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« Il est nécessaire de maintenir les efforts pour le recrutement des 227.000 utilisatrices additionnelles attendues »

La 8e RAPO se tient à Cotonou sur le thème « les jeunes, changement social et de comportement : Nous en voulons plus ». Le ministre de la santé du Bénin, Benjamin Hounkpatin se prononce, entre autres, dans l’entretien ci-après, sur le choix de Cotonou, le thème de la présente réunion, les progrès enregistrés par son pays et l’après 2020.

Comment appréciez le choix porté sur Cotonou pour abriter la deuxième fois (2014 et 2019) une Réunion Annuelle du Partenariat de Ouagadougou ?

C’est un choix exceptionnel. C’est la preuve que le Bénin est un pays d’accueil. Je donne pour preuve la suppression du visa pour trois (3) ans à tout ressortissant d’un pays africain.

Le thème retenu est « Les jeunes, changement social et de comportement : Nous en voulons plus ». Quel commentaire vous inspire ce thème ?

Nous savons que les adolescents et jeunes constituent la couche la plus importante de nos populations. Il est primordial que pour infléchir la tendance actuelle de l’évolution de nos indicateurs, nous mettions les jeunes au cœur de nos politiques de développement.

Votre pays a-t-il a pu respecter son engagement de 2013 pour rendre, en 2015, l’accès gratuit des jeunes et adolescents aux contraceptifs ?

Conscient que cet engagement est d’une importance capitale pour le Bénin, nous l’avons renforcé en 2017, au sommet de Londres sur la PF, en l’élargissant à toute la population cible. Il est bien vrai que l’échéance est déjà cette année 2019, mais nous sommes en train de tout mettre en œuvre pour respecter cet engagement avant fin 2020. Le volet assurance-maladie du projet Assurance pour le Renforcement du Capital Humain (ARCH), est dans sa phase pilote. Il est prévu lors de la phase de mise à échelle, la prise en charge dudit volet.

Que fait le Bénin pour écouter davantage les jeunes, les associer aux politiques et programmes qui les concernent et construire l’avenir avec eux ?

Les jeunes sont associés de façon stratégique à toutes les activités de développement. Et cette démarche vise à nous éviter qu’ils disent que ce que nous faisons sans eux est contre eux. Le gouvernement du Président Patrice Talon développe des stratégies innovantes de financement des activités génératrices de revenus à travers des micro-crédits, afin d’autonomiser financièrement les adolescents et jeunes. Des programmes d’appui aux start-up des jeunes sont aussi mis en œuvre.

Notons aussi que les efforts continuent pour que les services de santé soient transformés en services conviviaux pour les adolescents et jeunes.

La prévalence de la contraception moderne chez toutes les femmes a fait un bond intéressant passant de 9,6 % en 2012 à 15,4 % en 2018, moins il est vrai, de ce qui était attendu (20%). Qu’est-ce qui a été déterminant dans la réalisation de ces progrès ?

Les différentes interventions mises en place telles que l’élargissement de la gamme des produits contraceptifs, l‘intégration de la PF au niveau communautaire avec la délégation de tâches aux relais communautaires, le renforcement des capacités des prestataires, les campagnes d’offre gratuite… ont permis d’améliorer le Taux de Prévalence Contraceptive. Mais les efforts restent à faire dans ce sens, puisque l’objectif de 20 % visé n’était pas atteint.

Quel bénéfice le Bénin a-t-il tiré de son appartenance au Partenariat de Ouagadougou dans la mise en œuvre de son plan d’action national PF budgétisé ?

Beaucoup de choses. A mon humble avis,

Si le Partenariat de Ouagadougou, n’était pas né, le Bénin, ne serait pas à ce niveau aujourd’hui en ce qui concerne le Taux de Prévalence Contraceptive pour les méthodes modernes. Il est bien vrai qu’il reste beaucoup encore à espérer, mais nous avons remarqué qu’il y a une nette amélioration de la prise de conscience en ce qui concerne le lien entre la Planification Familiale et le Développement. Je peux donner, comme exemple, l’implication réelle des religieux dans les activités de plaidoyer et de mobilisation de la population pour la planification familiale.

Quel bilan faites-vous, en ce qui concerne le Bénin, de la phase d’accélération (2016-2020) lancé les pays du Partenariat de Ouagadougou ?

Pour nous, le bilan est globalement positif. Mais il est nécessaire de maintenir les efforts pour que le Bénin recrute les 227.000 utilisatrices additionnelles attendues pour la phase d’accélération du Partenariat de Ouagadougou. En effet, le point fait en 2019, montre que le Bénin a recruté environ 174 000, il reste donc un gap de 53 000 utilisatrices additionnelles à combler avant fin 2020. Nous allons tout faire pour respecter nos engagements.

Les progrès obtenus ont-ils eu un impact sur le monde rural qui peine à accéder à des services dispensés par un personnel suffisant et qualifié ?

Je l’avais tantôt exprimé. La délégation de tâches aux relais communautaires, avec l’introduction du DepoMedroxyProgesterone Acetate en Sous Cutané (DMPA-SC) en milieu communautaire a permis d’améliorer de façon substantielle, l’accès aux services de PF en milieu rural. Il faudrait poursuivre les efforts pour améliorer l’accès des femmes aux services de PF, en introduisant par exemple bientôt, l’auto injection du DMPA-SC.  

Dans les pays membres du PO, on constate que les dépenses nationales en ce qui concerne les contraceptifs restent encore faibles. Où en est votre pays ?

Le Bénin vient de respecter l’engagement pris au sommet d’Addis-Abéba 2013 et confirmer à Londres en 2017, de consacrer 250 millions de frs CFA pour l’achat des produits contraceptifs. Les produits contraceptifs ont été effectivement commandés cette année 2019 pour 250 millions de francs CFA. Les efforts doivent se poursuivre pour augmenter ce montant de 10% chaque année.

Le Bénin dispose d’une loi sur la santé de la reproduction. Cependant, des acteurs ont déploré l’absence de textes d’application et soulignent la nécessité de la réviser. Où en est-on ?

Les décrets d’application sur la loi sont élaborés et validés. Il ne reste que leur signature qui ne saurait tarder. Ladite signature sera suivie par une phase de dissémination intensive afin que tous les acteurs concernés (agents de santé, officiers de police judiciaire, juges…) soient informés. Quant à la révision de la loi, elle pourra donc intervenir par la suite, lorsque nous aurions mené des interventions spécifiques sur les normes sociales.

Propos recueillis par El Bachir Sow

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