Le Partenariat de Ouagadougou et l’Organisation Ouest africaine de la santé (OOAS) ont formalisé leur collaboration, à travers la signature d’un protocole d’entente, Mercredi 09 Décembre, à l’occasion du démarrage de la quatrième Réunion annuelle du Partenariat de Ouagadougou qui se tient à Cotonou, au Bénin du 09 au 11 Décembre. Les responsables des deux institutions après la signature d’accord ont expliqué au cours des entretiens avec la presse, le sens que revêt la signature de ce protocole d’entente. Lisez respectivement les interviews accordées par Dr Xavier Crespin, directeur de l’OOAS et Fatimata SY, directrice de l’Unité de coordination du Partenariat de Ouagadougou
L’Autre quotidien : Quel regard portez-vous sur le Partenariat de Ouagadougou?
Dr Xavier CRESPIN: Le Partenariat de Ouagadougou, c’est une initiative lancée en 2011 à Ouagadougou. Ceci au regard de la situation qui est la nôtre dans notre sous-région, la région Ouest africaine. Cette région est caractérisée par une espérance de vie qui tourne autour de 57 ans, un indice synthétique de fécondité qui tourne autour de cinq enfants par femme, une croissance de la population qui tourne autour de 3%, un taux d’urbanisation qui tourne autour de 50%. A cela s’ajoute une situation sanitaire difficile avec des taux de mortalité très élevé au niveau des mères avec un ratio qui bien qu’ayant connu des avancés tourne autour de 510 décès pour 100mille naissances. Un taux de mortalité infantile élevé avec une moyenne de presque 100 enfants qui décèdent avant l’âge d’un an. Ce sont là des indicateurs inquiétants et nous pensons que cette initiative venue en 2011 est une initiative très importante. Nous saluons toutes les activités menées dans le cadre du Po constitué d’un groupe de neuf pays dont huit de la CEDEAO. C’est pour cela qu’une organisation comme la nôtre qui est celle de la CEDEAO en matière de santé ne peut pas rester en marge d’une telle initiative. Je voudrais saluer toutes les actions menées ces dernières années. Et nous pensons que connaissant bien notre terrain, connaissant bien les solutions, il s’agira de mettre à l’échelle les bonnes actions et de passer à une phase d’accélération.
Pouvez-vous nous dévoiler un peu le contenu du protocole d’entente?
En vérité, nous avons formalisé notre collaboration. En réalité on travaillait déjà en parfaite collaboration avec l’Unité de coordination et ce travail est un travail de collaboration pour faire ensemble des plaidoyers au niveau le plus élevé pour que la santé de la reproduction et la planification familiale soient au cœur des problèmes de santé dans nos pays. Puisqu’il s’agit d’un enjeu de développement socio-économique pour nos pays. Avec les indicateurs que je viens de donner, nos pays ne peuvent pas se développer ainsi. Il s’agit avec ce mémorandum de mettre en synergie nos actions, mettre en complémentarité toutes les interventions qui sont menées par l’Unité et par l’OOAS de façon à ce qu’on puisse tirer le maximum d’impact au profit de nos populations. Voilà l’enjeu de cet accord.
Au-delà de cette parfaite collaboration, est-ce que le PO peut espérer avoir des financements de la part de l’OOAS ou est-ce que l’OOAS pourrait aider le Po à avoir d’autres partenaires financiers ?
Bien sûr, c’est aussi tout le sens de ce partenariat. Mais il faut souligner qu’il y a des partenariats stratégiques. Le tout n’est pas le financement. Le partenariat stratégique peut se faire à travers toutes les actions qui sont menées dans plusieurs associations et ONG que nous pouvons fédérer autour du Partenariat de Ouagadougou pour que tous s’alignent autour de l’objectif commun du Po. Deuxième chose c’est de faire des plaidoyers au niveau politique pour que nos Etats puissent accorder plus de financement au secteur de la santé en général mais au secteur de la santé de la reproduction et de la planification familiale en particulier. La troisième chose c’est le partenariat pour le financement des actions et dans ce sens, au niveau de l’OOAS, comme au niveau de l’Unité de coordination du Po, des efforts sont fait pour faire venir le maximum de nouveaux partenaires parce qu’il y a des partenaires clés qui existent déjà comme la France, l’USAID, la Fondation Bill Gates, la Fondation Helwett, l’UNFPA. Mais vus les résultats que nous avons et vu le travail qu’a abattu l’Unité de coordination, nous avons de nouveaux partenaires qui viennent comme la Banque mondiale, l’Oms, l’Union Européenne et d’autres partenaires bilatéraux que nous sommes entrain de contacter. Je me réjouis également qu’un partenaire comme la KFW d’Allemagne, vient de signer avec l’OOAS un nouvel accord de 17 millions d’euros au profit de la région en matière de planification familiale et de santé de la reproduction.
En Encadré
L’Autre Quotidien : Quel sens donné à la signature de ce protocole d’entente?
Fatimata SY : La signature du protocole d’accord c’est une formalisation d’un partenariat qui existait déjà. Nous voulons matérialiser cela par écrit parce que les hommes passent mais les écrits restent. Il fallait absolument que nous ayons cela sur papier dûment signé. Ce que nous voulons c’est que ce partenariat se poursuive jusqu’à l’horizon 2020.
Qu’est-ce que ce protocole d’entente peut apporter de plus au Partenariat de Ouagadougou ?
C’est de nous ancrer davantage dans le plan stratégique de l’OOAS. Puisque sur les neuf pays du Partenariat de Ouagadougou, il y en a huit qui appartiennent à l’OOAS. Donc l’ancrage institutionnel de ce que nous faisons et qui puisse être comptabilisé dans ce que l’OOAS est entrain de faire en terme de santé de reproduction et de planification familiale, c’est important pour nous. L’autre chose, c’est la mise en synergie et qu’on puisse nous aussi nous aligner sur les priorités de la région. Parce que nous n’œuvrons pas au niveau de chaque pays. Nous œuvrons au niveau régional. Quelque chose d’important pour nos deux institutions, c’est de mettre en synergie l’avantage comparatif que nous avons. Nous avons au niveau de l’Unité de coordination du partenariat de Ouagadougou, un groupe clé de bailleurs qui nous soutiennent qui interviennent dans la définition de tout ce qui est stratégie du Partenariat. Mais vous avez de l’autre côté l’OOAS qui est institution établie par les Etats de la CEDEAO. Donc ils ont l’avantage comparatif de pouvoir s’adresser aux autorités de nos pays. Nous, nous avons l’avantage de pousser de plus en plus ces bailleurs, de mobiliser pas seulement des financements mais aussi l’appui technique donc l’un dans l’autre, je crois que si nous mettons en combinaison ces avantages comparatifs, nous allons vers l’accélération qui est le thème de la prochaine période 2016-2020 du Partenariat de Ouagadougou.
Ensuite, l’avantage pour l’UCPO de s’associer à l’OOAS, c’est pour qu’on puisse voir nos Etats engagés des politiques et réformes importantes pour créer un environnement favorable à la mise en œuvre des interventions de la planification familiale. Et je pense que nul n’est aussi bien placé que l’OOAS pour pouvoir faire cela car c’est l’OOAS qui gère l’Assemblée des ministres de la santé de cette région et qui a accès aux informations que l’UCPO n’est pas en mesure d’avoir. Enfin, ce que nous allons faire de différent à partir de maintenant, c’est qu’annuellement, nous allons nous retrouver pour regarder quelles sont les priorités dans l’agenda pour l’évolution de la PF. Quelles sont les activités clés que nous allons organiser tant au niveau régional que des pays membres pour pouvoir résoudre les problèmes ? Il y a des questions d’ordre politiques, d’ordre financier, qu’ensemble nous pouvons aider à résoudre. Les budgets des pays par exemple sont très faibles par rapport à la Pf. Nous le comprenons face aux nombreuses priorités. Mais je pense qu’en combinant nos voix, nous pensons que l’OOAS peut aider à obtenir que les pays investissent davantage dans la PF.