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2e Dialogue Régional des Jeunes : les défis des adolescent(e) et jeunes en matière de SR/PF face aux normes sociales réfractaires

Le Partenariat de Ouagadougou a tenu la deuxième édition de son Dialogue Régional des Jeunes du 13 au 15 septembre 2021 à Abidjan. Sous le thème « Les jeunes agissent pour populariser des normes sociales favorables à la SRAJ “, le PO et ses partenaires ont produit des supports de communication adaptés pour faciliter l’accès des jeunes aux services de santé sexuelle et reproductive. La réunion a été l’occasion de discuter des défis en matière de PF/SR auxquels les jeunes sont confrontés en raison de normes sociales résistantes.

En Afrique de l’Ouest francophone, les Enquêtes Démographiques et de Santé (EDS) montrent que la fécondité des adolescentes a une importante contribution dans la fécondité globale. Selon l’OMS, 16 millions de jeunes filles entre 15 et 19 ans accouchent chaque année dans le monde, dont 95% de ces naissances surviennent des pays à revenu faible et intermédiaire.

Pour pallier à cette situation et contribuer à l’amélioration de la santé de la reproduction des adolescent(e)s et jeunes, le Partenariat de Ouagadougou et ses partenaires ont organisé du 13 au 15 Septembre 2021 la deuxième édition du Dialogue Régional des Jeunes à Abidjan placé sous le thème « Les jeunes s’activent pour la vulgarisation des normes sociales favorables à la SRAJ » afin de produire des éléments de communication adaptés pour faciliter l’accès des jeunes aux services de santé sexuelle et reproductive.

Cette deuxième édition du Dialogue Régional des Jeunes a été l’occasion de discuter des défis des jeunes en matière de SR/PF dû aux normes sociales réfractaires.

Ces normes sociales qui freinent davantage l’accès aux services de santé reproductive aux adolescents et jeunes

Les normes sociales étant des ensembles de règles, de conduite qu’il convient de suivre au sein d’un groupe social, d’une communauté ethnique ou d’une société, diffèrent d’une société à l’autre (exemple : monogamie / polygamie) et évoluent dans le temps (exemple : mariage / union libre).

A ces normes sociales décrites, s’ajoutent des normes réfractaires qui entravent l’accès aux informations et aux services de SR/PF aux adolescents et jeunes et auxquelles nous continuons de faire face.

« Parler de la SR/PF, surtout des jeunes, malgré que nous sommes au 21ème siècle reste encore un sujet tabou, une incitation à la débauche, jugée comme pratiques affectant ou dépravant nos mœurs, la PF reste encore mal vue ». selon un jeune participant au dialogue régional.

Issu de la présentation de Breakthrough Action.
Issu de la présentation de Breakthrough Action. Cliquez ici pour une version accessible de la diapositive 5.

Dans nos traditions africaines, le prestige d’une femme tient au nombre d’enfants qu’elle a, cette même tradition interdit les rapports sexuels avant le mariage, l’utilisation des méthodes de contraception par les jeunes filles et même chez les femmes mariées car, cela est synonyme d’infidélité, témoigne une jeune participante au dialogue régional, qui raconte : 

« Lors d’une causerie éducative sur la santé reproductive des jeunes, j’ai été giflée et chassée par mon oncle de sa maison qui pour lui, j’avais pour but d’inciter sa famille à la débauche”. d’après une jeune malienne

Une autre participante lors des travaux de groupe a aussi partagé son histoire sur son engagement à aider les jeunes à accéder aux informations relatives à leur santé sexuelle et reproductive : 

« Au début de mon engagement, ma famille m’a interdite toutes les activités liées à la SR/PF pensant que j’encourage la sexualité précoce chez mes sœurs, j’ai dû insisté auprès de mes parents pour leur faire comprendre l’importance de parler de ces sujets pour le bien-être des jeunes ”.

Comprenez-vous à présent le poids des normes sociales ?

Parler des normes sociales est assimilé dans nos sociétés, par beaucoup de personnes, de vulgarité. Et, quand ça vient d’un jeune, c’est encore pire. Il faudrait tout de même briser le silence afin d’assurer à chaque fille et chaque garçon un avenir meilleur ainsi qu’une meilleure compréhension de leur corps. C’est ce qui permet de faire des choix judicieux et éclairés sur notre futur sans compromettre notre avenir.

Le Dialogue Régional des Jeunes a été non seulement un espace d’apprentissage mais aussi un cadre de partage d’expériences entre jeunes face aux défis et obstacles auxquels nous faisons face dans les 9 pays du PO.

Une session d’échanges a spécifiquement porté sur le sujet afin d’identifier ensemble les normes sociales dans nos différentes communautés ainsi que les solutions adéquates pour faciliter l’accès aux services SRAJ.

Pendant la session, plusieurs exemples de normes perçues dans différents pays ont été partagées :

  • Dans deux communautés du Mali, une femme ne peut pas espacer les grossesses qu’après avoir atteint une certaine taille de famille.
  • Dans les communautés peulhs au Burkina Faso, les bébés garçons sont plus désirés que les filles parce qu’on s’attend à ce qu’ils travaillent et génèrent des revenus plus tard.
  • Au Niger, avoir un enfant avant le mariage est considéré comme une honte pour la famille.
  • En Guinée, parler de sexualité aux jeunes est synonyme d’incitation à la sexualité précoce.
  • Au Togo, les prestataires découragent les jeunes de retarder ou espacer les grossesse.
  • En Côte d’Ivoire, il y a peu de stigmatisation sociale à avoir un enfant avant le mariage. Cela explique le fait que les normes sociales se manifestent différemment selon les contextes nationaux, communautaires et internationaux.
Quelques exemples de normes sociales issues de la présentation de BA.
Quelques exemples de normes sociales issues de la présentation de BA. Cliquez ici pour une version accessible de la diapositive 11.

Quelles approches pour déconstruire ces normes sociales réfractaires ?

Comme approche, les jeunes ont proposé la multiplication des initiatives comme la campagne Merci Mon Héros qui est une campagne multimédia qui met l’accent sur le pouvoir de l’empathie pour améliorer la santé reproductive des jeunes en Afrique Francophone. L’utilisation des outils digitaux comme moyen d’information et de sensibilisation à travers des Webinaires, des partages d’expériences entre pays, des campagnes digitales d’informations et de sensibilisations, des causeries éducatives sur la déconstruction des normes sociales et surtout l’implication des jeunes dans la réalisation des actions communautaires, entre autres ont aussi été proposés.

Oury Kamissoko & Kadiatou Konate

Publié le 10-03-2022 dans Knowledge Success

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