24 juin 2017
Croyant qu’elles auront des difficultés à concevoir après la pratique de la contraception, nombreuses sont les jeunes femmes mariées qui refusent la planification familiale dans la région de Diourbel. Ce faisant, les services sont dans la plupart des cas demandés par des multipares.
A 30 ans, Ma Guèye, rencontrée au dispensaire municipal de Mbacké, a déjà 7 bouts de bois Dieu. Enceinte pour la 8ème fois, elle avoue n’avoir jamais pratiqué la planification familiale et ne pas vivre dans un ménage polygamique. « Ce qu’on voit surtout dans cette zone, c’est comment avoir un enfant, pas comment faire la planification familiale », renseigne le Dr Adama Haidara Mbacké, médecin-chef du district sanitaire de Mbacké.
Des propos confirmés par Oulimata Dieng du groupement des femmes du quartier Boussobé de Mbacké. « Nous discutons beaucoup avec les jeunes filles mariées, mais elles refusent catégoriquement la planification familiale ». Selon Mme Dieng, « ces jeunes femmes croient que si elles commencent la contraception, elles auront des difficultés à tomber enceinte plus tard au moment voulu ». Une opinion corroborée par Sassi Diop Diouf, sage-femme et point focal Pf au Centre de santé de Bambey.
« Les jeunes femmes n’aiment pas faire la planification familiale. Elles craignent de ne pas avoir beaucoup d’enfants. De ce fait, nous recevons en majorité de grandes multipares », révèle-t-elle.
Pour résoudre cette barrière qui freine l’utilisation de la contraception dans la région de Diourbel, Oulimata Dieng pense que les « Badianou Gokh » (marraines de quartier) peuvent permettre de relever le défi de faire recruter des filles qui se marient très jeunes dans les programmes de planification familiale. En tout cas, Ma Guèye est bien décidée, après son accouchement, « à prendre des contraceptifs pour me reposer, car j’éprouve de plus en plus de difficultés lors de mes grossesses », confie-t-elle, précisant que l’espacement des naissances n’est pas interdit par l’islam. « Je veux vraiment recouvrer ma santé, car je deviens de plus en plus fatiguée », souligne cette femme qui se dit toujours surprise par ses grossesses. « On m’a toujours informée des bienfaits de la planification familiale. Mais, je donnais à chaque fois mon consentement sans pour autant passer à l’acte. Ainsi, quand je constatais l’absence des règles, un sentiment d’inquiétude m’habitait », raconte Ma Guèye, déterminée cette fois à recourir à la planification familiale. « J’ai déjà parlé à mon mari, mais il n’a encore rien dit. Je crois qu’il va accepter », espère cette multipare qui fait toujours sa première Consultation prénatale (Cpn) après 4 mois de grossesse.
Assise à côté de Ma Guèye au dispensaire municipal de Mbacké, Khady Sadio, 32 ans, évoquait au début les rumeurs pour rejeter la contraception. Mais, elle la pratique depuis 5 ans. « J’ai 3 enfants, et c’est moi qui ai pris l’initiative de faire la planification familiale pour me reposer et mieux m’occuper de mon petit commerce ». Selon elle, son époux n’était pas d’accord au début, c’est par la suite qu’il a accepté. Elle est contre le fait d’avoir beaucoup d’enfants, parce qu’on vit dans un ménage polygame, même si elle reconnaît que c’est une réalité dans sa localité. « Je me préoccupe de ma santé et de celle de mes enfants, mais il y a des femmes qui ignorent cela, refusant ainsi catégoriquement la planification familiale », soutient Khady Sadio.
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