Qu’entend-on par dividende démographique ?
Il faut comprendre par dividende démographique, la croissance économique qui a pour corollaire l’augmentation du revenu par habitant. La baisse de la population inactive, c’est-à-dire les personnes trop jeunes (enfants) et trop vieilles (personnes du 4e âge) sont les catégories de populations vulnérables qui demandent beaucoup de dépenses, sans pour autant être en mesure de contribuer à augmenter la richesse nationale. L’augmentation de la population active, c’est-à-dire des personnes en âge de travailler, contribue à augmenter la richesse nationale. Et par conséquent, elle impulse la croissance économique. Lorsqu’on a dans un pays une augmentation de la population active couplée avec la diminution de la population inactive, ce dernier bénéficie tout naturellement du dividende démographique, à partir des possibilités de croissance qui s’offrent à lui, pour booster son économie. Compris de cette façon, le dividende démographique est l’ensemble des possibilités de croissance économique pour un pays. Le dividende démographique s’entend donc par une croissance économique rapide, résultant des changements intervenus dans la structure en âge de la population d’un pays, dus à une baisse de la fécondité et de la mortalité.
Quel est le rôle de la planification familiale dans la réalisation du dividende démographique ?
Si la planification familiale constitue un outil important, voire indispensable dans la marche vers le développement social et économique de toute nation, son rôle dans la réalisation du dividende démographique reste plus que crucial. Le dividende démographique étant une croissance économique résultant de l’évolution de la pyramide des âges de la population d’un pays, cette croissance ne sera possible que lorsque des efforts seront consentis pour le contrôle des naissances dans les ménages et les progrès en matière d’amélioration du taux de prévalence contraceptive.
Cependant, le plus grand défi pour accélérer la croissance économique du Bénin reste la capture du dividende démographique. Le Bénin est à un moment critique et le dividende démographique doit être perçu comme une opportunité de croissance et de développement durable. Si l’on parvient à effectuer des investissements nécessaires dans cette jeunesse, l’on peut espérer améliorer l’éducation, le capital humain et la productivité économique. Il s’agit de façon générale de renforcer l’intégration des femmes dans le marché du travail, d’investir massivement dans l’éducation complète de la jeunesse et de renforcer les programmes de santé maternelle y compris la planification familiale.
Car, grâce aux investissements dans les domaines ci-dessus cités et dans les initiatives économiques facilitant la création d’emplois, tout pays peut éventuellement connaître une croissance économique rapide.
En quoi le dividende démographique est-il nécessaire pour le développement ?
Alors que de nombreux pays développés voient la part des jeunes dans leur population décroître, les pays les moins avancés ont une population de jeunes importante et en évolution rapide. À l’horizon 2050, la population des pays les moins avancés aura doublé. Ce qui correspond à l’entrée de 14 millions de jeunes supplémentaires sur le marché du travail chaque année. Garantir à cette population des conditions de vie décente représente un défi colossal, d’autant plus qu’environ 80 % de la population active de ces pays est aujourd’hui au chômage, sous-employée ou employée irrégulièrement.
En outre, les ressources financières limitées dont ils disposent restreignent leurs possibilités de maintenir le niveau des dépenses consacrées à la santé, à l’éducation et à la nutrition. Car le fossé est grand entre les espoirs que ces pays placent dans leur jeunesse et les opportunités qu’ils lui offrent. En réalité, un grand nombre de jeunes ne sont pas en mesure de terminer leurs études ou de trouver un emploi productif et rémunérateur. Les pays doivent reconnaître et cultiver le potentiel des jeunes, qui représentent la ressource la plus importante dont un pays puisse disposer.
Le dividende démographique correspond à la croissance économique potentielle liée à l’évolution de la pyramide des âges d’une population, principalement lorsque la proportion de la population active (15 à 64 ans) est supérieure à celle des personnes n’étant pas ou plus en âge de travailler (14 ans et moins, 65 ans et plus). Pour réaliser un dividende démographique, un pays doit opérer une transition démographique, marquée par le passage de taux de fécondité et de mortalité élevés à des taux de fécondité et de mortalité faibles. En général, la mortalité chute lorsque le taux de survie des enfants augmente, principalement en raison de l’amélioration des normes de santé et d’assainissement. Il s’ensuit en général une baisse du taux de fécondité et, les familles ayant moins d’enfants, elles peuvent dégager des ressources supplémentaires pour investir dans leur bien-être à long terme.
Comment tirer alors profit du dividende démographique ?
Pour tirer pleinement profit d’un dividende démographique, les pays dont les taux de fécondité sont en baisse doivent mettre en œuvre des mesures spécifiques pour donner les moyens aux jeunes de réaliser leur potentiel. Ils doivent notamment veiller à ce que des opportunités d’emplois décents existent, investir dans l’éducation et garantir l’accès à une alimentation et à des soins de santé appropriés, y compris un accès libre universel à des soins de santé sexuelle et reproductive. Pour que les pays puissent bénéficier du dividende démographique, ils ont besoin de faire des investissements qui conduisent à avoir une plus petite population en âge scolaire, et une plus grande population en âge actif. Il s’agit là, premièrement de l’espacement des naissances et la planification familiale aide les femmes à choisir quand et combien d’enfants elles souhaitent. Elle est ainsi au cœur de la baisse de la fécondité et de la réalisation du changement nécessaire à la structure de la population. Ensuite, de la survie de l’enfant. La protection de la santé des enfants est essentielle pour avoir des familles de plus petite taille. Enfin, de l’éducation des filles qui joue un rôle essentiel dans la baisse de la fécondité. Quand les filles restent à l’école plus longtemps, elles sont moins susceptibles de se marier et d’avoir des enfants à un jeune âge. En outre, plus les filles vont à l’école, plus leur espérance de revenu est élevée. Ainsi, le revenu moyen par tête s’accroît, ce qui favorise le dividende démographique.
Quels sont les défis qui attendent le Bénin ?
Aujourd’hui, les jeunes sont confrontés aux problèmes de chômage, d’inaccessibilité aux services sociaux de base, d’éducation sexuelle et de la santé de la reproduction. Plus de 41 % de la population béninoise ont moins de 15 ans et les 2/3 des Béninois sont jeunes. Le pays enregistre encore un taux de fécondité assez élevé qui ne lui donne aucune chance d’affronter de façon pérenne les affres de la pauvreté. La situation de précarité va s’aggraver si rien n’est fait. Il faut agir dès maintenant. Ce qui nécessite un engagement à relever le défi du développement durable en s’appropriant tous les outils permettant d’exploiter au mieux toutes les potentialités. Car, la poussée démographique conjuguée avec une timide croissance explique la difficulté du pays à repousser les frontières de la pauvreté. Et c’est dans ce cadre que le Bénin a pris huit engagements à la conférence d’Addis-Abeba en novembre 2013 surtout le n° 7 qui demande à l’Etat d’assurer la disponibilité et l’accessibilité des produits contraceptifs sur toute l’étendue du territoire national?
Désiré Gbodougbe
Publié le 14-08-2018 dans la nation Bénin