En revanche, a-t-il ajouté, lorsque qu’il y a une réduction du nombre de naissances d’un coup, vous allez avoir un décalage de la population inactive vers les tranches actives. Et le nombre d’inactifs par rapport aux personnes actives va décroître brutalement.
SEM. Frédéric Bontems, ambassadeur de France auprès de l’Union africaine (Ua), a présenté, au cours d’un point-presse aux jeunes ivoiriens, les opportunités qui s’offrent à la Côte d’Ivoire si elle réussit à capturer la fenêtre qu’offre le dividende démographique, aujourd’hui. Tout en précisant que dans cette quête, la limitation du nombre de naissances n’est pas le véritable objectif. Car, il s’agit « de donner aux femmes ou aux couples le choix de gérer leur vie sexuelle et reproductive ».
L’ambassadeur a tenu ces propos le 30 novembre 2017, à l’Institut français, à Abidjan-Plateau, lors du Dialogue de haut niveau qui s’est tenu en marge du 5e Sommet Union africaine – Union européenne. Jeunesse et Dividende démographique: « Appel à la mobilisation en faveur du droit à la santé sexuelle et reproductive des adolescents et des jeunes en Afrique, condition et levier d’un développement durable », était le thème de cette rencontre. C’est une initiative du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), en partenariat avec la France, les Pays-Bas, le Fonds des nations unies pour la population (Unfpa) et l’initiative « She Decides ».
Réagissant à la question de savoir si la limitation du nombre de naissances et la forte croissance démographique sont un problème pour l’Afrique, le diplomate explique que les femmes en Afrique comme celles de l’Europe et de la France particulièrement font beaucoup d’enfants (7, 8 voire 9). « Ce n’est pas un problème. Il ne nous appartient pas de juger », a-t-il relevé. Mais la question, a-t-il poursuivi, est de savoir si les femmes africaines ont eu le choix de fixer le nombre d’enfants qu’elles auraient voulu avoir. « Il s’agit de donner aux femmes ou aux couples le choix de gérer leur vie sexuelle et reproductive ». Surtout quand on sait que « le stock disponible des produits contraceptifs est faible ».
Par ailleurs, l’ambassadeur de France auprès de l’Union africaine (Ua) s’est prononcé sur les conséquences d’une croissance démographique élevée dans les pays en développement. « Dans la population de tout pays, vous avez des actifs qu’on considère pour le marché du travail. Ils sont âgés de 20 à 65 (selon les pays). Puis vous avez ceux qui ne sont pas actifs qui sont à charge des autres (ce sont des enfants et des personnes âgées qui ne travaillent plus). Lorsque vous avez une population en très forte croissance, vous avez énormément de jeunes (60% de la population)… Vous avez ainsi une énorme marge de population qui n’est pas une population active. »
Par conséquent, lorsque que vous avez un taux de dépendance élevé (le nombre d’inactifs supérieur au nombre d’actifs), une personne qui travaille doit s’occuper de plusieurs personnes inactives, a-t-il fait remarquer. En revanche, a-t-il ajouté, lorsque qu’il y a une réduction du nombre de naissances d’un coup, vous allez avoir un décalage de la population inactive vers les tranches actives. Et le nombre d’inactifs par rapport aux personnes actives va décroître brutalement. « C’est ce qu’on appelle le dividende démographique ! »
Le dividende démographique s’est-il voulu plus précis, « c’est le fait qu’à un moment, le nombre de personnes à charge par rapport au nombre d’actifs baisse brutalement. Et cela signifie, moins d’école à construire, moins de problème de santé néonatal. C’est aussi une population qui va pouvoir produire, investir… donc épargner ». A l’en croire, environ 40% de la croissance de la Chine au cours des 20 dernières années, est due à une meilleure capture du dividende démographique.
La ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Raymonde Goudou Coffie, a invité la jeunesse ivoirienne à s’approprier le message de la limitation des naissances. Avant de révéler que l’Etat va consacrer une ligne budgétaire de 400 millions de F CFA à l’acquisition de contraceptifs en 2018. La ministre n’a pas manqué de souligner les efforts réalisés en vue d’accélérer l’adoption de la loi ivoirienne sur le droit à la santé sexuelle et reproductive.
Bien avant, le ministre en charge de la jeunesse a expliqué que « les enfants constituent certes une richesse, mais en même temps planifié leur naissance, c’est encore mieux pour le bien-être de la femme, de l’enfant et de la communauté. Puis, il a recommandé à notre jeunesse d’adopter des comportements appropriés du point de vue de leur santé sexuelle.
Isabelle Somian