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Etat de la population mondiale 2020, les violences contre les femmes ont augmenté sous COVID-19

Le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) a animé, le 31 décembre 2020, une conférence virtuelle sur le dernier rapport de l’état de la population dans le monde. Le thème portait sur les pratiques contre les femmes et faisant obstacle à l’égalité. Pour les femmes et filles victimes de violences, la boussole s’est gravement affolée durant la COVID-19.

«L’ampleur des violences basées sur le genre (VBG) a été exacerbée sous la COVID-19», a d’emblée déclaré Khadijetou Lô, Chargée de Programme VBG auprès de la représentation de l’UNFPA Mauritanie. Cette conférence virtuelle s’est articulée autour des VBG les plus pratiquées, notamment les mutilations génitales féminines (MGF), le mariage des enfants, la préférence aux garçons ainsi que d’autres pratiques néfastes, comme les séquestrations.

Les VGB dans les politiques en Mauritanie

La préférence aux garçons est une pratique historique. On la retrouve en Arabie dans la période antéislamique, quand les filles étaient enterrées vivantes , rappelle Mme Lô, citant un verset du Coran relatif à ces faits.

Cette préférence se poursuit, selon elle, dans plusieurs communautés mauritaniennes, où une naissance masculine est fêtée dans la joie, alors que la naissance d’une fille est accueillie dans l’affliction. Cette réalité est plutôt mondiale et non spécifique à la Mauritanie, a-t-elle souligné en substance, évoquant la politique de l’enfant unique en Chine et ses conséquences, avec un nombre d’hommes plus élevé que celui des femmes.

Selon Mme Lô, la Mauritanie a déployé beaucoup d’efforts pour circonscrire les VBG, à travers un arsenal juridique et institutionnel consistant. Elle cite la ratification de plusieurs conventions internationales dans ce sens, comme la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination à l’Egard des Femmes (CEDEF) et la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE). Cette frange occupe également, d’après ses propos, une part non négligeable dans le programme « Taahoudati », les engagements politiques du Président Mohamed Cheikh Ghazouani.

Un tableau encore sombre des VBG, conséquence de la pandémie

«Malgré l’arsenal juridique et institutionnel mis en place pour lutter contre les VBG, les chiffres restent effrayants en Mauritanie» , souligne Mme Lô. Ces violences, présentes depuis des années, se sont beaucoup accrues, en particulier sous la COVID-19, selon elle. Elle cite l’enquête nationale de l’Office National de la Statistique (ONS) de 2012, qui parle de 68 %, toutes violences confondues. L’enquête Mics 2015 évoque 66,6 % de pratiques MGF, dont 53 % de filles âgées de moins de 15 ans et 35,4 % de mariage d’enfants. En 2019, les chiffres des VBG étaient de 57,2 % et en 2020, sous COVID-19, les chiffres étaient de 94 %, entre violences physiques, violences sexuelles, MGF et mariage des enfants.

Parmi les défis qu’il faut relever, Mme Lô cite le vote par l’Assemblée Nationale du projet de loi sur les VBG, bloqué depuis plusieurs mois après son adoption en conseil des ministres. En conclusion, Mme Lô a insisté sur les efforts à déployer pour assurer la promotion des droits des femmes et des filles pour instaurer les principes d’égalité, soulignant que les VBG constituent un problème transversal qui doit impliquer davantage les journalistes dans l’évaluation de l’action du gouvernement, dans le plaidoyer et la sensibilisation.

Présentation du rapport

Il faut rappeler que la conférence virtuelle qui était destinée principalement aux journalistes a été marquée par le mot de bienvenue du Représentant Résident de l’UNFPA en Mauritanie, SEM. Saidou Kaboré qui a évoqué la situation particulière de la COVID-19 sur les VBG et les études menées par le MASEF dans ce contexte sanitaire singulier sur ce sujet.

Auparavant, M. Ely Oudeika, Directeur Général au Ministère des Affaires Economiques, avait ouvert la conférence virtuelle en souhaitant la bienvenue aux participants, tout en soulignant la pertinence du thème sur les VBG retenu par le Rapport 2020 sur l’état de la population mondiale.

Bâ Mamoudou, Chargé de Communication à UNFPA Mauritanie, a procédé par la suite à une présentation sommaire du Rapport sur l’état de la population mondiale 2020 consacré aux VBG, eu égard à leur accroissement constaté durant la COVID-19.

Après avoir défini les MGF, il a cité le chiffre de 200 millions de filles souffrant de ses séquelles, selon le rapport qui a évoqué également la médicalisation des MGF, de plus en plus pratiquée par des personnels de santé. Le rapport parle de 52 millions de filles touchées dans le monde, avec les conséquences liées à la pratique des MGF, dont les fistules, les troubles psychologiques et autres traumatismes. Selon le rapport, 4,1 millions de filles risquent d’être victimes des MGF en 2021.

Evoquant le mariage des enfants, le rapport souligne que 33.000 mariages d’enfants ont lieu chaque jour à travers le monde, citant les conséquences dramatiques de ces pratiques sur l’avenir des filles, dont la fin de scolarité, la maternité précoce, le faible niveau d’éducation, les risques de suicide et d’être victimes de trafic. « 650 millions de filles et de femmes ont été mariées dans l’enfance » cite le rapport.

Le document décrit d’autre part la préférence pour les garçons comme une forme de violence basée sur la sélection post-natale du sexe des enfants, en éliminant les fœtus féminins pour garder les fœtus masculins par les méthodes contraceptives modernes dans le cadre de la contraction de la fécondité. Les préjugés sexistes prégnants dans certaines sociétés sont aussi dénoncés, car source de pratiques d’avortements, ce qui constitue une cause profonde dans l’inégalité entre les sexes.

La conférence virtuelle a été aussi l’occasion de mettre l’accent sur le rôle prépondérant joué par les leaders religieux, comme le symposium virtuel organisé en décembre dernier par l’UNFPA et le Forum de la Pensée Islamique, et qui avait réuni les érudits d’Afrique et du Moyen-Orient, des chercheurs, des islamologues, sur le thème « Islam et VBG ».

La rencontre a été clôturée par le mot du Directeur Général Ely Oudeïka et celui de Seynath Aïdara, Représentant Adjoint UNFPA Mauritanie.

Cheikh Aïdara

Publié le 10-01-2021 dans Thaqafa

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