Sur 7millards 1.773 mille habitants environ, la terre compte 4 milliards de femmes, soit un peu plus de la moitié. Par leur nombre, par le rôle essentiel quelles jouent dans la vie de chaque être humain, elles occupent une place primordiale dans les sociétés. Pourtant, si aujourd’hui, en principes l’homme reconnait en chaque femme une égale, celle-ci ne jouit pas totalement et réellement de ses droits. Elle est encore dépendante et subordonnée à l’homme au sein de la communauté africaine.
Les femmes ne jouissent pas de l’autonomie de décision sur leur santé sexuelle et reproductive. Elles ont besoin de l’autorisation du mari pour prendre une mesure de contraception.
Marie Basilienne MADDY l’atteste : «La femme doit nécessairement demander l’avis de son époux avant d’utiliser une méthode de contraception.»
Mamoudou BERETE est père de famille : «Si elle est mon épouse, elle doit m’informer de tout, même si elle a des maux de tête. A plus forte raison une décision de Planification Familiale (PF), car avant tout, c’est moi son chef.»
Par contre, certains maris sont cependant favorables à la planification familiale.
Mme Sylla FATOU, résidente au quartier Béhanzin dans la commune de Matoto, est utilisatrice : «Après avoir expliqué à mon mari, celui-ci n’a pas trouve d’objection quant à la pratique de la PF. Je pense que la communication et l’échange dans le ménage doivent être encouragés et intégrés dans les messages de sensibilisation pour la bonne compréhension des populations, à majorité analphabètes.»
Sidafa KABA, un autre chef de famille, il estime : «Vue la situation socioéconomique du pays, ce n’est pas tout le monde qui peut prendre soin d’une famille. Ainsi, le recours à la PF va permettre de supporter les charges des enfants.»
Aminata CAMARA est sage femme au Centre Médical Communal (CMC) de Matoto à Conakry, elle affirme : «Certaines femmes ne fréquentent pas les services de PF parce qu’elles ont peur de leurs maris. Pour d’autres femmes, la jalousie dans les foyers polygames où le nombre de progéniture est très important. Plus la femme à plus d’enfants de sexe masculin, plus elle voit sa part d’héritage revue à la hausse. Il y a aussi certaines femmes volontaires qui ont reçu des informations sur la PF. Elles décident en dépit du refus de leur conjoint de se rendre dans un Centre de Santé (CS) dans le but de bénéficier des services de la PF. La plupart d’entres elles préfèrent les injectables, car ces méthodes sont plus discrètes et on une durée d’action assez étendue, soit 2 à 3 mois.»
Une femme utilisatrice rencontrée sur place témoigne: «Je trouve le prix des produits contraceptifs abordables. Je suis venue voir le docteur qui m’a conseillé la méthode injectables.»
A signaler, que certaines femmes font profil bas, en s’approvisionnant parfois en produits contraceptifs (pilules et injectables) dans les marchés sans counseling approprié de peur d’être vues dans les services de PF. De même pour celles qui se rendent dans les formations sanitaires ne bénéficient pas toujours de counseling adéquat, du fait de l’absence de meilleures conditions d’accueil, de compétence, de motivation des agents, et de confidentialité, sont entre autres causes.
Dans certaines sociétés, les femmes sont amenées à se dissimuler dans le décor pour aller vers les services de PF, espérant que les agents de santé apporteront l’aide nécessaire à la confidentialité sur leur démarche, de peur qu’elles soient exposées à des violences physique et psychologique pour leur décision, jugée unilatérale, provoquant parfois le divorce dans certain couple.
En République de Guinée, où le contexte familial pro-nataliste domine, le taux d’analphabétisme et de polygamie reste élevé. «Environ 90% des femmes en union n’utilisent aucune méthode contraceptive. Parmi ces femmes, 58% n’ont pas l’intention de les utiliser dans le futur», selon les données de l’Enquête Démographique de la Santé (EDS).
Ces femmes ignorent les avantages de la PF, comme l’indique Fatoumata Diallo : «Le mari est souvent opposé à toute idée d’espacement des naissances par la prise de produits contraceptifs modernes». Plus loin, elle affirme : «La PF, c’est pour les femmes intellectuelles qui travaillent dans les bureaux, et qui n’ont pas suffisamment de temps pour s’occuper de leurs enfants (rire).»
Selon Dr Mondio KEÏTA, médecin généraliste à Conakry : «Il existe une offre de services de PF, bien que partielle dans les différentes formations sanitaires. Les problèmes liés à cette offre sont aussi celles du système de santé d’une manière générale, dont la Guinée à sérieusement besoin. L’utilisation de la PF suscite une réelle préoccupation pour ces femmes qui préfèrent renoncer à la PF. Pour certaines d’entres elles, c’est une atteinte à leur féminité. Elles préfèrent ainsi poursuivre une vie normale, qui se caractérise par l’apparition régulière des menstrues en dehors des périodes de grossesse.»
L’un des facteurs les plus défavorables à la PF en Guinée est la religion. Certains leaders religieux s’opposent à la pratique des mesures contraceptives et ne reconnaissent aucun avantage en elles.
Imam TOURE : «Cette pratique n’a aucun avantage. En matière de culture des blancs je ne sais pas, mais selon mon entendement, il faut faire des enfants obligatoirement, car il est toujours bon d’avoir beaucoup d’enfants. Il est dit dans le Coran, il faut espacer les naissances de 1 an ou plus avant de faire un autre enfant. La religion musulmane interdit de prendre des produits pour ne pas tomber enceinte.»
Pour ce fidèle de l’Eglise Protestante Evangélique rencontré, «les méthodes modernes de la PF sont contre indiquées dans la Bible, parce qu’elles portent atteinte à la vie. Par contre, si elles sont nécessaires pour sauver des vies, il n’y a pas de problème. Dieu même a planifié la vie de l’homme. Si ces mesures ne portent pas préjudice, pour moi je pense qu’il y a nécessité de se planifier».
D’après les constats, la société guinéenne à plus besoin d’éducation des femmes, des jeunes filles, surtout des hommes (maris) pour un changement de perception face à l’utilisation ou non de la contraception. Celle-ci va permettre d’améliorer d’avantage, à moyen et long terme, la condition de la femme et de favoriser l’utilisation de méthodes contraceptives modernes.
Vu que les amies restent la principale source d’informations sur la PF, pour les adolescent(e)s et les jeunes, l’école constitue la principale source d’informations. Les autres sources d’information sont les médias comme la radio, la télévision. Le sujet reste à la fois sensible et perplexe.