Les ressources financières destinées à la promotion de la planification familiale ont connu une réduction ces dernières années. Mais, la Fondation Bill et Melinda Gates va poursuivre ses investissements dans ce domaine. C’est ainsi qu’elle promet 120 millions de dollars supplémentaires pour que les femmes et les filles aient plus accès à l’information et aux services de contraception, que les jeunes soient davantage sensibilisés, afin d’accélérer les progrès.
Des progrès significatifs sont notés dans l’amélioration des taux de prévalence contraceptive depuis le lancement en 2009 de la Conférence Internationale sur la Planification Familiale (CIPF). C’est notamment le cas dans les pays francophones d’Afrique de l’Ouest caractérisés par des décès maternels et infantiles très élevés et de faibles prévalences contraceptives. Cependant, malgré ces avancées, les défis demeurent pour que les femmes qui le désirent puissent accéder sans contrainte aux services, méthodes et produits contraceptifs.
« Nous sommes encore en retard, car beaucoup de femmes et de filles n’ont pas accès à la planification familiale. Il est temps d’agir, d’analyser les données pour savoir ce qui marche et ce qui ne l’est pas », déclare Christopher ELIAS de la Fondation Bill et Melinda Gates.
Le Directeur exécutif du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), Dr Babatunde Osotimehin, d’emboucher la même trompette. « Beaucoup de progrès sont faits, mais ils restent insuffisants. Il faut plus d’engagement, plus d’efforts ».
Ces propos ont été tenus hier lors de l’ouverture de la quatrième CIPF qui se tient à Bali, en Indonésie (25-28 Janvier 2016). C’est ainsi que, dans le souci permanent d’accélérer les progrès, la Fondation Gates s’engage à octroyer, dans les trois prochaines années, 120 millions de dollars supplémentaires pour que les efforts qui sont en train d’être faits dans le domaine de la planification familiale soient maintenus. Cet investissement se justifie, selon Melinda Gates, co-présidente de ladite Fondation, qui s’est exprimée à travers un message vidéo, par le fait que « ce sont les décisions que nous prenons aujourd’hui qui déterminent nos actions futures ».
Elle précise également que plus d’argent sera investi dans le plaidoyer, les ressources humaines pour que les femmes et les filles aient plus accès à l’information et aux services de contraception, que les jeunes soient davantage touchés, afin d’accélérer les progrès. Donc, malgré l’immensité des défis, il est urgent de les relever, souligne la coprésidente de la Fondation Gates qui invite à poursuivre les actions, surtout que, déclare-t-elle : « Il n’y a pas de temps à perdre, nous allons continuer ».
Le Directeur exécutif de l’UNFPA n’a pas manqué de magnifier cet important appui de la Fondation Gates pour le bien-être des femmes. Cela, dans un contexte marqué, selon lui, par la réduction, de l’ordre de 20 millions de dollars, des ressources financières destinées à la planification familiale.
Les pays appelés aussi à soutenir les programmes
« Nous devons nous mobiliser pour régler ce problème. Je remercie la Fondation Gates pour son soutien. Il faut aussi celui des pays qui doivent protéger leurs populations », argumente le Dr Babatunde Osotimehin. Il insiste également sur les milliers de jeunes qui veulent utiliser la contraception, mais qui peinent à accéder aux services et produits. « Nous devons les atteindre pour qu’ils aient les informations et les produits avec des stratégies innovantes », propose-t-il, étant convaincu « qu’on ne peut pas prévenir un tremblement de terre, mais bien une grossesse ».
Joko WIDODO, Président de la Republique d’INDONESIE «Nous travaillons pour revitaliser les programmes de la Planification Familiale»
Alors que les programmes de planification familiale peinent à décoller dans beaucoup de pays musulmans, surtout en Afrique, l’Indonésie, le plus grand pays musulman au monde, affiche un taux de prévalence contraceptive satisfaisant. Et le président de cet archipel s’engage à faire plus en revitalisant les programmes et à promouvoir les méthodes de planification familiale de longue durée.
La quatrième Conférence internationale sur la planification familiale (CIPF) se déroule en Indonésie, le plus grand pays musulman au monde. Pourtant, avec une prévalence contraceptive qui se situe aux alentours de 60%, cet archipel a su démontrer son leadership en innovant dans les programmes de planification familiale.
Ainsi, son taux de prévalence contraceptive a été multiplié par deux, passant à près de 60% entre 1976 et 2002. Les initiatives nationales de planification familiale ont ainsi été saluées hier à l’ouverture de la quatrième CIPF à laquelle prennent part plus de 4.000 participants en provenance de 174 pays. Mais, depuis 2002, les efforts sont ralentis. C’est pourquoi, déclare son Excellence Joko WIDODO, président de la République d’Indonésie : « Nous travaillons pour revitaliser les programmes de planification familiale ».
Concrètement, il engage son « gouvernement à impliquer davantage les populations locales dans les programmes de contraception » et à faire en sorte que « la planification familiale devienne une priorité dans chaque ville du pays ». Pour le président de l’Indonésie qui promet d’accroître les méthodes de longue durée de contraception, pour arriver aux engagements globaux, il faut des « actions locales ». Il invite également à poursuivre l’investissement dans la planification familiale. Surtout que, estime-t-il, « la planification familiale est un investissement stratégique pour les générations futures ».
L’Indonésie a ainsi quadruplé son budget pour la planification familiale qui est passé de 65,9 millions de dollars en 2006 à 263,7 millions en 2014. Cela va permettre une meilleure formation des travailleurs de la santé et une meilleure provision de services de planification familiale gratuits à travers le nouveau système de couverture sanitaire universelle du pays. Le président d’Indonésie invite aussi à cesser toute violence contre les femmes et les filles et lance un appel pour des « actions concrètes » nécessaires pour une famille saine et prospère.
Pour Puan MAHARANI, Ministre pour la coordination du Développement humain et de la Culture de la République d’Indonésie, cet évènement permet de renforcer l’engagement des différents acteurs autour du thème : « Engagements globaux, actions locales ». Selon elle, il est nécessaire de développer un engagement global pour avoir un développement durable à travers des actions locales basées sur une approche qui soutient les droits de tous.
Des Fonds au profit des populations défavorisées
Réitérant la disponibilité de la Fondation Gates à soutenir les efforts des communautés, Christopher ELIAS plaide pour un meilleur accès des femmes et des filles aux services et par conséquent une meilleure qualité de vie.
« Nous allons donner des fonds aux programmes qui soutiennent les populations défavorisées comme nous l’avons fait au Nigeria, en Inde, au Sénégal afin d’améliorer les services », soutient M. Elias.
Il a évoqué les résultats exemplaires enregistrés au Sénégal dans l’appui aux populations périurbaines dans le domaine de la planification familiale. D’ailleurs, il annonce que la Fondation Gates va aider à répliquer les programmes innovants qui ont connu des succès dans les pays cités ci-dessus. Surtout que, selon lui, certains Etats sont disposés à s’inspirer des programmes réussis.
Maïmouna GUEYE