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Développement: Les religieux affichent leur adhésion à la promotion de la santé de la reproduction

Des leaders religieux affichent de plus en plus leur adhésion à la promotion de la santé sexuelle et reproductive. Pour eux, religion et santé de la reproduction riment.

Sogadji Kouessi est un chef du culte vaudou à Kinkinhoué, un arrondissement de la commune de Djakotomey dans le sud-ouest du Bénin à 140 kilomètres de Cotonou, la capitale économique. Engagé pour le bien-être de la famille et particulièrement celui de la femme et de la fille, il est un membre influent du comité « Les hommes s’engagent » de Djakotomey. Ce comité vise, entre autres objectifs, la réduction des violences faites aux femmes et aux filles et la promotion de la planification familiale.

« Quand la musique change, les pas de danse doivent aussi changer. On est en train de bannir les pratiques néfastes et je suis prêt à suivre le nouveau rythme. Je n’ai pas de couvent où sont gardés des enfants» avance-t-il. Il ne rate d’ailleurs aucune occasion, assure-t-il, pour amener les membres de sa communauté à changer de mentalité et de comportement. « Quand les gens viennent me voir avec des préoccupations au sujet de la tradition par exemple, j’en profite pour les sensibiliser sur les avortements, le mariage forcé, les violences faites aux femmes, le respect des droits des femmes et des filles, etc.».

Sogadji Kouessi n’est pas un cas isolé. Comme lui, d’autres leaders religieux du Bénin prennent aussi position en faveur des questions de santé de la reproduction, à l’instar d’Ibrahim Ousmane. Iman de la mosquée centrale de Cotonou (Jonquet), membre de l’Union islamique du Bénin, Ibrahim Ousmane balaie d’un revers de main les critiques tendant à opposer l’islam à la planification familiale. « L’islam n’est pas contre la planification familiale… L’islam est à la base-même de la planification familiale », soutient-il, se référant au Saint Coran qui prescrit certaines méthodes d’espacement des naissances comme le coït interrompu ou l’allaitement maternel pendant deux ans. Il reconnaît que, pris sous l’angle de la religion, la planification familiale souffre encore de nombreux préjugés qui, pense-t-il, sont la conséquence d’interprétations erronées. «Nous avons été confrontés à des réticences et des critiques sévères au départ, mais après les plaidoyers, les gens ont compris que la planification familiale ne signifie pas la limitation des naissances… Ces sensibilisations ont permis de donner les meilleures informations».

Même écho favorable pour la promotion de la planification familiale chez l’apôtre Mathias Kpanou, de l’église des Chérubins et Séraphins. Il explique : « Les leaders religieux sont des gens qui ont une large audience auprès des populations. …Nous tenons des séances particulières avec nos fidèles et la population pour leur expliquer les bienfaits de la planification familiale, qui est un outil de développement durable. Au cours de ces séances, nous ne demandons à personne de limiter le nombre d’enfants, mais d’espacer les naissances pour assurer à la femme la bonne santé et surtout de faire des enfants en tenant compte de leurs moyens financiers ».

Une plateforme pour des religieux engagés

En 2017, plusieurs associations religieuses du Bénin se sont regroupées pour donner naissance à la plateforme nationale des structures religieuses engagées pour la santé. Aujourd’hui, elles sont 19 à faire partie de cette plateforme dont la mission est d’œuvrer à l’instauration d’une synergie d’actions entre les leaders religieux, afin de garantir l’efficacité des interventions dans le domaine de la santé aux côtés du gouvernement. Il faut dire que les indicateurs en matière de santé en général, et de santé de la reproduction en particulier restent à améliorer au Bénin.

Selon la dernière Enquête démographique et de santé (EDSB 2017-2018), l’indice synthétique de fécondité est estimé à 5,7 enfants par femme; le taux de mortalité infanto-juvénile à 96 ‰, et le taux de mortalité maternelle à 347 décès pour 100000 naissances vivantes. « Depuis sa création, la plateforme a contribué au recrutement de près de 17.000 utilisatrices de méthodes contraceptives modernes suite aux activités de plaidoyer, de formation de près de 2500 relais religieux, et la collaboration avec 55 centres de santé publics, confessionnels et privés », souligne Imorou Assan Aoudou du volet de l’implication des leaders religieux dans la SR/PF. A l’actif de cette plateforme également, l’édition d’un guide sur la planification familiale à la lumière des Saintes écritures. « Ce guide est utilisé par les leaders religieux pour sensibiliser ». «L’engagement des leaders religieux du Bénin est une réussite dans la sous-région par l’approche et les résultats », se réjouit Imorou Assan Aoudou même s’il déplore que « malgré tout, certains demeurent réticents, tout comme il y a des agents de santé qui sont contre ».

Flore Nobime

Publié le 30-08-2019 dans l’évenement précis

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