Le conseil des ministres du Burkina Faso en sa séance du 26 décembre 2018 avait annoncé la gratuité des soins et des services de Planification Familiale (PF) à compter de juin 2019. La mesure est entrée en vigueur le 24 juin 2019 dans deux régions pilotes, à savoir la région des Cascades et celle du Centre -ouest. Elle s’étendra progressivement aux autres régions pour couvrir le territoire national.
Le taux d’utilisation des méthodes contraceptives est le rapport du nombre d’utilisatrices de méthodes contraceptives par le nombre de femmes en âge de procréer. Au Burkina, il est de 24,85%. Ce taux est faible dans les treize régions. Le Sud-ouest qui se hisse en haut du tableau avec 37,66% contre le Centre -Est qui enregistre le plus faible taux pour l’année 2018, selon le service de la planification familiale de la direction de la santé de la famille.
Au regard de ces faibles taux et pour faciliter l’accessibilité des méthodes contraceptives, la direction de la santé de la famille mène diverses actions dont principalement l’accessibilité géographique et financière. A chaque niveau, l’Etat burkinabè, à travers le ministère de la santé, fait des efforts pour améliorer la qualité des soins et services au profit des populations.
Ainsi, l’accessibilité géographique consiste à la construction de nouvelles infrastructures sanitaires et l’amélioration des voies d’accès aux structures de santé. Actuellement, la population du Burkina est en moyenne à 5,9 km d’une formation sanitaire. Quant à l’accessibilité financière, elle consiste à la subvention des produits contraceptifs par l’Etat burkinabé et des intrants et surtout la gratuité des produits contraceptifs et des consommables.
L’accessibilité financière, si elle est bien menée, pourrait booster le taux d’utilisation des méthodes contraceptives, en ce sens que la méthode contraceptive est aux frais du patient et les intrants (gants, compresses, désinfectants, etc.) à la charge des comités de gestion des formations sanitaires, explique Dr Suzanne Kola, médecin -chef du district sanitaire de Gaoua.
La région du Sud-ouest a enregistré en 2018 le taux le plus élevé d’utilisation de méthodes contraceptives, soit 37,66 %. Les efforts du ministère de la santé sont aussi accompagnés par des structures privées telles que Marie Stopes, une ONG britannique installée au Burkina Faso depuis 2009. Elle couvre 67 districts sanitaires sur le plan national. Au niveau de la région du Sud-ouest, l’ONG a commencé ses activités en novembre 2017 et couvre les cinq districts de la région.
Avec son équipe mobile de huit personnes, elle rejoint les femmes dans les localités les plus reculées à voiture et à moto, relate Naba Modeste Hien, chef d’équipe mobile de Gaoua. Les méthodes offertes aux femmes sont les méthodes permanentes (ligature des trompes et vasectomie), les méthodes de longue durée (implant, stérilet) et les méthodes de courte durée (pilules, injectables).
« Hors gratuité, les deux premières méthodes coûtent 300 FCFA et les pilules 50 FCFA. Une fois sur le terrain, il arrive que des femmes manquent de moyens pour payer ces méthodes. En pareille situation, nous faisons une exonération partielle ou totale et le manque à gagner est supporté par l’ONG Marie Stopes. Nous enregistrons en moyenne une cinquantaine de femmes par séance », détaille Naba Modeste Hien. Une bonne collaboration existe entre l’ONG ,les agents de santé, les responsables coutumiers et les autorités municipales même si des réticences persistent toujours, affirme le chef d’équipe Marie Stopes Gaoua.
Boubacar Tarnaguida
Publié le 26-09-2019 dans le faso