Hier, mercredi 11 octobre, est célébrée la journée internationale de la fille instituée depuis 2012. Cette journée est très peu connue par le grand public dans cette partie sud du pays, mais l’association de développement le Gabou déjà sur la problématique, en a profité pour sensibiliser les communautés de la région de Sédhiou sur les différentes formes de violences administrées aux filles. Cette mobilisation entre dans le cadre de son partenariat avec la fondation OSIWA pour porter le combat citoyen contre les grossesses non désirées et les mariages précoces des filles à l’origine des abandons scolaires.
Sédhiou et sa région restent toujours étreintes par le phénomène des grossesses précoces non désirées et les mariages d’enfant à l’origine des abandons scolaires. Et pourtant, des programmes de sensibilisation sont en cours pour infléchir cette fâcheuse tendance, mais le bout du tunnel semble encore lointain. Dans cette dynamique de plaidoyer, l’association de développement Le Gabou, en partenariat avec la fondation OSIWA déroule une panoplie d’activités d’éveil en vue d’un changement qualitatif de comportements de phénomène des grossesses précoces des filles et le plus souvent non désirées, les mariages précoces des jeunes filles et le tout à l’origine des abandons scolaires constitue une préoccupation majeure dans la région de Sédhiou. «C’est sans doute une grosse pierre sur le chemin du leadership des femmes dans notre région.
C’est donc la raison pour laquelle nous avons sollicité et obtenu l’accompagnement financier de la fondation OSIWA dans le cadre de la lutte contre ces formes parfois inouïes de violences contre les filles», a déclaré hier, Malang Biaye, membre de l’équipe cadre de l’association de développement le Gabou. Et d’ajouter «diverses activités de sensibilisation, de mobilisation et de plaidoyer sont prévues sur notre feuille de route. Dans chacun des trois chefs-lieux de département, nous allons y dérouler dix caravanes de sensibilisation, des foras dans les établissements scolaires, des activités de prise en charge psychologique avec les psychologues conseillers et des médecins pour les victimes afin de préparer leur réinsertion dans le tissu social, car souvent elles sont regardées d’un œil accusateur (stigmatisées) » soutient-il.
Au cours de leur campagne de sensibilisation, mardi dernier, sur l’axe du Pakao, les caravaniers sont tombés sur un phénomène inédit : une dame venue soumettre sa fille de 16 ans à une planification familiale, apprend hélas que la fille en question est enceinte d’un mois. N’diaye Sylla, le chef d’équipe de la caravane explique, par ailleurs, que dans le Balantacounda (extrême sud) «nous avons rencontré une jeune fille jumelle et étudiante à Dakar. Elle a accouru vers nous quand elle a entendu notre message de sensibilisation. Elle n’a pas hésité à nous faire comprendre que son père a donné sa sœur jumelle en mariage de force. Aujourd’hui elle n’étudie plus et garde deux enfants chez elle, pauvre et amaigrie par le stress» indique-t-il, préférant garder son nom.
Le sous-préfet de l’arrondissement de Diendé, Cheick Tidiane Kamara, a salué ce partenariat de Gabou avec la fondation OSIWA pour la «qualité des activités de mobilisation sociale et l’impact attendu au sein des communautés de Sédhiou très touchées par le phénomène». Madiaw Kandji l’adjoint au préfet de Sédhiou n’en dit pas moins et exhorte Gabou à poursuivre cette dynamique pour infléchir la tendance.
Ce 11 octobre, journée internationale de la fille est très peu connue ici comme du reste dans beaucoup d’autres localités au Sénégal. Bien au-delà d’une action ponctuelle, le combat se veut permanent et le défi requiert une approche pluridisciplinaires, communautaire et participative pour circonscrire le mal.
Moussa DRAME
Paru le 12-10-2017 dans Sud Quotidien