Le ministère de la Santé, en partenariat avec l’Organisation Ouest-Africaine de la Santé (OOAS), a procédé au lancement du projet d’amélioration de la qualité des soins maternels et néonatals dans le district sanitaire de Forécariah. Ce projet pilote, lancé ce jeudi 06 septembre 2018, est financé par l’OOAS à hauteur de 30 mille dollars US et va toucher les 9 sous-préfectures, en plus la commune urbaine de Forécariah, a appris sur place Guineematin.com, à travers son envoyé spécial.
Jusque-là, des femmes continuent de mourir en Guinée en donnant naissance. A Forécariah par exemple, 18 décès néonatals ont été enregistrés depuis le début de l’année 2018. Ce projet d’amélioration de la qualité de la santé de la femme et du nouveau-né à Forécariah a pour objectif d’améliorer la prise en charge des femmes enceintes et celles qui accouchent avec complication et les nouveau-nés qui naissent avec complication.
Selon Bachir Kanté, conseiller chargé de la Coopération et point focal de l’OOAS en Guinée, « nous savons qu’au jour d’aujourd’hui, au sein de la Guinée, nous avons des indicateurs par rapport à la santé maternelle et néonatal qui ne sont pas très reluisants. Et pour ce faire, l’OOAS s’est investie dans ce domaine-là. Un premier projet est initié, si vous voulez en termes de test, pour voir comment ça va évoluer. Et, nous avons préféré choisir la préfecture de Forécariah. Ce n’est qu’un début, c’est un projet qui s’étend sur une année. Et au cours de ce projet, on verra quels sont les résultats et quels sont les changements apportés par rapport aux indicateurs qui sont au niveau de la naissance, des décès néonataux et au niveau infantile également ».
Par ailleurs, le point focal de l’OOAS en Guinée a dit que le choix de la préfecture de Forécariah s’explique par plusieurs facteurs. « D’abord, un c’est un début, si nous envoyons dans des régions beaucoup plus reculées, il sera très difficile pour nous, au sein de la capitale, d’avoir une appréciation, un contrôle et un suivi-évaluation beaucoup plus efficient. Donc, la proximité déjà avec la capitale nous permet de faire un suivi et évaluation beaucoup plus concret et beaucoup plus réaliste de budget », a ajouté Bachir Kanté.
Abondant dans le même sens, Dr Ibrahima Sory Diallo, pédiatre et champion SONU (Soins Obstétricaux Néonatals d’Urgence), a dit que le projet a plusieurs phases. « La première phase c’est d’identifier les postes de santé, les centres de santé et les acteurs, c’est-à-dire les agents communautaires, plus les chefs de centre. Ce qui a été déjà fait. Ensuite, on va identifier les différents postes de santé pour qu’on voie les capacités de ces postes de santé et les centres de santé. Parce qu’on doit former les prestataires à la reconnaissance des signes de danger et à la prise en charge. L’objectif ici de ce projet est que dès qu’on identifie une femme qui est enceinte ou qui vient accoucher, qui a une complication, c’est de pouvoir référer la femme à temps, pour qu’on puisse la prendre en charge au niveau supérieur », a-t-il indiqué.
En outre, Dr Ibrahima Sory Diallo a dit qu’il sera mis sur pied « une base de données pour que ces femmes soient répertoriées et que chaque femme qui fait les CPN (Consultations Prénatales) puisse être conseillée sur l’identification des signes de danger. (…). Le projet a un avantage, c’est aussi d’impliquer le syndicat des transporteurs. Une fois que la population accepte le projet, le syndicat des transporteurs va être impliqué pour faciliter le transport des femmes avec complication ou-bien de ces nouveau-nés avec complication au niveau de la structure supérieure, en l’occurrence l’hôpital de Forécariah. On a impliqué les piroguiers parce que la zone de Forécariah, comme vous le savez, est une zone qui a beaucoup d’îles. Et entre des villages où il y a l’eau, si vous n’utilisez pas les piroguiers, s’il n’y a pas de ponts, les femmes ne pourront pas être vues à temps ».
De son côté, Alhassane Camara, préfet de Forécariah, a remercié les autorités, avant d’inviter les populations à adhérer au projet. « L’invitation que je peux faire, va droit aux populations et aux autres membres de l’autorité préfectorale, c’est l’implication de chacun et de tous pour le succès à ce projet. C’est un projet qui vient à point nommé parce qu’en fait, il n’y a pas un mois de cela qu’on a transporté une femme sur une moto en travail d’un district de Sékhourou à Sékhourou centre ; de Sékhourou centre à Moussaya. La femme a trouvé la mort en cours de route. Cela, après avoir mis trois (3) jours de travail d’accouchement dans un district. C’était la désolation. On a perdu à l’occasion deux vies : son enfant et elle-même qui était porteuse de cet enfant. Alors aujourd’hui, le gouvernement à travers le ministère de la santé, vient nous soulager par ce projet qui va prochainement assister ces femmes pour éviter ces cas de figure dans nos familles et dans nos collectivités. C’est ce qui fait la mobilisation de l’ensemble des administrateurs territoriaux qui connaissent déjà les conséquences dans leurs milieux pour élargir la sensibilisation».
Sory Diallo
Publié le 06-09-2018 dans Guineematin