Ce mercredi 20 juillet 2022 s’est tenu à l’Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP), l’Atelier National de Dissémination des résultats du round 9 de la plateforme de recherche PMA. La cérémonie d’ouverture a été présidée par la Secrétaire Générale du Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, Dr Estelle Dabiré/Dembélé.
Mis en place depuis 2014 par l’Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP) de l’université Joseph Ki-Zerbo en collaboration avec l’université John Hopkins aux Etats-Unis, la plateforme de recherche PMA (Performance Monitoring and Accountability) vise à contribuer à la réussite des programmes de planification familiale au Burkina Faso.
Après cinq ans de mise en œuvre de 2014 à 2018 qui ont vu la réalisation régulière de six vagues d’enquêtes, la plateforme a permis de mettre à la disposition des acteurs du monde de la santé des indicateurs annuels actualisés et d’importantes bases de données sur des thématiques diverses en matière de santé de la reproduction.
Au vu des résultats, l’ISSP a obtenu de la Fondation Bill & Melinda Gates un financement pour la mise en place d’une deuxième phase qui couvre la période 2019-2022, afin de consolider les acquis. Cette nouvelle phase dénommée Performance Monitoring for Action (PMA) est coordonnée au niveau global par l’institut Gates de l’université John Hopkins et l’ONG Jhpiego à travers son bureau pays au Burkina.
Pour la neuvième vague de collecte dont les résultats font l’objet de cet atelier, les données ont été collectées entre décembre 2021 et février 2022 auprès de 5 377 ménages, 6 078 femmes âgées de 15 à 59 ans et 239 sites de prestation de santé.
Le taux de prévalence de la contraception moderne reste quasi-stable
Selon les résultats obtenus après la collecte des données du round 9 du PMA, il ressort que dans l’ensemble, au Burkina Faso, le taux de prévalence contraceptive moderne parmi les femmes en union est de 32%. Ce taux est quasi-stable entre mars 2021 et février 2022. Il ressort également que le taux de prévalence contraceptive moderne connaît une augmentation annuelle moyenne de 1,2% chez toutes les femmes. 14% des utilisatrices de méthodes contraceptives modernes recourent aux méthodes à longue durée d’action, une quasi-stabilité depuis 2018.
Les résultats révèlent également que plus d’une femme sur cinq (22%) déclare que leur naissance récente ou grossesse au moment de l’enquête est non souhaité, dont 21% auraient préféré qu’elle survienne plus tard et 1% ne la désirait pas du tout. Seulement 38% des utilisatrices actuelles des méthodes contraceptives modernes affirment que la décision d’utiliser la contraception a été conjointement prise avec leur partenaire.
Selon l’enquête, il ressort également que seulement 42% de l’ensemble des utilisatrices actuelles de méthodes contraceptives ont reçu un counseling complet de la part des prestataires, 41% n’ont pas été conseillées sur les possibles effets secondaires ou problèmes liés à la méthode choisie. Dans les sites de prestation de santé publique, la pilule, l’implant et le DIU, communément appelé stérilet sont les méthodes contraceptives les plus susceptibles d’être actuellement ou récemment en rupture de stocks.
Les résultats indiquent aussi qu’au cours des douze derniers mois précédant l’enquête, les adolescentes ont reçu deux fois moins souvent des informations sur la planification familiale de la part des prestataires de santé, que les femmes plus âgées (15% contre 32%). Une situation que déplore Dr Georges Guiella, enseignant-chercheur à l’ISSP et principal investigateur de recherche dans le cadre de la plateforme PMA. « Pour les adolescentes, il y a encore des prestataires qui sont réticents à fournir de la planification familiale, alors que nous savons que la population est à majorité composée de jeunes et surtout d’adolescentes. Si nous voulons que l’offre soit équitable pour tout le monde, il va falloir faire des efforts à ce niveau », a laissé entendre Dr Guiella.
Des efforts à faire pour améliorer les indicateurs
Malgré le taux de prévalence contraceptive qui va crescendo, des efforts restent à faire. Il existe en effet, toujours des besoins non satisfaits en planification familiale. Selon l’enquête, les besoins non satisfaits en planification familiale sont de 16%. Un chiffre en constante baisse. En effet entre décembre 2014 et février 2022 les besoins non satisfaits sont passés de 32% à 16%. Ce chiffre pourrait baisser davantage, si les adolescentes avaient plus accès à la contraception.
Dr Georges Guiella estime qu’il faut être encore plus audacieux pour lever un certain nombre de barrières, notamment en ce qui concerne l’offre de contraception aux adolescentes qui en expriment le besoin. « Il faut que les prestataires soient davantage formés et qu’il n’y ait pas de stigmatisation dans l’offre de services de planification familiale envers les adolescentes. C’est extrêmement important si nous voulons évoluer vers une meilleure prévalence contraceptive au Burkina », déclare Dr Guiella.
La Secrétaire Générale du Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, Dr Estelle Dabiré/Dembélé a salué les résultats obtenus par l’enquête de la plateforme PMA. Des résultats qui se veulent une boussole pour guider les actions du Ministère de la Santé en matière de planification familiale. « On a toujours beaucoup d’efforts à faire en matière de santé de la reproduction et le but c’est de pouvoir voir comment on avance et quels efforts supplémentaires on va faire à l’analyse des données pour qu’aux prochaines enquêtes, on ait des résultats meilleurs en termes d’atteinte des indicateurs en santé de la reproduction et de planification familiale », a-t-elle laissé entendre.
Les défis en matière de planification familiale demeurent en effet énormes. Le Burkina Faso a lancé son nouveau plan national de la planification familiale couvrant la période 2021-2025 avec pour objectif d’accroître la prévalence contraceptive moderne chez les femmes en union de 32% en 2022 à 41,3% en 2025. Pour ce faire, le pays doit redoubler d’efforts et grâce aux résultats du 9e round de la plateforme PMA, les autorités sanitaires seront mieux éclairées pour orienter les politiques afin d’atteindre les indicateurs souhaités.
Publié le 20-07-2022 dans Le Faso