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Les fonds endogènes pour garantir un financement durable de la planification familiale

Les ressources se font de plus en plus rares dans un environnement où, au Togo, les besoins en santé de la reproduction et planification familiale ne sont pas totalement satisfaits. Pour garantir un financement durable de la PF, la mobilisation des ressources locales s’avère indispensable.

Au Togo, la prévalence contraceptive des méthodes modernes est de 24 % et les besoins non satisfaits sont de 34 %. La contribution des partenaires techniques et financiers pour l’achat des produits contraceptifs s’élève à près de 95 % du montant général. Pour améliorer le financement durable de la planification familiale, affirme Apoété Zekpa, Secrétaire Exécutif du Réseau des Champions en Plaidoyer pour le Financement Adéquat de la Santé au Togo (RCPFAS-Togo), des stratégies novatrices sont recommandées comme la mobilisation des ressources endogènes. Plusieurs pistes sont à explorer : le secteur privé, les collectivités locales et l’Etat/Assemblée Nationale.

C’est ainsi que depuis 2017, le RCPFAS-Togo a initié la mobilisation des collectivités locales pour le financement des initiatives en faveur de la planification familiale. En 2021, le budget alloué par les communes pour financer les activités de planification familiale au Togo s’élève à 42.812.912 FCFA.

De son côté, la société civile togolaise avec l’appui de l’Organisation internationale pour la planification familiale, a, en fin d’année 2016, organisé un grand plaidoyer à l’endroit de l’Etat et de l’Assemblée nationale pour la création et le vote d’une ligne budgétaire visant à financer l’achat des méthodes contraceptives. 

« La société civile a présenté des éléments phares pour démontrer combien de fois la pratique de la PF serait profitable aux autres secteurs du développement au Togo et nous avons demandé qu’une ligne budgétaire soit mise en place et cela a été fait. C’était à la veille de l’exercice budgétaire ; deux semaines après, la ligne a été créée et votée. Depuis 2017, cette ligne existe », a informé Edem Dzotsi, Secrétaire Général du Réseau des Organisations de la Société Civile intervenant dans la Santé de la Reproduction et la Planification Familiale (ROSCI SR/PF Togo).

A noter que parmi les six engagements FP2030 de l’Etat togolais, la deuxième stipule que « sur la base du montant octroyé en 2020 qui est de 150 000 000 FCFA, augmenter de 50 % la subvention de l’Etat en 2022 et de 25 % à partir de 2023 jusqu’en 2026 pour la sécurisation des produits contraceptifs ».

Les organisations de la société civile mobilisées

A part l’Etat et les collectivités locales, la société civile elle-même mobilise des fonds pour le financement de la planification familiale. Chaque année, l’Association togolaise pour le bien-être familiale (ATBEF) mobilise environ 1,6 milliard de FCFA pour financer la DSSR/PF. 

« Sur ce fonds, 61% viennent de l’extérieur.  La plus grande partie des ressources propres est constituée de fonds mobilisés à travers le recouvrement de coûts dans les différentes cliniques, de la contribution des membres de l’Association et de l’Initiative de la Citoyenneté Africaine (ICA). 26% de ce budget est destiné spécifiquement à la PF », a souligné Akolly Eklou, Directeur des Programmes à l’ATBEF.

Par ailleurs, aux pistes citées plus haut, Djeri Tchagbelé, Sociologue, propose de penser à une analyse de l’option d’une affectation fiscale pour la santé, y compris la planification familiale. « En effet, nos services d’impôts doivent être une piste pour le financement de la PF », a-t-il proposé.

Pourquoi investir dans la PF ?

Selon le Secrétaire Exécutif du RCPFAS-Togo, Apoété ZEKPA, « l’utilisation des contraceptifs modernes permet aux femmes de vivre en ayant moins de grossesses non désirées, d’avortements à risque et d’être victimes de la mortalité maternelle en raison de complications lors de l’accouchement ou d’avortement à risque ». La capture du dividende démographique, poursuit-il, « n’est possible que si les éléments du puzzle dont les services de la planification familiale sont accessibles et convoités par les bénéficiaires ». 

Pour Djeri Tchagbele, Sociologue, garantir l’investissement des fonds domestiques ou endogènes dans les programmes de planification familiale contribuerait à aboutir à une fécondité maîtrisée avec tous les avantages : un faible accroissement de la population togolaise favoriserait une croissance économique et la réduction de la pauvreté. De fait, les fonds intérieurs, souligne-t-il, permettront d’aller vers une couverture sanitaire universelle pour tous les citoyens en intégrant la planification familiale dans l’assurance maladie. « La stratégie aboutira à une faible demande en dépenses en éducation puisque la fécondité est maîtrisée, et c’est l’amorce d’un développement lorsque nous regardons certains pays qui ont expérimenté la stratégie (Le Botswana, la Tunisie, la Thaïlande, …) », a argumenté le sociologue.

A noter qu’une étude menée récemment en Afrique du Sud révèle ainsi qu’une hausse annuelle de 0,7 % de l’utilisation de méthodes de contraception moderne permettrait d’éviter la mort de 7 000 nourrissons et 600 décès maternels d’ici 2030.

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