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Faire avancer l’autosoin au Sénégal

Dans le contexte de la pandémie de la COVID-19, l’autosoin est apparu comme une approche pratique et importante permettant de réduire la pression sur les systèmes de santé mis à rude épreuve, de réduire les inégalités d’accès à la santé et d’améliorer les résultats en matière de santé, en particulier pour les plus vulnérables. Promouvoir l’autosoin à travers un fort engagement des différentes parties prenantes de la santé, y compris le secteur privé et public peut se révéler fructueux au Sénégal. Et, un accompagnement adéquat à la pratique de l’autosoin peut aider les gens à gérer leur propre santé et permettre aux systèmes d’être mieux équipés pour atteindre la Couverture Maladie Universelle (CMU).

Existant déjà au Sénégal, les interventions d’autosoins sont devenues un réel centre d’intérêt en réponse à la directive de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur les interventions d’autosoins pour la santé et le bien-être.

Le Sénégal est l’un des pays qui montre la voie à suivre en Afrique francophone, à travers la création d’un groupe des pionniers l’autosoin dont certains membres se sont penchés sur l’avancement et les perspectives de la pratique d’autosoin au Sénégal. Aussi, de juillet 2014 à juin 2016 inclus, le Sénégal a été l’un des 4 premiers pays où il y a eu l’introduction pilote du contraceptif injectable sous-cutané Sayana Press, aux côtés du Niger, du Burkina Faso et de l’Uganda. Une ouverture d’esprit du gouvernement et une volonté politique qui a positionné le pays comme leader à l’époque.

Qu’est-ce que l’autosoin dans le contexte des soins de santé, et plus particulièrement de la Santé sexuelle et reproductive ? S’agit-il d’un concept nouveau et différent de ce que les individus connaissent et ont pratiqué au fil des années ?

Aïssata Fall, Représentante régionale Afrique de l’Ouest et Centrale, PRB : l’autosoin allie le fait de comprendre quand et comment prendre soin de soi, quand avoir recours à un professionnel. Ceci doit pouvoir varier en fonction de la manière dont on se sent capable de le faire, ou de notre niveau de confiance dans notre propre jugement, du moment de notre vie. Donc, tout dépend de notre niveau de connaissances pour comprendre les déterminants de notre propre bonne santé. Il s’agit principalement de comprendre que l’autosoin n’est pas uniquement curatif mais a trait au fait de préserver notre bonne santé ; que la prévention n’est pas le fait d’éviter les maladies mais de conserver l’équilibre nécessaire à notre corps pour bien fonctionner, et que cela ne dépend pas uniquement de médicaments, mais avant tout d’une hygiène de vie, d’une bonne nutrition, etc.

La prévention, en matière de Santé Sexuelle et Reproductive (SSR) n’est pas seulement la prévention des grossesses ou des maladies sexuelles, mais commence par la connaissance et la compréhension de la sexualité, de notre corps et de son fonctionnement pour savoir repérer les déséquilibres et alors intervenir, seul ou avec un professionnel.

Enfin, l’autosoin signifie avoir suffisamment de connaissances pour pouvoir s’interroger et questionner sur les traitements médicamenteux ou les solutions médicales fournis : comprendre comment fonctionnent le ou les médicaments prescrits, les effets secondaires, choisir de manière éclairée entre les options proposées afin d’essayer celle qui convient le mieux à un corps que l’on connaît ; être capable d’expliquer aux professionnels de santé les réactions de notre corps à un stress connu ou à un médicament, savoir expliquer nos antécédents pour que la connaissance de nos corps soit un allié pour le médecin qui nous soigne.

Pr Issa Wone, Directeur de l’Association des Professionels de la Santé : je comprends l’autosoin comme la promotion de l’autonomie par rapport à la dispensation, aux niveaux individuel, familial ou communautaire, de techniques de soins adéquates et bénéfiques, sans qu’il n’y ait nécessairement la présence d’un agent de santé.

L’autosoin, en tant que tel, n’est pas un concept nouveau en médecine et santé. L’idéal médical est, depuis toujours, de rendre le patient autonome.

Dr Marème Mady Dia Ndiaye, Cheffe de la Division PF, Ministère de la Santé : La pratique de l’autosoin n’est pas du tout nouvelle. Ce qui est différent aujourd’hui, c’est l’encadrement de l’autosoin par rapport aux populations sinon ça devient de l’automédication. Et, il faut reconnaître que l’autosoin est en partie une automédication mais, une automédication supervisée.

“L’autosoin, en tant que tel, n’est pas un concept nouveau en médecine et santé. L’idéal médical est, depuis toujours, de rendre le patient autonome.”Pr Issa Wone, Ministère de la Santé et de l’Action sociale

En 2019, l’OMS a lancé les Directives consolidées pour les interventions d’autosoins en matière de DSSR. Tout récemment, en juin 2021, l’OMS a publié la version révisée 2.1 de ces directives . Comment le Sénégal s’appuie-t-il sur ce cadre mondial pour faire progresser les autosoins au niveau national ?

Dr Marème: Nous faisons comme à l’accoutumée. Nous avons des séances pour l’adaptation de ces directives au contexte du Sénégal, de façon consensuelle. Cela dit, en impliquant toutes les parties prenantes, notamment les directions, les partenaires de mise en œuvre, etc. 

Ida Rose Ndione, Chargée de Programme Senior, PATH Sénégal : Le Sénégal s’est très rapidement intéressé à l’autosoin et a très tôt pris l’option d’avoir une vision intégrée et large de l’autosoin. Pour le Sénégal, cette version révisée des directives de l’OMS vient plutôt conforter sa vision holistique de l’autosoin. Ce document cadre de l’OMS a été une opportunité pour le Sénégal d’entamer une réflexion pour harmoniser les interventions d’autosoin déjà existantes.

Quelles sont les interventions d’autosoin de la santé sexuelle et reproductive qui ont été proposées ou sur lesquelles se concentre le guide du Sénégal pour une mise à l’échelle ?

Ida Rose Ndione : Le guide de l’autosoin développé au Sénégal comprend plusieurs interventions en Santé Sexuelle et Reproductive comme le DMPA SC en auto-injection, il y a également les tests de fertilité par exemple qui ont un fort intérêt pour les femmes. A cela s’ajoute un certain nombre de conseil sur le bien-être de la femme enceinte et allaitante.

Y en a-t-il qui bénéficient déjà du soutien des parties prenantes et/ou du public ?

Ida Rose Ndione : Des interventions d’autosoin ne sont pas nouvelles au Sénégal, ce qui est nouveau c’est de les harmoniser et les regrouper dans un seul programme. En ce sens, il y a des partenaires qui soutiennent déjà le ministère de la Santé et de l’Action sociale (MSAS) en ce sens comme PATH avec le DMPA SC, ou encore Pop Council pour l’anneau vaginal… et l’autotest du VIH avec SOLTHIS.

Comment les jeunes perçoivent-ils l’autosoin au Sénégal ?

Aïcha Kanté, Présidente Jeunes Ambassadeurs SR/PF : Bien que l’autosoin soit pratiqué depuis des années au Sénégal, de nouveaux outils, produits et services médicaux et numériques améliorent la capacité des jeunes à évaluer et à gérer leurs propres besoins en matière de santé. En effet, avec une population dominée par la jeunesse et devant la multiplicité et la complexité des problèmes de santé, l’autosoin se présente aujourd’hui comme une stratégie sûre et prometteuse pour assurer aux jeunes une prévention, une prise en charge précoce, efficiente et appropriée de leurs problèmes de santé, en utilisant des outils appropriés.

Crédit : Jonathan Torgovnik / Getty Images / Images de l’autonomisation.

Plusieurs formes de communication sont utilisées pour aider les jeunes à acquérir les habiletés nécessaires pour la gestion de leur condition de santé. À ce titre, il y a des sites Internet spécialisés ou non, des brochures et dépliants, des livres de référence, l’utilisation d’un carnet de santé, des outils interactifs, des rencontres individuelles ou de groupe, des enseignements théoriques et pratiques, des ateliers, etc.

 Dans la société Africaine, il y a beaucoup de sujets tabous notamment dans celle sénégalaise. Les recherches suggèrent qu’ils se tournent plus facilement vers des sources d’aide informelles, comme la famille ou les amis. Dans cette optique, l’autosoin peuvent apparaître comme des interventions moins invasives, moins formelles, facilitant ainsi l’obtention de l’aide.

Quelle est l’importance de l’autosoin chez les jeunes et comment le pratiquent-ils dans le cadre de leur santé sexuelle et reproductive ?

Aïcha Kanté : Les indicateurs de Santé et Droits Sexuels Reproductifs (SDSR) constituent des paramètres à partir desquels il est possible d’appréhender la nature et le niveau des préoccupations en santé sexuelle et de la reproduction (SSR) d’un pays. Les travaux de Kähler & al. (2017) ont rapporté une nouvelle approche de SDSR développées en Europe et qui sont transposables dans les pays en développement. Cette approche met l’accent sur l’analyse de près des catégories spécifiques de services de SSR, à partir du principe : Disponibilité, Accessibilité, Acceptabilité et Qualité des services SSR. Il convient de souligner que l’examen des documents produits au Sénégal et dans la sous-région ne permet pas toujours d’apprécier la SDSR dans les aspects précédemment évoqués.

De manière spécifique, parmi les initiatives d’autosoin en cours au Sénégal et importantes pour les jeunes, on peut citer :

  •   L’éducation sanitaire et la supplémentation des femmes enceintes en micronutriments
  •   L’utilisation de méthodes de planification familiale comme les préservatifs féminins et masculins, les méthodes de PF naturelles, la prise de contraceptifs oraux, l’auto-injection de contraceptifs et l’auto-administration de l’Anneau Vaginal à Progestérone (AVP).

Quels sont les avantages de la promotion de l’autosoin chez les jeunes ?

Aïcha Kanté : La promotion de l’autosoin procure des avantages.

L’autosoin donne aux jeunes une plus grande disponibilité de soins de santé sexuelle et reproductive efficaces. Elle nous permet d’économiser du temps et des efforts, en nous permettant de gérer nous-mêmes de nombreux problèmes de santé de manière pratique et avec succès. Elle permet aux jeunes de répondre à leurs besoins fondamentaux sans les complications et l’effort supplémentaire que représente la consultation d’un médecin.

L’autosoin nous permet également   de prendre notre santé et notre bien-être en main, en nous donnant la motivation nécessaire pour améliorer notre qualité de vie. C’est un élément essentiel du bien-être à toutes les étapes de la vie.

Elle garantit l’amélioration de la couverture et de l’accès aux soins mais également la réduction des coûts pour les jeunes.

« L’autosoin offre aux jeunes une plus grande disponibilité de soins de santé sexuels et reproductifs efficaces … Elle leur permet de répondre à leurs besoins fondamentaux sans les complications et les efforts supplémentaires qu’implique la consultation d’un médecin … Il s’agit d’une composante essentielle du bien-être à toutes les étapes de la vie. Elle garantit une meilleure couverture et un meilleur accès aux soins, mais réduit également les coûts pour les jeunes », Aïcha Kanté

Si l’on considère que la pratique de l’autosoin se fait avec ou sans le soutien d’un professionnel de la santé, comment peut-on garantir certaines des composantes essentielles des soins de santé telles que la qualité des soins, l’utilisation appropriée et efficace, la continuité des soins ?

Dr Amy Ndao Fall, Responsable médicale pour l’Afrique, Sanofi Global Health Unit : Il y a une condition préalable qui est une reconnaissance de l’autosoin ainsi que son acceptation aussi bien au niveau des prestataires de soins que des bénéficiaires. Il est important que ce soit cadré, normé, accompagné et suivi. Un guide de l’autosoin pour un pays est incontournable mais aussi des normes et protocoles ainsi que des fiches pratiques CAT (Conduite à tenir). Une bonne communication et des formations sont nécessaires. L’intégration dans le système de santé, surtout au niveau des soins de santé primaire va assurer la prise en charge communautaire et la continuité des soins.

Dr Seynabou Mbow, Division Maladies Non Transmissibles, ministère de la Santé et de l’Action Sociale : La pratique de l’autosoin vient en appoint aux soins essentiels dispensés au niveau des structures sanitaires. Afin d’assurer la continuité des soins, l’utilisation appropriée et efficace des services de santé et la dispensation de soins de qualité chez ces patients qui bénéficient de l’autosoin, il est important :

  • De procéder correctement à l’annonce de la maladie qui permettra ainsi de faire comprendre la pathologie, d’amener le patient à lui faire accepter sa maladie et ainsi d’adhérer au traitement
  • De bien définir un plan de soin à court et à long terme où on décrira le plan de suivi,
  • De renforcer l’éducation thérapeutique en expliquant l’importance de la pratique de l’autosoin qui vient compléter les mesures pour avoir une prise en charge de qualité.

Comment envisagez-vous l’implication du secteur privé dans la promotion et la pratique de l’autosoin au Sénégal ?

Dr Amy Ndao Fall :  Le système de santé est composé du secteur public et du secteur privé, coordonné et managé par le ministère de la Santé. Les établissements de santé privés dépendent du district ou ils sont établis. Cette question ne devrait pas être posée si les choses se déroulaient bien. Il faut une implication du privé dès le début du processus pour que leurs spécificités et besoins soient intégrés. Ils ont la même responsabilité de la capacitation de leurs malades pour une meilleure prise en charge de leur propre santé et leur participation à leur propre prise en charge. Il faut former les acteurs du secteur privé pour qu’il n’y ait pas de mauvaise compréhension de l’autosoin car, ils ont plus d’obligation de résultat par rapport à leurs malades et il ne faudrait pas non plus qu’ils pensent que l’autosoin va leur faire perdre le pouvoir par rapport à leurs malades et même perdre des malades. Au contraire, le malade va plus adhérer à sa prise en charge s’il se sent valorisé et responsabilisé par son médecin.

Ida Rose Ndione : Le secteur privé est un maillon essentiel de l’autosoin et il faut nécessairement l’impliquer. En revanche, il faut comprendre que l’autosoin peut être une contrainte pour le secteur privé quand on considère que cela peut être un manque financier à gagner pour eux. Et c’est en ce sens que nous devons nous assurer de leur contribution pour que le secteur privé soit dans le mouvement.

Comment envisagez-vous l’obtention des données sur l’autosoin par le système (par exemple, l’utilisation, les perceptions et les attitudes, etc.) Comment les autosoins peuvent-ils être mesurés ?

Dr Amy Ndao Fall : Un système de reporting devra être mis en place, avec au préalable la définition des indicateurs aussi bien au niveau des prestataires de soins que des utilisateurs, de la communauté, en intégrant une enquête qualitative socio-anthropologique pour mesurer les perceptions et attitudes. Je suggère qu’un pilote soit fait dans un district puis mis à l’échelle. Une enquête CAP (Connaissance, Attitudes, Pratique) avant et après intervention serait aussi très appropriée.

Aïssata Fall : Les enquêtes EDS ont peut-être un module « autosoin » ?  Mais on doit clairement définir les différences entre autosoin et automédication pour être certain que les indicateurs répondent à la bonne question.

Ces définitions ne doivent être construites uniquement dans la sphère médicale. L’expérience du VIH/SIDA sur la démédicalisation doit être utilisée pour mieux comprendre comment les collectes de données peuvent être approchées.

Il ne s’agit pas de reproduire ce qui est fait dans le secteur du VIH, mais d’analyser ce qui a fonctionné, ce qui peut être utilisé.

Crédit : Jonathan Torgovnik / Getty Images / Images de l’autonomisation.

Il n’y a pas de réponse uniforme car, il n’y pas un autosoin. Les interventions varient selon qu’il s’agit de préventif ou curatif, selon la maladie, selon qu’on veut parler d’hygiène et de santé publique (prévention obésité, hypertension…).

Nous avons des expériences réussies au Sénégal (VIH, Diabète, HT) à exploiter pour dessiner des modèles.

Il ne s’agit pas de mesurer la mise en œuvre des recommandations de l’OMS, mais de comprendre l’autosoin là où il se passe, au niveau de l’individu, dans le contexte de ses facteurs socio-culturels. Car, l’autosoin touche au changement de normes sociales.

L’analyse des interventions de santé dans les différentes formations sanitaires est une source précieuse : quels cas auraient pu être gérés par l’individu lui-même s’il avait la bonne information sur sa santé ? Quels types d’interventions sont vraiment une surcharge pour les systèmes de santé ? Qui sont les « dispatchers » et comment se fait, dans la réalité, la répartition des malades ?

Pr Issa Wone : A mon avis, l’autosoin devrait être mesurée de façon qualitative, et non quantitative, au risque de la « standardiser ». On pourrait par exemple développer des méthodes ethnographiques comme l’observation participante, pour apprécier les pratiques d’autosoin au niveau des individus, des familles et de la communauté.

Quelle est votre vision du succès pour l’autosoin ?

Aïssata Fall : Elément crucial pour améliorer la performance de nos systèmes de santé défaillant, il offre l’opportunité de mettre l’utilisateur au centre de la réflexion et de mettre en œuvre l’approche de la santé centrée sur l’humain.

Définir et améliorer l’autosoin doit se faire avec les acteurs du système de santé au premier niveau de « filtrage », là où se décide si un individu pourrait se soigner / gérer seul sa santé ou s’il a besoin – et cela peut être l’individu lui-même qui décide s’il en a la capacité. Ces acteurs du système de santé incluent l’utilisateur de la santé en tant que partenaire à part entière.

Le succès de l’autosoin repose sur une éducation à la santé qui doit entrer dans les valeurs transmises au sein des familles. Education à connaître son corps et ses besoins, à connaître ses droits à la santé, au choix ; éducation à comprendre l’offre de santé et le droit à l’information. Education des prestataires à mieux comprendre que l’autosoin ne leur retire pas le pouvoir mais les aide à mieux réaliser leur mission.

Dr Amy Ndao Fall : Une prise de conscience, une responsabilisation et un engagement de tout citoyen à préserver sa santé. Aussi, un système de santé soulagé, déchargé, enrichi du fait de l’intégration de l’autosoin dans sa politique.

Dr Seynabou Mbow : Pour que l’autosoin puisse être un succès, il est important de former les prestataires de santé sur l’autosoin, d’orienter les associations de patients afin d’accompagner les malades, mais aussi de rendre accessible les technologies essentielles permettant la pratique de l’autosoin.

Ida Rose Ndione : Une vision holistique de l’autosoin permettant une autonomisation des populations d’une part mais aussi que le système de santé puisse tirer profit des avantages de l’autosoin d’autre part, pour utiliser le temps gagné pour former les prestataires de santé.

Quels défis / leçons / meilleures pratiques avez-vous observés dans le processus de promotion des interventions d’autosoins au niveau national, en utilisant le DMPA-SC comme exemple ? 

Dr Marème : Nous avons tout fait par rapport au DMPA SC avant même l’auto-injection et ensuite un plan de mise à l’échelle a été mis en place. Mais, nous avons un problème de financement. La mise à l’échelle nécessite des formations par rapport au counseling, afin également que les prestataires l’intègrent dans leur pratique quotidienne. Cela ne se fait pas de façon systématique car il nous arrive de constater lors des supervisions que le mannequin pour la démonstration et l’apprentissage pour la cliente n’est pas disponible dans le présentoir des méthodes contraceptives utilisé lors du counseling initial. Il y a aussi un déficit dans la couverture globale et harmonisée du DMPA-SC en auto-injection dans le pays ; la mise à l’échelle continue lentement avec les opportunités offertes par les partenaires techniques et financières. Le Sénégal est pionnier dans l’utilisation du DMPA mais, l’examen des données de routine (DHIS2) montrent que cela n’avance pas comme voulu. Il faut dire que l’objectif n’était pas de mettre toutes les femmes sous AI mais d’en donner l’opportunité à celles qui le souhaitaient. Sinon, c’est une bonne stratégie dans la mesure où ça contribue à l’autonomisation des femmes. Elles ont du temps pour se consacrer à leur famille et à des activités génératrices de revenus. En plus, le fait de faire de l’auto-injection te grandit dans la communauté, ça accroît d’une certaine manière la confiance en soi.

“Cela ne se fait pas de façon systématique car il nous arrive de constater lors des supervisions que le mannequin pour la démonstration et l’apprentissage pour la cliente n’est pas disponible dans le présentoir des méthodes contraceptives utilisé lors du counseling initial.”Dr Marème Mady Dia Ndiaye, Cheffe de la Division PF, Ministère de la Santé

Comment comptez-vous assurer la promotion de l’autosoin au Sénégal et son ancrage dans le système de santé ?

Ida Rose Ndione : L’étape importante en termes de promotion est, une fois le guide finalisé, de pouvoir le disséminer auprès de l’ensemble des partenaires, de la société civile… Son ancrage dans le système de santé doit être assuré par l’engagement des différentes composantes des ministères et c’est le cas aujourd’hui quand on voit que le portage se fait au niveau de la direction générale de la santé. La promotion est assurée par des organisations de la société civile comme le Réseau des Femmes Sénégalaises pour la Promotion de la Planification Familiale (REFESPF) dans le groupe des pionniers.

Publié le 25-08-2022 dans Knowledge Success

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