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Planification familiale au Niger : Des avancées, malgré quelques insuffisances

Le séjour au Niger de la caravane des bailleurs du Partenariat de Ouagadougou (PO) prend fin en principe aujourd’hui. Discussions avec les acteurs de la PF et visites de terrain ont ponctué la mission des bailleurs du PO au Niger.

Mercredi dernier, ils ont rencontré toutes les Ongs et associations œuvrant dans le domaine de la planification familiale. A l’entame de la rencontre, le vice président de la Coalition pour les Acteurs du Repositionnement de la Planification Familiale (CAR/PF) a donné le ton de cette réunion qui a duré plus de deux heures d’horloge. Selon M. Mohamed Abdoulaye ces bailleurs sont au Niger pour voir l’état de mise en œuvre des engagements pris dans le cadre du Partenariat de Ouagadougou; voir les avancées et les défis et trouver des solutions et des voies pour que nous puissions avancer vers les engagements du PO. En tant que société civile, nous travaillons sous la houlette de l’Etat et dans ce sens, nous avons notre contribution relativement au plan d’action national budgétisé de PF au Niger a-t-il précisé. Les «bailleurs sont donc venus voir les avancées et les contraintes qu’il y a pour que nous puissions ensemble avancer» a ajouté le Vice-président de la CAR/PF.

Jeudi dans la matinée, l’ambiance était tout autre au collège Mariama de Niamey où des bailleurs du Partenariat de Ouagadougou ont effectué une visite de terrain. En présence de la directrice par intérim de l’UCPO, Marie Ba, d’autres caravaniers, des représentants des bailleurs locaux et ceux des ministères impliqués dans la PF, Mariama Abdou Gado, la présidente des jeunes ambassadeurs PF du Niger et ses pairs ont étalé tout leur talent d’animateurs et d’acteurs clés de la PF. Aussitôt après le mot de bienvenu du directeur du collège Mariama qui a présenté son école, les jeunes ambassadeurs de la PF ont pris en charge la cérémonie marquée par des questions sur la santé de la reproduction posées aux filles plus nombreuses dans cet établissement. Plusieurs cadeaux constitués de tee-shorts et de casquettes ont été distribués lors de cette cérémonie qui a pris fin avec les pas de danse esquissés par les élèves et beaucoup de participants lorsque les jeunes ambassadeurs ont fait monter avec tact les décibels en guise d’au revoir.

Un des neuf pays du partenariat de Ouagadougou, le Niger a depuis 1985, adopté une politique de Planification Familiale (PF) pour notamment réduire les taux de mortalité maternelle et infantile. Dans ce cadre, beaucoup de progrès ont été réalisés relativement à l’utilisation des méthodes contraceptives et au nombre des utilisatrices de ces produits.

Ainsi, l’enquête (PMA2020) au Niger de 2017, montre une tendance à la hausse de la proportion des utilisatrices des méthodes plus efficaces, dont les injectables, les implants, le DIU. La même source indique que l’utilisation de l’implant a augmenté de 6% chez les utilisatrices, et celle de l’injectable de plus de 5% entre 2016 et 2017, largement due à la hausse de l’utilisation du Sayana Press dont on note le passage à grande échelle dans 2400 cases de santé.

La prévalence contraceptive moderne est ainsi passée de 14,4% en 2016 à 18,1% pour les femmes en union selon l’enquête PMA2020 de 2017. Quant aux utilisatrices des méthodes modernes de contraception, le Niger en compte en 2018, 696 000 et enregistre une croissance de 1,1% depuis le lancement de la phase d’accélération (Track20 2018).

Ces résultats sont le fruit des efforts importants déployés par le Niger et ses partenaires pour repositionner la Planification Familiale. Pour cela, le Niger a élaboré un Plan d’Action National Budgétisé 2013-2020 (PANB) dont le principal objectif est d’offrir les services de la planification familiale à 1.085.519 femmes additionnelles en union afin d’atteindre un taux de prévalence contraceptive de 50% en 2020.

Pour y arriver, l’accent a été mis sur la création de la demande par une bonne communication sur la planification familiale, un plaidoyer fort pour créer un environnement habilitant en faveur de la planification familiale, la sécurisation des produits contraceptifs jusqu’au dernier kilomètre, l’accès à des services de qualité dans les secteurs public, privé et communautaire et la coordination des interventions des acteurs et le suivi des performances.

En plus de l’appui des partenaires, il y a au Niger, la volonté politique; le développement de l’approche multisectorielle pour impliquer plus de ministères dans la PF ; l’inscription effective d’une ligne budgétaire pour l’achat des produits contraceptifs ; la prise en compte des activités concernant les jeunes à hauteur de 15% du budget du plan opérationnel PF 2019-2020 ; l’organisation de campagnes conjointes de communication et d’offre active de la PF ; l’engagement de la société civile, des leaders religieux et des chefs coutumiers ; le développement d’une chaine d’approvisionnement intégrée.

Besoins importants en PF

Malgré tous ces efforts, des insuffisances et quelques goulots d’étranglement demeurent encore aujourd’hui. Le taux de prévalence contraceptive du Niger (18,1% selon FP 2020) est considéré comme faible. A cela plusieurs raisons dont notamment, l’insuffisance de financement des activités à haut impact ; celle de l’alignement des partenaires ; la faible capitalisation des acquis en matière de planification familiale ; la faible contribution ou participation des collectivités territoriales et du secteur privé dans les efforts de financement et d’offre de services PF sont en effet considérés comme les principaux goulots d’étranglement par le document.

Or, les besoins du pays sont importants en matière de planification familiale. On peut notamment citer le passage à grande échelle des pratiques à haut impact (PF/PP, l’intégration de la PF à toutes les activités, communication compréhensive…) ; le passage à grande échelle de l’utilisation de l’implant contraceptif (Implanon) dans les 2400 cases de santé ; le passage à grande échelle du Sayana Press au niveau communautaire, urbain et auto injection. En matière de planification familiale, le Niger a également besoin d’une reconstruction de la cohorte des utilisatrices de la PF ; du passage à grande échelle de la segmentation spécifique des clientes ; de la création des infirmeries scolaires ; de poursuivre le renforcement des compétences des agents et de renforcer l’éducation à la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes. La satisfaction de ces besoins se pose en termes de défis au Niger au regard de certains indicateurs qui restent aujourd’hui encore préoccupants.

Gardons que ce passage de la caravane au Niger, marqué par des échanges avec les différents acteurs de la PF, des visites de terrain et des rencontres avec les autorités du pays, contribuera pour beaucoup à aider le Niger à avancer vers les engagements pris dans le cadre du PO.

Par Fatouma Idé 

Publié le 26-04-2019 dans le sahel

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