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Interview

Leslie Agbo, une sage-femme engagée au service de la santé des femmes

Leslie Agbo, sage-femme dévouée, incarne bien plus que sa profession. Elle est une activiste et militante passionnée qui œuvre sans relâche pour défendre les droits des femmes et des jeunes en matière de santé sexuelle et reproductive. Forte de son expérience terrain et de son engagement, elle se bat pour assurer aux femmes un accès équitable à des soins de qualité et personnalisés répondant à leurs besoins spécifiques. En tant que Présidente de l’Association Femme et Vie, Leslie Agbo milite pour l’autonomisation des filles, la promotion de la santé sexuelle et reproductive des jeunes, la réduction des injustices basées sur le genre et la prévention des maladies transmissibles sexuellement. Elle utilise des moyens variés pour sensibiliser la population, notamment les réseaux sociaux et des activités culturelles et sportives.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel et de ce qui vous a amené à devenir sage-femme ?

Après l’obtention de mon baccalauréat, j’ai suivi une formation professionnelle à l’Institut National Médico-Sanitaire pour devenir sage-femme. A la suite de ma licence, j’ai poursuivi d’autres formations pour obtenir d’autres diplômes. Je considère cela comme un plan divin dans ma vie. Bien que j’aie souhaité devenir sage-femme plus jeune, j’ai changé d’avis après avoir pris soin d’une tante malade. Cependant, grâce à l’aide de Dieu et de mes parents, j’ai pu suivre cette formation une fois que l’INMeS a rouvert. Je trouve cette profession passionnante et émouvante. C’est un privilège pour moi de compléter ce que Dieu a commencé.

Quelles sont les principales responsabilités d’une sage-femme ? Quels sont les plus grands défis auxquels les sages-femmes sont confrontées dans votre pays et comment les surmontez-vous ?

La sage-femme a l’obligation de prendre soin d’elle-même afin d’être en mesure d’assumer ses responsabilités envers la femme et la communauté. Elle doit fournir des soins pré-grossesse et est responsable de la santé physique et mentale de la femme enceinte, en veillant sur elle pendant les périodes pré et postnatales. Elle doit également offrir des services de qualité en matière de droits et de santé sexuelle et reproductive, et référer à temps lorsque la situation dépasse ses compétences. En plus de cela, la sage-femme est chargée de prendre soin des adolescents, des jeunes et des couples, en leur offrant des services de soins adaptés à leurs besoins spécifiques.

Le plus grand défi pour les sages-femmes est de réduire considérablement le nombre de décès maternels. Pour relever ce défi, une collaboration étroite entre la sage-femme, le couple et les autorités est essentielle. La sage-femme doit être en mesure de travailler en étroite collaboration avec les femmes enceintes et leur famille pour leur fournir des soins de qualité, tout en leur donnant les informations et les conseils nécessaires pour maintenir une grossesse en bonne santé. En même temps, les autorités sanitaires doivent soutenir la formation et le développement des compétences des sages-femmes, ainsi que les politiques et les programmes qui visent à réduire les décès maternels. Cette collaboration est essentielle pour atteindre l’objectif commun de réduire les décès maternels et améliorer la santé maternelle dans les communautés.

Comment les sages-femmes contribuent-elles à la santé maternelle et infantile et comment peuvent-elles contribuer à l’autonomisation des femmes et des jeunes ?

La sage-femme assure la surveillance de la femme enceinte et assure des soins immédiats aux nouveau-nés pour garantir une bonne santé pour la mère et l’enfant. La prise en charge commence par la surveillance de la progression de la grossesse, l’évaluation de l’état de santé de la femme enceinte et du bien-être du fœtus. Elle donne également des conseils sur la grossesse, l’accouchement, l’allaitement et le rôle des parents dans la bonne évolution de la grossesse. La sage-femme aborde également le plan d’accouchement avec la femme enceinte. Pendant l’accouchement, la sage-femme donne des soins adaptés à la femme pour assurer une délivrance en toute sécurité. Elle prodigue également les soins immédiats du nouveau-né, tels que la réanimation néonatale si nécessaire, avant de l’orienter vers le pédiatre pour une prise en charge plus approfondie. Si la femme enceinte présente des complications pendant la grossesse, la sage-femme les détecte et les oriente vers un gynécologue pour une prise en charge spécialisée.

Les sage-femmes jouent un rôle important dans la contribution à l’autonomisation des femmes et des jeunes en sensibilisant et en communiquant sur l’importance de l’autonomisation. Elles aident les femmes à prendre des décisions éclairées et à être plus confiantes dans leur vie personnelle et professionnelle en leur donnant les outils nécessaires pour prendre le contrôle de leur propre vie et réaliser leur plein potentiel. Les sage-femmes peuvent également contribuer à lutter contre les discriminations et les violences en faveur de l’égalité des genres. L’autonomisation accrue des femmes peut améliorer leur santé physique et mentale, réduire leur vulnérabilité aux maladies et aux violences et renforcer leur résilience face aux défis de la vie.

Comment le système sanitaire au Bénin soutient-il le travail des sages-femmes et comment pourrait-il être amélioré ? Comment les politiques peuvent-ils soutenir les sages-femmes et leur travail pour améliorer la santé maternelle et infantile ?

Depuis quelque temps, des efforts considérables ont été déployés pour améliorer la situation des sages-femmes au Bénin. Cela comprend notamment le recrutement de plus de sages-femmes, le mentorat pour renforcer leurs compétences, la construction d’hôpitaux et la fourniture d’équipements dans les centres de santé. Cependant, pour améliorer davantage la situation, il est nécessaire de fournir des équipements de qualité dans les formations sanitaires et de recruter davantage de sages-femmes pour réduire leur charge de travail. Il est également important de promouvoir leur formation, d’améliorer leur salaire et de reconnaître les efforts et les réalisations de celles qui font bien leur travail, afin d’inciter les autres à faire de même. En fin de compte, il est crucial de valoriser et de soutenir les sages-femmes pour leur contribution vitale à la santé et au bien-être des femmes et des nouveau-nés.

En quoi consiste l’association Femme et Vie dont vous êtes présidente et comment est-elle impliquée dans le renforcement des capacités d’intégration des femmes et des jeunes dans la vie économique, politique et culturelle du Bénin ?

L’ONG Femme et Vie, créée en 2021, se concentre sur la réduction des injustices basées sur le genre, l’autonomisation des filles, la santé sexuelle et reproductive des jeunes, le bien-être des femmes et la prévention des maladies transmissibles sexuellement. Composée de jeunes dynamiques, multidisciplinaires, elle intervient également dans les droits de santé sexuelle et reproductive des jeunes et adolescents. Pour atteindre ces objectifs, l’ONG mène des activités communautaires telles que des campagnes de sensibilisation gratuites sur les cancers de la femme, les maladies sexuellement transmissibles/VIH, la promotion de la planification familiale, des séances de coaching, des interventions dans les écoles, les universités et les centres de santé, ainsi que des activités sportives et culturelles se font sur la physiologie du cycle menstruel et de l’ovulation, la gestion de l’hygiène menstruelle, l’autonomisation de la femme, et les violences basées sur le genre.

L’ONG utilise divers moyens pour sensibiliser les populations, notamment les réseaux sociaux (Facebook, You tube, Tik-tok, Instagram, Twitter), des chansons écrites et chantées par la Présidente de l’ONG, des affiches, des bandes dessinées, des sketches, des poésies, des messages écrits et des émissions radio et télé. La qualité des informations et du service est primordiale pour l’ONG, qui prône la prévention plutôt que la guérison. Malgré un financement limité, l’ONG a réussi à se déployer dans tous les départements du Bénin. Sa devise est de fournir des informations de qualité et des services de prévention efficaces pour l’autonomisation des femmes et la réduction des injustices basées sur le genre.

Pouvez-vous nous parler d’un moment particulièrement gratifiant ou significatif de votre carrière en tant que sage-femme ? Quel conseil donneriez-vous aux jeunes femmes qui aspirent à devenir sages-femmes ou qui cherchent à entrer dans le domaine de la santé ?

Je suis comblée d’être sage-femme et cela me procure une grande satisfaction personnelle. En outre, le fait de voir mes neveux, que j’ai aidés à naître, grandir et m’aimer d’une manière particulière, me remplit de joie. J’ai également contribué à la naissance de nombreuses filles, telles que Esther et Leslie, car les parents ont eu confiance en moi et veulent que leurs filles suivent mon exemple, ce qui fait de moi un modèle pour elles. Le fait que mes collègues sages-femmes plus expérimentées me félicitent est également une grande source de satisfaction pour moi.

Les compétences et les soins de qualité offerts par la sage-femme sont indispensables et ne doivent pas être compromis. Cependant, je crois qu’il est également important que chaque patient soit accueilli chaleureusement avec un sourire rassurant. Cela peut faire une grande différence dans la façon dont le patient perçoit le traitement qu’il reçoit et dans sa relation avec le personnel médical.

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