plaidoyer pour un environnement légal plus favorable à la pleine réalisation des droits et la santé sexuels et reproductifs.

Les femmes sont confrontées aux défis liés à l’accès à l’information sur les services offerts en SR et comment y accéder, à l’accès aux services de santé de la reproduction notamment en zone rurale où les services sont souvent indisponibles ou très éloignés. La scolarisation et le maintien des filles à l’école sont des facteurs essentiels pour favoriser leur plein épanouissement et leur potentiel. L’AFJCI sensibilise les communautés pour le changement de comportement afin d’accorder le même intérêt tant à la scolarisation des filles que des garçons. S’agissant de la SR, des initiatives sont menées pour amener les ministères techniques à accorder plus de ressources à la communication sur les services SR offerts dans les centres de santé et également rendre les services disponibles au dernier kilomètres.

En dehors de votre travail, quelles sont vos passions ou intérêts personnels liés à la promotion des droits des femmes et à l’égalité des genres ? En tant que leader féminin dans le domaine du droit, quel conseil donneriez-vous aux jeunes femmes qui aspirent à une carrière juridique ou à s’engager dans le plaidoyer pour les droits des femmes ?

La scolarisation de la petite fille, l’éducation des filles : c’est la clé pour un monde plus égalitaire. La scolarisation et le maintien des filles à l’école sont des facteurs essentiels pour favoriser leur plein épanouissement et leur potentiel.

Agathe Blanc Kamissoko
Juriste & Consultante

L’éducation ouvre la porte à des millions de possibilités, à des milliers de choix, à des milliers d’opportunités. Je suis convaincue que l’égalité femme homme ne sera possible que si 100% des filles sont scolarisées et maintenues dans le système scolaire jusqu’au collège au moins. Avoir une vision claire dès la première année d’étude et comprendre très tôt que le plaidoyer pour les droits des femmes est un combat qui a commencé bien avant nous et se poursuivra bien après car dès que nous baissons notre garde, nous assistons à un recul des droits des femmes.

En tant que membre du Comité de labellisation du Label Ampli, vous avez réalisé deux missions d’évaluation des organisations, au Niger et en Guinée, que retenez-vous de cette expérience ? Comment jugez-vous l’implication et les actions des organisations en faveur des DSSR ?

Belle expérience qui m’a permis de découvrir le travail des OSC de Guinée et du Niger pour la promotion des DSSR et comment ses OSC s’organisent pour accroitre leur développement organisationnel en se dotant d’outils de gouvernance de qualité. Par ailleurs, les DSSR sont une préoccupation majeure pour ces organisations qui militent pour l’autonomisation des femmes et qui ont compris que pour cela il est nécessaire que les questions relatives à la SR soient prises en compte.

En regardant vers l’avenir, quel est votre plus grand souhait pour la vie des femmes et des jeunes en Afrique de l’Ouest ?

Un mouvement social fort en faveur des DSSR si nous voulons une Afrique prospère, capable de répondre aux besoins d’une population dont la croissance est maitrisée. Je souhaite que les femmes et les jeunes puissent développer tout leur potentiel quel que soit le domaine dans lequel elles /ils exercent.et cela passe par la pleine autonomie de leur volonté en ayant le choix sur les décisions importantes de leur vie comme le choix du conjoint, quand faire des enfants, quel nombre d’enfants….

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