Ouagadougou a abrité, ce vendredi 27 avril 2018, une réunion des ministres sectoriels pour la validation du document de Politique commune genre.
Le projet de stratégie genre soumis à l’appréciation des ministres sectoriels a été examiné le 26 avril par les experts des Etats membres de l’UEMOA. Son ambition est d’imprimer des changements structurels en érigeant l’équité de genre comme mode de gouvernance afin d’amorcer une réelle transformation sociale dans les Etats. Cette stratégie, faut-il noter, s’insère dans l’Agenda africain 2063, qui est le programme de transformations structurelles et de développement du continent au cours des cinquante prochaines années. « Une Afrique dont le développement est assuré par les peuples, puisant dans le potentiel des jeunes et des femmes », tel est la sixième aspiration de cet agenda. Cette invitation à compter sur le potentiel des femmes fait écho aux actions entreprises au niveau régional, notamment dans le cadre de l’UEMOA.
Dans son mot de bienvenue, le commissaire chargé du Département du Développement Humain (DDH) a dressé un visage peu reluisant des femmes dans les sphères de décisions.
La représentativité des femmes dans les postes de ministres délégués et de secrétaires d’Etat, varie de 12% (pour la Guinée Bissau) à 22% (pour le Sénégal), a-t-il indiqué.
Dans les parlements, elle va de 7,23 pour le Bénin à 41,82% pour le Sénégal, selon les statistiques de l’Union interparlementaire de 2017. De ce fait, l’UEMOA dans son plan stratégique 2011-2020 est résolument engagée à favoriser l’ancrage de l’institutionnalisation du genre.
C’est ainsi qu’est née l’ambition d’une Politique Genre Commune (PGC) à l’Union, dans le cadre d’une intégration régionale soucieuse d’optimiser les performances de l’espace. Un processus a permis d’aboutir à un projet de PCG qui a été validée par des experts sectoriels à la réunion de Cotonou, tenue en juillet 2016. Par la suite, le nouveau Collège a préconisé une réorientation stratégique en privilégiant plutôt l’adoption d’une stratégie genre.
Le premier axe de cette stratégie porte sur l’institutionnalisation du genre. « Ça veut dire qu’à tous les niveaux de la prise de décision, on doit avoir la dimension genre qui est prise en compte et à un bon niveau. Si on a des recrutements et des nominations à faire, il faut penser à la question du genre. Il en est de même lorsqu’une nouvelle politique doit être élaborée (…) », a clarifié Pr Filiga Michel Sawadogo, pour qui la pauvreté à un visage féminin.
Que faire pour que les femmes prennent toute leur place dans l’économie ? Au niveau de l’agriculture par exemple, on sait que les femmes font plus de 50-60% du travail réel mais quand il s’agit de récolter les fruits, souvent elles ne sont pas à ce stade.
En réponse à cette situation, le second point du projet de stratégie se focalisera sur la promotion du rôle de la femme dans l’économie. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que le document de Politique commune genre est ambitieux. Quoi qu’il arrive, les participants à la réunion sont optimistes.
Si on arrive à avancer au niveau des deux points, on verra que le rôle de la femme va nettement améliorer et en même temps ça pourra résoudre les problèmes de planification familiale, a confié Pr Sawadogo.
En ce qui concerne les nombreux accords internationaux ratifiés par les Etats africains en faveur des droits et de l’autonomisation des femmes, l’heure n’est plus aux engagements mais à leur matérialisation par l’action, selon lui.
La convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes, on l’a ratifié ça fait 20-30 ans mais les discriminations sont là. Ratifier c’est bien, mais appliquer c’est mieux.
Mme le ministre Hélène Marie Laurence Ilboudo/Marchall a, pour sa part, relevé que l’ensemble des efforts conjugués contribuera à élever le taux de représentativité des femmes dans les sphères de décisions au Burkina Faso, qui est d’environ 11%. Aussi, elle a, au nom de ses paires, salué l’initiative de la commission de l’UEMOA de mettre à leur disposition un référentiel, qui permettra d’enregistrer au niveau régional, des progrès plus significatifs à même d’impulser un développement inclusif.
Aïssata Laure G. Sidibé
Publié le 27-04-2018 dans lefaso