La démographie, avec la géographie, fait l’histoire de l’humanité. Cela n’a jamais été aussi vrai qu’en ce XXIe siècle débutant, marqué par l’effondrement démographique de nombreux pays dits avancés, l’explosion démographique de l’Afrique et la poursuite de phénomènes migratoires apparus à la fin du XXe siècle, et qui font régulièrement la une des médias.
Au-delà de l’émotion et des bons sentiments qui ruissellent autour de ces mouvements de population désordonnés, une réflexion s’est faite sur le cas de l’Afrique, le seul continent dont la population continue de croître à un rythme aussi soutenu. Naguère, la BAD y a vu un phénomène largement positif et a imaginé la constitution d’une classe moyenne avide de consommer, qui ferait de l’Afrique le grand marché de l’avenir.
Inquiètude particulière pour les pays du Sahel
Plus récemment, le ton a pourtant changé. À preuve, une étude publiée en octobre 2018 par le FMI soulignait l’existence d’un écart annuel de 10 millions de personnes entre les emplois demandés et ceux offerts.
À preuve également le récent numéro spécial de The Economist (« The world in 2019 ») qui, sur trois pages réservées à l’Afrique, en a consacré deux à l’explosion démographique, avec une inquiétude particulière concernant la situation dans les pays du Sahel. Cette région était justement à l’honneur à Abidjan les 17 et 18 décembre, dans le cadre du Forum de partenariat public-privé pour le dividende démographique organisé par le projet Swedd (Autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel).
Un « contrôle des naissances »
Ce programme, lancé en 2015 et couvrant le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, la Mauritanie et le Tchad, est une initiative du PNUD, qui a trouvé le moyen d’évoquer l’explosion démographique sous un aspect positif, en se concentrant sur tous les bienfaits d’une transition dans ce domaine. Mais celle-ci n’a pour l’instant pas lieu.
Les présidents des six pays se sont impliqués personnellement dans la composante « contrôle des naissances » du programme, et les États ont entamé un dialogue avec leurs autorités religieuses respectives (essentiellement musulmanes), suscitant une réponse très positive et des initiatives concrètes sur le terrain.
Soutien au programme SWEDD
Le Bénin, qui vient de se joindre au programme, était présent lors de ce forum, représenté par une importante délégation menée par le ministre des Affaires sociales et de la Microfinance, Bintou Chabi Adam Taro. Et c’est au Conseil des investisseurs privés au Bénin (CIPB) qu’est revenu l’honneur de signer, au nom des organisations patronales des sept pays, un engagement à soutenir le programme SWEDD sous ses différents aspects.
Pourquoi le Bénin ? Sans doute parce qu’il s’est révélé être, lors de ces deux journées de travail, le seul à avoir pris à bras-le-corps la problématique démographique. Dès 2005, soit trois ans après sa création, le CIPB avait réalisé une étude intitulée « La bombe démographique qui menace le Bénin ». Un coup d’épée dans l’eau, certes, mais qui a permis de prendre date.
Facteur de développement
D’autres initiatives ont ensuite vu le jour, sous l’égide du Conseil, comme ce dîner-débat organisé le 23 novembre à Cotonou sur le thème « Le secteur privé et le dividende démographique au Bénin ». Les réactions de l’assistance ont d’ailleurs montré que les choses commençaient à bouger dans le pays.
Le CIPB entend poursuivre sur ce terrain et, dès les premiers jours de 2019, va constituer un groupe de travail du secteur privé pour le dividende démographique, à l’image de ceux qui existent déjà pour la fiscalité et la justice. L’organisation se rapprochera ensuite de l’État pour créer un cadre de concertation avec les différents ministères intéressés par les quatre composantes de ce dividende : la santé, l’éducation, la gouvernance et l’emploi. Avec l’objectif de contribuer à la réussite d’une transition démographique nécessaire, facteur de développement de notre pays.