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Egalité de genre au cœur des mouvements féministes africains : combat des femmes, déconstruire le concept de féminisme

Au dernier jour de la rencontre du Partenariat de Ouagadougou, tenue du 12 au 15 décembre 2022 à Niamey (Niger), une session plénière a été consacrée au thème « égalité de genre au cœur des mouvements féministes africains ». Une session modérée par Rodio Diallo, de la Fondation Bill et Melinda Gates.

Y’ a-t-il un féminisme africain ? Comment mobiliser les jeunes autour de ce combat ? Quel est le rôle des parents dans la masculinité positive ? Quelle place pour la femme rurale dans ce féminisme à l’Africain ?

Autant de questions qui ont balisé les contributions sur le sujet « égalité de genre au cœur des mouvements féministes africains ». Une session animée par Oumou Kane, Présidente de l’ONG AMAM, Young African Leaders de la Mauritanie, Fatou Baldé Yansané, Coalition des Femmes Leaders de Guinée et Bintou Marie Ruth Baldé, Coalition Femmes Leaders du Burkina Faso.

Féminisme africain, un passé revendiqué

Pour Bintou Baldé, le combat féministe a toujours existé en Afrique, rappelant certaines grandes figures, Taytu Betul (1851-1978) qui empêcha la colonisation de l’Ethiopie, Kimpa Vita la Jeanne D’Arc d’Afrique, Kahina, la reine berbère qui unifia l’Afrique du Nord, ou encore les Amazones du Bénin.

« Nous ne brûlerons pas nos soutiens gorges, comme en Occident, mais nous marcherons nues s’il le faut, comme les Maliennes lorsque des enfants furent tués » a-t-elle illustré.

Pour Bintou Baldé, le féminisme n’est pas dirigé contre les hommes. C’est un combat pour le droit des femmes, pour les droits humains. En excluant la moitié de la population, on paralyse la moitié de l’économie.

Pour Fatou Balde Yansané, « nous ne prônons pas un féminisme à l’occidental, mais un féminisme de style africain ». Dans les pays scandinaves, illustre-t-elle, les femmes ont une espérance de vie plus longue car leurs droits sont respectés. Selon elle, pas de développement sans respect des droits des femmes, d’où le retard des pays sahéliens.

Oumou se demande si le « mot féminisme, ce n’est pas pour stigmatiser le combat des femmes et les intimider ». En tant que directrice du football féminin dans un pays conservateur, elle explique toutes les difficultés rencontrées.

Place de la femme rurale dans le combat féministe

Selon Fatou Baldé, les femmes rurales constituent la frange la plus importante, notamment au Sahel. A ce titre, elles sont au cœur du combat féministe. Elles doivent être acteurs et non appendices du développement. L’exemple de 14 groupements féminins visités en Guinée l’illustrent. Elles nourrissent la communauté grâce à leur travail agricole et sont devenues incontournables. « Elles sont conviées à toutes les activités » a-t-elle souligné.

Oumou Kane a mis en garde les féministes qui s’entêtent à vouloir copier le modèle européen, soulignant que les contextes et les réalités socioculturelles africaines sont différentes d’où des approches qui doivent être calquées sur l’existant local.

Comment mobiliser les jeunes ?

Pour Bintou Baldé, il faut casser le principe selon lequel nous sommes en avance sur les jeunes. Au contraire, dira-t-elle en substance, il faut de plus en plus écouter les jeunes et les impliquer car ils disposent des instruments de solutions, a précisé Bintou. De l’autre côté, ajoute-t-elle, les jeunes doivent oser davantage.

Féminisme et santé sexuelle reproductive

Le féminisme à la base, c’est la promotion des droits des femmes, leurs droits sexuels et reproductifs notamment, fait observer Bintou Baldé. Selon elle, les femmes s’autocensurent, donnant l’exemple de la députée sénégalaise giflée en pleine séance parlementaire et la réponse qu’elle a obtenue d’une sénégalaise qui a tenté de justifier cette violence, en soutenant que la députée est allée trop loin. « J’étais choquée » a-t-elle déclaré.

Selon Bintou, il faut reformater les femmes car leur logicielle est programmée à subir les vestiges de mauvaises pratiques sociales. Pour elle, la femme n’est pas seulement celle qui prépare le repas et le sert à table. « Elle est la nourriture et la table à la fois », s’est-elle insurgée.

Pour elle, ce sont les femmes qui maintiennent la tradition et que paradoxalement ce sont les hommes qui défendent leurs droits. Elle cite l’exemple de son grand-père qui ayant appris l’excision de sa nièce a déclaré que « cette pratique va cesser. Aucune fille ne sera plus excisée dans ma famille » a-t-elle rapporté. Et cela fut. Si les femmes ont gagné des combats, c’est souvent grâce à un père, selon Bintou, puis à un mari ouvert. D’où des garçons issus de tels couples qui seront éduqués à la masculinité positive, au respect des droits des femmes, a-t-elle précisé. Elle regrette qu’il y ait encore des femmes réfractaires aux changements.

Fatou Baldé a donné l’exemple de cette femme battue jusqu’à l’hospitalisation par un mari, pourtant médecin de son état. Et c’est elle qui avait justement sauver la vie de cette femme. En réponse, cette dernière l’avait insulté copieusement, l’accusant de vouloir briser son ménage lorsque le procureur convoqua son mari.

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