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Drame des grossesses en milieu scolaire au Bénin

Investir dans la contraception pour sauver des vies

Très peu de collégiennes évitent les grossesses non désirées grâce à la vigilance des parents. Le reste se laisse surprendre. Face aux insuffisances des sanctions juridiques et administratives infligées aux auteurs et aux victimes, la contraception est l’une des solutions efficaces.

488 filles élèves sont enceintes au 1er trimestre de l’année scolaire 2018 au Nord du Bénin. En 2017, selon le ministère de l’enseignement secondaire, une élève sur cent était en état de grossesses dans les collèges publics. 194 ont perdu la vie pendant l’accouchement. Ces chiffres inquiétants expriment le drame des grossesses en milieu scolaire.

« La grossesse m’a surprise. Pendant trois mois, j’ai eu des doutes. J’ai fait le test et c’était positif », explique d’une voix naïve, Assia, mère d’un bébé de deux mois, une élève de 14 ans en classe de quatrième au Collège d’Enseignement Général (CEG) de Nima à Parakou, troisième métropole du pays.

« C’est en voulant tricher que j’ai eu cette grossesse », confie Bana, une autre victime élève en Classe de Terminale au CEG 1 de Djougou   dans la Donga au Nord-Ouest. Les cas de grossesses sont toujours inquiétants dans le système éducatif béninois. « Le tableau des grossesses était sombre dans les années antérieures. Mais c’est en 2017 et 2018, que la médiatisation est faite pour alerter l’opinion publique nationale et internationale », indique yann udrick Koundé, point focal de l’Agence Béninoise pour le Markéting Social (ABMS) dans le Nord du Bénin.

Des mesures hardies et dissuasives

L’application de sanctions juridiques sont effectives non sans difficultés.

« La loi prévoit que si un élève est auteur de grossesse, il reste à la maison pendant ce temps d’indisponibilité de la victime. Un enseignant auteur de grossesse sur une élève, c’est suffisamment grave …la loi exige jusqu’à la perte de l’emploi en cas de récidive », rappelle Ayouba GARBA, inspecteur de l’enseignement secondaire.

« La loi 2015-08 portant code de l’enfant en République du Bénin dit clairement qu’une personne responsable dans cette situation doit être présentée au juge », indique Bruno Gbehinto du ministère de la famille.

« Nous avons déjà rompu leurs contrats de deux vacataires impliqués dans ces cas de grossesses. Concernant les élèves, nous avons eu une difficulté parce que certains sont d’autres départements… Par rapport aux autres catégories socio-professionnelles, il nous est impossible de savoir comment les traiter », témoigne Amadou Tomon, Directeur départemental de l’enseignement secondaire de l’Alibori.

« Il y a des arrangements entres les familles, on est découragé par moment quand on engage des poursuites judiciaires » déplore Yann U. Koundé, de l’ABMS.

882 nouvelles utilisatrices des méthodes contraceptives sont enregistrées dans les centres Amour et vie de l’ABMS dans la région septentrionale. L’implant, l’injectable, les pilules et les préservatifs sont les moyens les plus adoptés.

Des engagements internationaux à respecter

Le respect de ses engagements, au Sommet de Londres en juillet 2017 sur la  sécurisation et augmentation d’au moins 10% par an, la part contributive du gouvernement dans le budget alloué à l’achat des produits contraceptifs, la mise en œuvre d’une deuxième génération de Plan d’action national budgétisé avec de nouveaux taux de prévalence contraceptive à atteindre d’ici 2020 et l’intégration des stratégies à hauts impacts recommandées par la réunion ministérielle de décembre 2015 à Dakar sur la planification familiale permettront pour une meilleure prévention des grossesses en milieu scolaire au Bénin.

Abdoulaye MOUMOUNI YACOUBOU

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