Les pays membres du Partenariat de Ouagadougou ne veulent pas rater le rendez vous de 2020 où ils se sont engagés ensemble à enrôler 2,2 millions de nouvelles utilisatrices des méthodes contraceptives modernes. Des efforts sont ainsi faits pour se conformer au nom de code de la 2ème phase : « Phase d’accélération.» A mi parcours de l’échéance, les résultats semblent satisfaisants mais les pays peuvent mieux faire.
De grands progrès sont entrain d’être réalisés par les pays membres du Partenariat de Ouagadougou depuis le lancement de la phase d’accélération. C’est l’assurance faite par le chargé des relations Pays de l’Unité de Coordination du Partenariat de Ouagadougou (UCPO), Rodrigue Ngouana.
« Depuis le lancement de la phase 2 ou phase d’accélération au Bénin en 2015, des pays comme le Sénégal, le Burkina Faso, le Togo, le Mali et le Niger ont révisé leur plan et intégré les recommandations ministérielles, notamment la prise en compte des initiatives à haut impact qui sont porteuses des résultats escomptés.» Confie M. Ngouana aux participants à l’atelier de mise à niveau des journalistes des 9 pays membres du Partenariat de Ouagadougou à Bamako.
Des progrès sont également notés au niveau des indicateurs et la situation sera connue au mois de décembre prochain à Lomé à l’occasion de 6ème réunion annuelle. D’ailleurs, le Sénégal a publié les résultats de son EDS-Continu de 2016 avec la hausse du nombre de femmes additionnelles. Le chargé des relations Pays de l’UCPO est convaincu que les choses bougent surtout avec les engagements régionaux qui ont été présentés au 2ème sommet Londres, le 11 juillet dernier.
« On sent que le momentum est maintenu, les gens ne baissent pas les bras, certains commencent à comprendre les avantages de la planification familiale pour le développement et on espère qu’à la réunion annuelle on aura un thème qui sera encore mobilisateur pour maintenir davantage ce momentum. » Dixit le technicien de l’UCPO qui note par ailleurs que pour une effectivité de la planification familiale dans nos pays, il faut en parler régulièrement afin que les populations comprennent de plus en plus son importance et s’inscrivent dans la logique de la défendre si on veut sauver des vies de femmes.
Les indicateurs montrent que le Burkina Faso semble être le meilleur élève de la classe avec 23% de taux de prévalence contraceptive moderne (TPCm) et 24,5% de besoins non satisfaits (BNS). Toutefois, il est talonné par d’autres pays « Le Burkina est certes devant mais le Sénégal suit de très près de même que le Togo et la Cote d’Ivoire. Cela veut dire que les populations deviennent de plus en plus conscientes de l’utilité d’espacer les naissances et que ça bouge dans tous les pays. Si on maintient cette cadence, il y a de fortes chances d’atteindre l’objectif de 2,2 millions de femmes additionnelles dans les 9 pays membres à l’horizon 2020. » Nous confie M. Ngouana.
La réalisation des objectifs réside essentiellement dans le respect des engagements pris par les gouvernements et les partenaires. Depuis le lancement du PO en 2011, des changements de régimes sont notés dans certains pays. Ce qui peut, en principe, ralentir un peu les élans parce que ceux qui avaient pris des engagements ont quitté. Rodrigue Ngouana estime que ce n’est pas le cas partout.
«Parfois le changement de régime booste plutôt les choses. C’est le cas du nouveau ministre de la Santé du Burkina Faso. Il est très engagé et il a même mis en place une ambassadrice de la panification familiale. C’est un pays qui est en train de faire de gros efforts. Le changement de régime peut être positif ou négatif. »
L’essentiel dira t-il « Dans cette phase d’accélération chaque acteur doit jouer sa partition.» C’est là où les actions des Organisations de la Société Civile, des jeunes ambassadeurs et des journalistes sont attendues. Ces derniers sont invités à rappeler aux partenaires financiers, aux décideurs leurs engagements.« L’accélération passe par l’interpellation des gouvernements sur leurs engagements et les objectifs qu’ils se sont fixés. Ils doivent rendre compte régulièrement. Il n’y a que les journalistes pour les interpeller et ils se sentiront redevables de ces engagements et feront bouger les choses. Demandez-leur où est-ce qu’ils en sont avec les engagements? Comment vont-ils faire pour permettre aux femmes de ne plus mourir en donnant la vie ? » Soutient Rodrigue Ngouana. Le PO prend la question sous l’angle de la santé.
«On veut sauver des vies. Pour nous, la santé de la femme est capitale. La femme qui meurt en donnant la vie peut être de ma famille, peut être de votre famille et c’est notre société qui perd. »
Outre leur rôle d’interpeler les décideurs, les journalistes, à travers leurs outils de travail doivent poser un débat public pour que les populations puissent s’exprimer librement. Même si certains sont contre, il faut en parler ouvertement afin que les populations comprennent pourquoi les femmes continuent à mourir en donnant la vie alors qu’il y a des services et des soins pour faire face.
Mame Mbagnick Diouf Envoyé Spécial à Bamako
Paru le 17-10-2017 SenInfo