A l’occasion de la Journée Mondiale de la Population, le 11 Juillet, le Président Directeur Général d’IntraHealth International Pape Gaye offre ses réflexions sur ce qu’il faudra pour créer une population mondiale saine et prospère, et comment la planification familiale pourrait y contribuer.
Question: Beaucoup d’entre nous travaillent dur pour améliorer l’accès à la planification familiale dans les pays à travers le monde. Quels sont les avantages les plus frappants pour la santé que nous pouvons espérer comme résultats de nos efforts ?
Pape Gaye: Nous savons depuis longtemps qu’il existe une corrélation directe entre la planification familiale et de meilleurs résultats pour la santé et les naissances.
Les familles qui planifient ont tendance à avoir moins de complications de santé- les enfants sont plus souvent nés avec un poids normal, les mères récupèrent plus rapidement de l’accouchement. Mais la jeunesse dans les pays à faible revenu bénéficie peut être des avantages les plus frappants.
La planification familiale– ou la planification d’avenir, comme nous l’appelons souvent dans ces cas–réduit considérablement le taux d’avortement en général et en particulier chez les jeunes. Nous savons qu’environ 13% des décès maternels dans le monde sont directement imputables à des avortements à risque. Et nous savons que le pourcentage le plus élevé dans ces cas se produit chez les jeunes.
La planification familiale est l’un des meilleurs investissements qu’un pays puisse faire dans son propre avenir.
Il y a aussi la question de l’éducation. En empêchant les jeunes de devenir des parents trop tôt et en aidant les familles à planifier leur croissance, nous pourrions réduire considérablement le nombre d’enfants qui ne sont pas en mesure de terminer l’école.
Et cela pourrait avoir un impact transformateur sur la population mondiale. Nous verrions des familles en meilleure santé, des communautés plus instruites et des sociétés qui sont plus productives et plus prospères.
Q: Qu’en est-il des avantages économiques? Une plus grande disponibilité de la planification familiale peut-elle vraiment conduire à une plus grande prospérité?
Pape Gaye: Nous avons observé maintes fois que lorsqu’un pays investit dans la santé de sa population, cet investissement est rentable. Par exemple, entre 2000 et 2011, l’amélioration de la santé a représenté 24% de la croissance économique dans les pays à revenus faible et intermédiaire, selon the Lancet’s report, Global Health 2035.
Et la planification familiale est l’un des meilleurs investissements qu’un pays puisse faire dans son propre avenir. Les dividendes démographiques qui viennent avec un programme de planification familiale robuste peuvent aider un pays à faible revenu à devenir un pays à revenu intermédiaire.
Regardez par exemple ce que l’Indonésie, la Thaïlande et Singapour ont accompli dans le passé.
Basé sur le modèle des économies des tigres d’Asie, comme on les appelle-Hong Kong, Singapour, la Corée du Sud, et Taiwan-les pays peuvent faire de grands progrès dans le changement de la dynamique de leurs populations. Ces pays ont de très bons programmes de planification familiale qui ont été une partie intégrante de leur développement économique.
J’ai grandi au Sénégal, dans une communauté où les familles nombreuses étaient préférées.
Q: Que faut-il pour rendre de la planification familiale plus largement disponible dans des régions comme l’Afrique de l’Ouest, où les progrès ont été beaucoup plus lents que dans d’autres parties du monde?
Pape Gaye: J’ai grandi au Sénégal, dans une communauté où les familles nombreuses étaient préférées. Mais cela ne voulait pas nécessairement dire qu’on pouvait prendre soin de tous ces enfants, ou assurer à chacun d’eux une bonne éducation.
Au Sénégal, nous savons que près de 30% des femmes ont un besoin non satisfait en planification familiale. Nous savons aussi que la demande totale pour la planification familiale est satisfaite seulement environ 28% du temps.
Mais nous travaillons pour changer cela.
Le Partenariat de Ouagadougou est un excellent exemple de la façon dont nous pouvons accélérer les progrès dans cette région. Il est composé de neuf gouvernements à travers l’Afrique occidentale francophone, avec la société civile et les ONG partenaires. Le partenariat vise à améliorer la coordination entre les bailleurs de fonds et à mobiliser les décideurs au plus haut niveau de ces gouvernements.
C’est la façon d’obtenir un engagement réel au niveau des pays. Il s’agit d’une étape vers la transformation pour la santé et le bien-être économique de l’Afrique de l’Ouest. Et nous sommes ravis de faire partie de cette initiative.
Propos recueillis par Margarite Nathe d’IntraHealth International.
Traduction fournie par EtriLabs.